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18 octobre 2011

La très délicate alchimie entre le PS et son candidat

Sur LE MONDE

LEMONDE | 18.10.11 | 10h26   •  Mis à jour le 18.10.11 | 11h18

 

Ségolène Royal, Laurent Fabius et Bertrand Delanoë, à une réunion du Parti socialiste, le 29 mai 2007, trois semaines après la défaite contre Nicolas Sarkozy.

Ségolène Royal, Laurent Fabius et Bertrand Delanoë, à une réunion du Parti socialiste, le 29 mai 2007, trois semaines après la défaite contre Nicolas Sarkozy.AFP/ERIC FEFERBERG

François Hollande a de bonnes raisons de s'entourer d'un luxe de précautions, de dire que le "candidat doit respecter le parti", d'assurer qu'il "travaillera avec le parti".
Avant d'être candidat à l'élection présidentielle, le député de Corrèze a été premier secrétaire du PS et il ne garde pas un bon souvenir des deux campagnes présidentielles qu'il a vécues à ce titre.

De la première, celle de 2002 conduite par Lionel Jospin, il conserve en mémoire le poids des communicants Jacques Séguéla, Stéphane Fouks, Nathalie Mercier, qui avaient tellement formaté la campagne de Lionel Jospin que celui-ci avait laissé échapper ce cri de désespoir: "Que me font-ils faire ?" C'était quelques jours avant le 21 avril. La campagne prenait l'eau de toutes parts, alors qu'une armée mexicaine – 112 personnes, selon les calculs du député PS de Paris Jean-Christophe Cambadélis – avait été mobilisée à "l'Atelier", le quartier général de la campagne, pour assurer la symbiose entre l'équipe du candidat, alors premier ministre, et le parti.

 

UNE PHRASE MALADROITE

Le ratage avait été non seulement complet mais précoce car, dès le départ, le PS s'était senti agressé par cette phrase maladroite de Lionel Jospin : "Mon projet n'est pas socialiste." De cette expérience, François Hollande avait conclu que tout aurait beaucoup mieux fonctionné si le premier secrétaire du PS, c'est-à-dire lui-même, avait été le directeur de campagne du candidat Jospin. Mais lorsque, cinq ans plus tard, l'idée fut émise par son entourage qu'il devienne celui de la candidate Ségolène Royal, il déclina l'offre. Et de nouveau la campagne fut un naufrage, amplifié cette fois par le résultat de la primaire, qui avait à la fois accordé 60 % des voix à la présidente de la région Poitou-Charentes, mais qui avait aussi humilié ses deux rivaux, Laurent Fabius et Dominique Strauss-Kahn. Lesquels ne levèrent pas le petit doigt pour l'aider et se réjouirent même de sa défaite.

 

Le 21 avril 2002, Lionel Jospin annonce son retrait de la vie politique.

Le 21 avril 2002, Lionel Jospin annonce son retrait de la vie politique.AFP/JACK GUEZ

Existe-t-il des campagnes heureuses pour le parti ? La réponse est non, hormis celle, historique, de 1981. Du jour où le candidat est désigné, il s'affranchit du projet et donc du collectif pour s'adresser aux Français. Et cela crée toujours un traumatisme chez les socialistes habitués au collectif.

En 1995, Lionel Jospin avait mené la campagne dans son coin avec une toute petite équipe de fidèles retranchés à Paris rue du Cherche-Midi, alors que, rue de Solférino, le premier secrétaire Henri Emmanuelli "préparait la Saint-Barthélemy des jospiniens en cas de défaite", comme le rappelle, amusé, l'historien et responsable socialiste Alain Bergounioux.

MARTINE AUBRY VEUT ÊTRE TRAITÉE AVEC ÉGARD

En 1988, Lionel Jospin, alors premier secrétaire du PS, avait pris une semaine de vacances en pleine campagne de François Mitterrand pour montrer à quel point il était ulcéré d'être tenu pour quantité négligeable. Pierre Bérégovoy, installé avenue Franco-Russe (7e arrondissement), faisait office de directeur de campagne.

Mais, en réalité, tout se passait à l'Elysée dans le bureau présidentiel, où les communicants Jacques Pilhan et Jacques Séguéla organisaient "la Tontonmania". C'est de là que fut lancée la Lettre à tous les Français, qui n'avait pas grand-chose à voir avec le projet socialiste rédigé à l'époque par Dominique Strauss-Kahn sur une tonalité très rocardienne.

Trois défaites présidentielles consécutives ont convaincu François Hollande qu'il allait devoir agir avec beaucoup de doigté avec Martine Aubry s'il voulait avoir tout le parti derrière lui. La première secrétaire traite volontiers son prédécesseur de "couille molle" et a beaucoup ironisé ces derniers jours sur la "gauche molle".

Depuis trois ans, elle s'est fortement investie dans la remise en marche du PS et l'élaboration du projet au point, affirment ses proches, qu'elle "se sent coresponsable d'une possible victoire". Le message est limpide : Martine Aubry fera tout pour faire gagner son camp, à condition d'être traitée avec égard.

Françoise Fressoz

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