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8 novembre 2011

Les économistes de gauche poussent François Hollande à se démarquer de la politique d'austérité

LEMONDE.FR | 08.11.11 | 19h03   •  Mis à jour le 08.11.11 | 19h24

François Hollande du France 2, lundi 7 novembre

François Hollande du France 2, lundi 7 novembreAFP/-

Pour les membres du collectif des Economistes atterrés, parmi lesquels Henri Sterdyniak et Cédric Durand, M. Hollande ne cesse depuis plusieurs jours de mettre en cause les gouvernements ou le duo Merkel-Sarkozy sur la gestion de la crise de la dette grecque, mais sans jamais faire de contre-proposition ni remettre en cause les dogmes de la règle européenne. D'autres comme Daniel Cohen ou Thomas Piketty, bien que proches du PS et moins radicaux, n'en font pas moins entendre eux aussi des critiques.

 

Le député de Corrèze a annoncé qu'il présenterait son scénario de sortie de crise "dans quelques jours". Il doit réunir "ses" économistes mercredi 9 novembre pour le mettre au point. En attendant, il campe sur une posture d'opposant mais donne l'impression que la gauche tâtonne.

Il n'a pas manqué de dénoncer le plan de rigueur annoncé par François Fillon en le jugeant "incohérent, injuste et inconséquent". Il a renchéri, lundi 7 novembre sur France 2 en estimant que ce plan était "un constat d'échec que le premier ministre, au nom du président de la République, a dressé". Mais pas un mot sur un éventuel plan alternatif.

Cette hésitation commence à se voir. "Le PS est embarrassé" remarque Henri Sterdyniak, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). Aux yeux du chercheur, François Hollande "a du mal à se différencier car il a peur qu'on l'accuse d' être irresponsable et de mettre en péril le triple A de la France".

Le candidat PS, qui n'a cessé de mettre en avant son sérieux budgétaire durant la primaire, ne veut pas apparaître laxiste. "François Hollande n'ose pas promouvoir sa politique de relance par l'investissement productif, les nouvelles technologies et plus de solidarité", continue le cofondateur du collectif des Economistes atterrés.

 

"ON A BESOIN DE PLUS D'AUDACE"

Daniel Cohen, professeur d'économie à l'Ecole normale supérieure et conseiller de la banque d'affaires Lazard (ainsi que membre du conseil de surveillance du Monde), a lui aussi du mal à cacher sa gêne. Selon lui, le candidat socialiste a tous les outils pour monter sa différence.

"Le programme du PS est rempli de dispositions qui visent à amortir la crise", souligne celui qui conseilla Martine Aubry durant la primaire. "La gauche est capable de revenir à des paramètres budgétaires plus sains et de se créer des marges de manœuvre", insiste-t-il. La frustration est partagée par Thomas Piketty, professeur à l'Ecole d'économie de Paris (EEP). "La gauche pourrait être plus explicite et aller plus loin dans la formulation d'une alternative ", assure-t-il. "On a besoin de plus d'audace et de propositions alternatives de la part du PS", insiste ce spécialiste de la fiscalité, co-auteur de Pour une révolution fiscale (Le Seuil).

"Le silence de la gauche est assourdissant", constate de son côté Cédric Durand, maître de conférences à l'université Paris 13. Cet autre signataire du Manifeste des Economistes atterrés met l'attentisme du candidat Hollande sur le compte du "consensus" droite-gauche sur la construction européenne. "Ils sont d'accord sur une gestion libérale, souligne-t-il. Or la politique de rigueur appliquée par l'Union européenne est injuste, dangereuse et antidémocratique."

La gauche est pourtant attendue, disent, avec leurs nuances, ces économistes. Il lui faut faire des propositions et montrer ses différences avec la politiques de la droite. D'autant que les résultats des plans de rigueur appliqués dans l'UE vont être dramatiques, estiment ces spécialistes. "C'est désolant de voir l'Europe converger vers une purge budgétaire qui va se traduire par une dette majeure et une croissance très faible", assure M. Cohen. "La gestion de la crise par Angela Merkel et Nicolas Sarkozy est lamentable. François Hollande serait de toutes façons meilleur", affirme M. Piketty.

 

ARRÊTER LA SPIRALE DE LA RIGUEUR

Tous pensent qu'il faut arrêter la spirale de la rigueur. La gauche doit assumer sa relance par la croissance sans complexe, en remettant en cause les "tabous" de la construction européenne comme le pacte de stabilité et l'indépendance de la BCE, disent-ils. "Il faut que le PS et le SPD fassent des propositions communes plus concrètes", avertit Thomas Piketty. Cette autre politique passe par "un saut dans le fédéralisme européen" via l'instauration d'eurobonds et la création d'une Agence de la dette européenne, défend le professeur de l'EEP.

Même insistance du côté de Daniel Cohen pour qui "la gauche doit tenir un discours de croissance au niveau européen". Mais elle doit aussi s'inscrire dans le débat présidentiel français. L'économiste de l'ENS estime que François Hollande doit montrer que l'austérité n'est "pas inéluctable" en proposant des mesures comme l'arrêt du soutien aux heures supplémentaires, la suppression des niches fiscales ou la fixation des prix des loyers. "Il faut relancer l'économie par une vraie politique industrielle, l'investissement sur les nouvelles technologies et impulser une politique de solidarité par l'harmonisation fiscale", propose de son côté Henri Sterdyniak.

"On aimerait savoir ce que pense le PS du poids des marchés et de leur chantage sur les déficits publics", se demande Cédric Durand pour qui il faut "poser poser la question de l'annulation de la dette vu son coût social". "La question des nationalisations demeure une question centrale sur laquelle François reste silencieux", note ce proche du NPA.

Même si les pistes divergent, l'attente est forte. Un mot d'ordre semble réunir tous ces chercheurs : ne pas faire comme les socialistes espagnols ou grecs. "La gauche française n'a pas comme seul destin de suivre celui de Papandréou", résume ainsi Daniel Cohen.

 

Sylvia Zappi

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Commentaires
S
il faut rester prudant le,la gauche n'est pas au pouvoir ,le temp au temp ,viendra l'heure des propositions de hollande et de tout la gauche ,e pas mettre la charrue devant les boeufs
Répondre
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