Ségolène Royal peut gagner la primaire PS : 3 bonnes raisons d'y croire

Par RichardTrois dans le NObs+

POLITIQUE. La candidate socialiste est apparue en grande forme à l'occasion de l'université de La Rochelle le week-end dernier. Et si elle emportait la primaire ?
Sélectionné et édité par Melissa Bounoua

Temps de lecture : 4 minutes

C’est la grande incertitude du vote démocratique. Les primaires citoyennes qui se dérouleront les 9 et 16 octobre prochains sont ouvertes à toutes et à tous, il suffit d’être inscrit sur les listes électorales. Et nul ne sait combien de personnes vont participer à la désignation de la candidate ou du candidat à l’élection présidentielle, ni vraiment comment ils vont voter. 

Pourtant à La Rochelle, Ségolène Royal, ses proches, comme ses militants, dont je suis, affichaient la certitude de pouvoir le 9 octobre créer la surprise. Pourquoi ? Il s’agit le plus souvent d’une conviction qui s’est consolidée à l’épreuve du temps et de la campagne des derniers mois. Pas d’une foi irrationnelle dans les capacités d’une Ségolène Royal "unshakable", insubmersible, résistante à toutes les attaques dont elle fait l’objet depuis 2006.

Ségolène Royal, vendredi 26 Août au musée maritime de La Rochelle où elle réunissait militants et sympathisants - Crédit : Razak

En discutant avec les uns et les autres, je vois trois raisons qui contribuent à la solide conviction qu’elle est en mesure de remporter la primaire et surtout qu’elle est la mieux placée pour vaincre la droite et l’extrême-droite.

1. Un optimiste affiché

Tout d'abord les contacts issus de la campagne de terrain de cet été expliquent l'optimisme et la confiance à toute épreuve des équipes militantes de Ségolène Royal. Requinqués par la grande opération de porte-à-porte à la rencontre des citoyens dans les quartiers populaires et dans les zones rurales, les militants et militantes, partis présenter les primaires et la candidature de Ségolène Royal, ont reçu partout un accueil excellent, qui les conforte dans leur conviction qu'elle va l'emporter.

Présentez-vous comme venant d’un parti politique et les portes sont difficiles à ouvrir, illustrant dans le dur rejet de la politique. Présentez-vous comme un citoyen de gauche soutenant la candidature de Ségolène Royal et les portes s’ouvrent bien plus facilement.

Lors de ces opérations de porte-à-porte, les militants ont aussi pu constater la très forte notoriété de la candidate comparée à celle des ses compétiteurs de la primaire. Ils ont aussi découvert que rares sont les citoyens à pouvoir citer des propositions politiques et que les propositions concrètes que les gens ont retenu sont celles de Ségolène Royal à propos du pouvoir d’achat et du blocage des prix, de l'encadrement militaire des jeunes délinquants et, plus récemment, la mise au pas des banques qui doivent obéir et non commander, celles en faveur des PME.

Les militants et les animateurs de la campagne qui, comme je l’ai fait à plusieurs reprises, ont accueilli ou accompagné Ségolène Royal lors de ses déplacements et ses visites dans les hôpitaux, les écoles occupées, sur les marchés des quartiers populaires ont pu voir l’enthousiasme, l’accueil chaleureux, la confiance des Français qui lui était réservé pour l’encourager à persévérer.

D’où l’étonnement, l’incrédulité lorsque les mêmes militants lisent la presse, ses sarcasmes, ses candidats providentiels et son cortège de sondages. En dehors de la presse, les sarcasmes et autres attaques contre Ségolène Royal se font de plus en plus rares parmi les militants croisés à La Rochelle.

2. Où sont donc passés ces militants socialistes ultra-critiques ?

Ces militants critiques qui, lors de la plénière, ont vaguement tenté de siffler Ségolène Royal lorsqu’elle proposait l’encadrement militaire des jeunes délinquants. Ceux qui la présentaient comme une femme politique de droite ? Ceux qui critiquaient sa compétence à l’unisson de l’UMP ?

Ils ont pour la plupart mis en sourdine leur petite musique. Normal quand on voit Benoît Hamon reprendre mot pour mot la demande de remboursement du bouclier fiscal par les ultra-riches formulée, il y a une semaine jour pour jour, par Ségolène Royal. Normal aussi quand on voit Martine Aubry courir à Marseille pour tenter de se présenter en future Présidente de la sécurité. Ou lorsque l'on voit François Hollande reprendre in extenso le thème de la révolution fiscale portée par Ségolène Royal avec Thomas Piketty dans sa contribution au congrès de 2008.

C’était aussi le grand changement opéré à La Rochelle. Ségolène Royal inspire, selon moi, bien plus le respect que par le passé. On moque ses militants, ses supporters souvent issus de milieux très populaires ou qui ne sont ni élus ni apparatchiks, ni passés par le moule Sciences Po. Mais on l’attaque moins directement.

Au-delà de La Rochelle et de l’été, le principal moteur de bien des militants pro-Royal reste la conviction qu’elle seule est capable de parler aux résignés, aux déçus de la politique qui se réfugient dans l’abstention et qu’elle seule est capable d’obtenir la confiance populaire qui manque tant au Parti Socialiste depuis 2002.

 Ségolène Royal, vendredi 26 Août au musée maritime de La Rochelle où elle réunissait militants et sympathisants - Crédit : Razak

Electoralement parlant, le Parti socialiste est peu à peu devenu le parti des centres villes, de la bourgeoisie éduquée, savante, soucieuse de l’intérêt général mais si éloignée de la vie quotidienne d’un peuple en grande difficulté. Le Parti socialiste et sa direction en est encore à organiser à La Rochelle une table ronde "Nouvelles valeurs, nouveaux clivages" pour s’interroger : "A qui doit s'adresser la gauche ? Comment reconquérir un électorat populaire, victime du déclassement social et tenté par les partis extrémistes, un salariat précarisé en perte de repères ?", quand Ségolène Royal a elle déjà entrepris de reconquérir cet électorat sans lequel la gauche ne pourra pas gagner pas la présidentielle.

3. Rempart contre l'extrême droite

Le meilleur rempart contre l'extrême-droite, contre une gauche éliminée au premier tour c’est bien Ségolène Royal. Cette édition de l’université d’été du PS aura aussi été l’occasion pour les militants de voir de leurs propres yeux, la sérénité, la solidité, bref la grande forme de Ségolène Royal. Quand Martine Aubry rame pour convaincre de sa motivation, de son envie ou quand François Hollande redevient lui-même et retrouve son humour pour faire oublier son malheureux "président normal", Ségolène Royal martèle ses propositions concrètes en s’adressant directement aux Français et en montrant une détermination pour gagner mais aussi réellement transformer le pays.

Pour gagner, il reste encore du travail pour Ségolène Royal. Emballer la campagne des primaires, l'électriser, lui donner cette dynamique nécessaire en créant le débat, celui qui va sortir cette élection de sa torpeur et qui va permettre aux français de s’y intéresser enfin et d’y participer pleinement.

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