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3 octobre 2011

« Il y a un conditionnement des esprits qui est un poison pour la démocratie »

Ségolène Royal : « Il y a un conditionnement des esprits qui est un poison pour la démocratie »

lundi 03.10.2011, 07:33- PROPOS RECUEILLIS PAR HERVÉ FAVRE sur LA VOIX DU NORD

 «Ce que j'observe c'est que les autres candidats sont enfin venus sur les positions que je défendais.» PHOTO PQR «Ce que j'observe c'est que les autres candidats sont enfin venus sur les positions que je défendais.» PHOTO PQR
 
| INTERVIEW INTÉGRALE |

À quelques jours du vote pour le premier tour de la primaire socialiste, Ségolène Royal répond à nos questions sur son programme et surle sens de sa candidature.

 

Les sondages défavorables ne vous font pas douter ?
« Vous savez combien il y en a eu depuis le début de la campagne des primaires ? 37 ! C'est fou, Comme s'ils n'avaient pas été vaccinés de nous avoir d'abord imposé une candidature providentielle pour passer ensuite à une autre. A la limite, pourquoi faisons-nous des débats ? Prenons les sondages, ne votons pas. Eh bien non, ce n'est pas cela la démocratie. »

 

François Hollande n'est-il pas dans la situation où vous étiez vous mêmes en 2007 ?
« En 2007 ce n'était pas des primaires citoyennes mais des primaires socialistes. Là, tout le monde peut venir voter. Il y a un conditionnement des esprits qui est un poison pour la démocratie. J'espère que les gens vont se révolter pour marquer leur liberté par rapport aux injonctions qu'on leur donne. »

Manuel Valls dit que personne n'a le monopole de la gauche, quelqu'un a-t-il le monopole de la « crédibilité » ?
« Personne n'a ce monopole. De toutes façons, on sera rassemblés après et personne n'a non plus le monopole de la capacité de rassemblement. Le choix se fait sur la personnalité et d'abord la capacité de tenir une campagne présidentielle face à Nicolas Sarkozy et je suis la seule qui l'ait prouvée pour l'instant. Et deuxièmement sur la capacité de passer du discours aux actes. ce que j'ai aussi prouvé dans ma vie politique. »

En 2007 vous faisiez campagne plutôt à droite de la ligne du PS, aujourd'hui vous donnez un grand coup de barre à gauche en vous rapprochant d'Arnaud Montebourg ?
« C'est lui qui s'est rapproché de moi. Le contrôle des banques, je le prônais déjà en 2007. Et lors de la première crise de 2008, comme vice-présidente de l'internationale socialiste, j'ai fait des propositions sur la réforme bancaire qui est aujourd'hui l'une de mes priorités. Quant au fait d'être de droite en 2007, comme vous dites, ce que j'observe c'est que les autres candidats sont enfin venus sur les positions que je défendais. La préoccupation sur la sécurité est enfin intégrée et j'ai réussi à l'inscrire dans le projet. La nation était un mot interdit, comme le drapeau bleu, blanc, rouge dans les meetings. J'ai réhabilité les emblèmes de la République en disant que je ne voulais pas les laisser à la droite et à l'extrême droite. J'ai été violemment critiquée en 2007. Aujourd'hui tout le monde est venu sur mes positions. Ces idées de fond auxquelles je crois depuis longtemps correspondent aujourd'hui à notre socle commun. »

Vous reprochez l'inertie de Nicolas Sarkozy dans la crise. Mais en Europe, on ne peut pas décider tout seul. Que pourriez faire de plus ?
« C'est vrai qu'on n'agit pas seul. Mais il faut des chefs d'État qui anticipent, déclenchent un mouvement. Nicolas Sarkoy a renoncé sur les euro-obligations au lieu d'essayer de faire converger les pays, comme François Mitterrand le faisait. Il y mettait de l'énergie et du temps. Si la France est la première à mettre sur la table la réforme bancaire telle que je la propose, elle donnera un socle de discussion pour les autres chefs d'État. C'est comme cela qu'on avancera. »

Le contrôle de l'État sur les banques n'est pas une garantie contre les dérives. On se souvient tous du Crédit Lyonnais...
« Il faut précisément tirer les leçons de la collusion qu'il y avait entre le pouvoir politique et les pouvoirs financiers. Aujourd'hui, les banques qui ont le privilège de gérer l'épargne des Français doivent avoir l'obligation de consacrer les dépôts aux prêts à l'économie réelle et aux ménages sans tarifs exorbitants, et distinguer les activités spéculatives des activités de dépôts et de prêts. C'est le B.A.-BA. C'est pourquoi je m'interroge sur l'inertie du gouvernement, car le préalable à la gestion de la crise, c'est la réforme bancaire et comme on ne voit rien venir, je me dis que le pouvoir s'accommode d'une certaine façon de la crise. »

Interdire les licenciements boursiers, est-ce que cela ne va pas faire fuir les investisseurs étrangers dont on a besoin ?
« Au contraire. Ce qui fait fuir les investisseurs aujourd'hui, c'est la spéculation. C'est l'absence de règle qui détruit l'emploi. Il ne s'agit pas d'un retour à l'autorisation administrative de licenciement. Elle n'existe plus même pour les licenciements économiques. Il s'agit de mettre au même niveau les licenciements boursiers et les licenciements économiques, c'est à dire que le tribunal puisse par référé vérifier les raisons du licenciement, et les déclarer illégaux comme dans l'affaire LU s'ils n'ont pour seul objectif l'amélioration de résultats déjà positifs. Cela fera gagner du temps à l'entreprise qui sera obligée de négocier au lieu de s'enfoncer dans des conflits sociaux et d'attendre des années que la justice se prononce. Ceux qui s'effarouchent d'une telle mesure, je ne vois pas comment ils pourront juguler la crise ! »

Vous voulez un blocage des prix de l'essence et d'autres produits. Lesquels et pendant combien de temps ?
« La loi permet aujourd'hui un blocage sur 6 mois. Aussi dès mon arrivée, je bloquerai le prix de l'essence et de cinquante produits de première nécessité, denrées alimentaires et produits d'entretien, un peu comme le panier des "essentiels de la rentrée" qui a malheureusement été supprimé. Les gens pourront ainsi s'orienter vers des produits dont les marges resteront correctes. Quand sur un yaourt, quinze centimes vont au producteur de lait et plus de trente au distributeur, il y a quelque chose qui ne va pas ! Le blocage permettra d'engager des négociations sur la transparence de la répartition des marges, de la fourche à la fourchette, comme je dis. »

Quel engagement prenez-vous pour les postes supprimés dans l'Éducation nationale depuis 2007 ?
« Je ne ferai pas les douze mille suppressions prévues par le gouvernement pour la rentrée 2012. La rentrée se fera à moyens constants. Là où il y a des tensions on pourra remettre des postes. Mais on ne peut pas dire qu'on recréera tout de suite les seize mille postes supprimés cette année. Ce n'est pas possible. Il y a les délais de recrutement, les concours, les délais de formation. De toutes façons, il faut prendre le temps de voir où on remet les postes. Quant à promettre tout de suite soixante mille postes, franchement, il faut rester crédible. Contrairement a ce qu'a dit un candidat, cela ne coûtera pas deux milliards et demi mais sept milliards sur les cinq ans. Deux milliard et demi c'est pour la première année. On programmera année après année les services publics dans lesquels il faut remettre des postes. En revanche je supprimerai la règle du non remplacement d'un départ à la retraite sur deux. »

Europe Écologie les Verts ne signera pas un accord de gouvernement sans engagement sur la sortie du nucléaire. Vous signez des deux mains ?
« On ne peut pas être dans la demi-mesure, ménager la chèvre et le chou. Il faut des objectifs clairs pour que les entreprises et les opérateurs économiques sachent où ils vont. Sur le photovoltaïque, le gouvernement a changé par trois fois les règles du jeu. Cela a mis par terre des entreprises. Je dis très clairement qu'on met en place le processus pour sortir du nucléaire et préparer l'après pétrole, avec les règles de financement et la fiscalité écologique qui permettra d'atteindre cet objectif. Et tous les ans on regardera où on en est. Mais si on ne fixe pas d'objectif, il y aura des résistances. Quarante ans pour sortir du nucléaire, cela me semble un objectif crédible. Mais si on peut aller plus vite on ira plus vite. »

Sur l'encadrement militaire des délinquants vous avez fait école, si l'on peut dire. Qu'est-ce qui distingue votre projet de celui que Nicolas Sarkozy vient de lancer ?
« Le gouvernement ne prévoit que l'accueil de deux cents jeunes dans les structures actuelles. Je pense qu'il faut une solution beaucoup plus passive. On peut faire une première étape avec cinq mille mineurs, si on mobilise bien l'ensemble des personnels militaires concernés : des officiers et sous-officiers à la retraite qui parfois retrouvent des emplois dans des entreprises de sécurité alors qu'ils ne demanderaient qu'à revenir dans un travail d'encadrement des jeunes, qu'ils savent faire, en équipes mixtes avec des éducateurs et des employeurs. »

C'est réalisable à court terme?
« Oui, je ferai ces cinq mille encadrement de mineurs la première année. Aujourd'hui il y en a cinquante mille qui sont dans la nature faute de places dans les centres éducatifs. Le coût dans ces centres est de 6OO euros contre une centaine d'euros dans les établissements de la défense. »

Avec Martine Aubry, depuis le congrès de Reims, avez-vous jeté la rancune à la rivière ?
« Heureusement, parce que franchement avec toutes les épreuves que j'ai traversées, si j'étais rancunière je ne sais pas comment j'avancerais. Mes relations avec Martine Aubry sont tout à fait cordiales. Ce qui m'intéresse c'est la situation de la France aujourd'hui, la vision de la France que j'ai, la conception que j'ai forgée de la façon de la servir et je suis entièrement tournée vers cet objectif. Et je veux gagner et la primaire et la présidentielle. »

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