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23 octobre 2011

"Bons baisers de Hollande"

"Bons baisers de Hollande" – 2ème épisode : le déjeuner
Publié le : 21 octobre 2011 - 2:19pm | Par Rédaction Afrique (Photo : Ayobami Ojebode)
Ayobami Ojebode
Ayobami Ojebode

Ayo est conférencier à l’Université d’Ibadan au Nigeria, département Langues et Communication. Actuellement, il étudie au NIAS, l’Institut néerlandais pour études avancées en Sciences humaines et sociales, à Wassenaar, dans l’est des Pays-Bas. Il est chargé de recherche sur les médias et la mémoire des règles dictatoriales. Pour lui, les Pays-Bas et ses habitants sont remplis de paradoxes – simplement compliqués ; économes sans compter ; écœurant délicieusement. C’est pourquoi ils font l’objet d’attention vive et de francs commentaires.

Si vous êtes invité à un déjeuner néerlandais, veuillez consulter tout d'abord votre dictionnaire. C'est mon premier conseil pour vous.

Par Ayobami Ojebode

J'avais 23 ans quand j'ai pris part pour la première fois, à ce que je croyais être un buffet. L’entrée nous a été servie ; et j’ai pensé que c’était tout. Alors j'ai pris bout de pain après bout de pain et tasse de soupe après tasse de soupe. Une fois rassasié et sur le point de me lever, le plat de résistance a été servi : des tas de riz frit, du riz blanc, d'énormes morceaux de viande frites, du poulet, et cerise sur le gâteau, de l'igname pilée à la sauce de pistache. Malheureusement, j’avais le ventre plein. J'ai grignoté ça et là avant d’aller au lit tout triste. Cette nuit, j'ai établi un principe important de la vie: toujours attendre le plat de résistance. D’ailleurs, ce principe s’est toujours appliqué à mon cas ; du moins, jusqu'à mon arrivée en Hollande.

Durant ma première semaine en Hollande, j'ai rencontré un jeune homme qui m'a dit aimer les Nigérians. Son grand-père avait combattu en Birmanie aux côtés de Nigérians et s’est fait de bons amis parmi ces derniers. Son père a hérité de cet attachement et l'a transmis à sa génération. Depuis il n'a jamais cessé d'aimer les Nigérians. "Venez prendre un déjeuner hollandais avec nous", il m'a invité. Il se vantait des compétences culinaires de son épouse. "Annette a certes grandi au Surinam, cependant, elle peut cuisiner n’importe quel plat du monde", affirmait mon ami. J'ai donc accepté l'invitation.

La veille du jour du déjeuner, j’ai donc mangé très peu en préparation au lendemain. Le matin du jour de l’invitation, j'ai sauté le petit déjeuner afin d'avoir assez d’espace pour le grand repas d'Annette. A midi et demi, j'étais chez mon ami. Annette était en effet une femme charmante; chaleureuse comme un Africain. D'abord, on nous a servi du pain ainsi que de la confiture, du beurre d'arachide, du fromage et du café. Je me souviens de mon principe: toujours attendre le plat de résistance. Alors, j'ai grignoté du pain. Mon ami et sa femme m'ont poussé à manger davantage ; mais, j'ai refusé. Ils ont débarrassé la table. Je me suis raclé la gorge, sachant que le meilleur était juste sur le point de commencer. A présent, Annette allait apporter le vrai déjeuner. J’en étais persuadé.

Mais mon ami et sa femme sont revenus de la cuisine les mains vides, ils ont repris place à table et nous avons commencé à parler entre autres de l'Afrique, du Suriname, de la politique néerlandaise. Le temps semblait être arrêté, et je commençais à vraiment avoir faim. Je me demandais quand ces gens apporteront le plat de résistance. Ou alors, l’avaient-ils oublié? Dois-je leur rappeler? Puis mon ami a regardé sa montre et dit: "Em, Ayo, vous savez, la neige pourrait être lourde ce soir. Je pense que vous devriez rentrer ». "Rentrer? Comment ça?", ai-je pensé. Toutefois, j’ai emprunté le chemin de retour, tout en titubant, rebondissant sur la neige et me demandant: "mais quel est le déjeuner dans ce déjeuner? " Je ne pouvais m’empêcher de désirer un déjeuner nigérian.

Et enfin, mon deuxième conseil: avoir votre propre déjeuner avant d'aller à un déjeuner hollandais.

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