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18 novembre 2011

Accord EELV/PS: ou comment tirer une balle dans le pied d'Eva Joly et François Hollande

 


LE PLUS. Conséquence des troubles causés par l'accord PS/EELV : Eva Joly et François Hollande en sortent affaiblis, avant même le début de la campagne présidentielle. Et c'est Nicolas Sarkozy qui en profite...

 


Bruno Roger-Petit

> Par Bruno Roger-Petit Chroniqueur politique

Edité par Melissa Bounoua   Auteur parrainé par Benoît Raphaël

Se soumettre ou se démettre, telle est désormais l'alternative qui s'offre à Eva Joly. La candidate des Verts, plus encore peut être que François Hollande, est aussi victime de l'accord de majorité législative conclu dans la confusion entre Verts et Socialistes. Et pour les mêmes raisons. Le MOX, entre intox et désintox, aura été la source de bien des maux.

 

Eva Joly et Cécile Duflot pendant le congrès des Verts européens le 12 novembre 2011 (J. SAGET/AFP)

 Eva Joly et Cécile Duflot pendant le congrès des Verts européens le 12 novembre 2011 (J. SAGET/AFP)

 

Au risque de passer pour un paléo-gaullo-mitterrandien nostalgique de la Ve République en mode Nation capétienne, osons ici écrire que les Verts (donc Cécile Duflot) et les Socialistes (donc Martine Aubry), au mépris de tous les principes qui fondent l'élection présidentielle façon Ve République, ont mis la charrue des législatives avant les bœufs de la présidentielle.

 

Ce faisant, ils ont fragilisé leurs candidats respectifs, donnant même l'impression au passage de ne penser qu'à leur petit point de chute personnel (genre Duflot, qui n'est pas à l'abri d'une candidature dissidente en juin prochain, tant la municipalité de Delanoë ne veut pas d'elle à Paris) ou à pourrir un peu la vie d'un candidat qui n'est pas leur champion de coeur (genre Aubry, inventrice du concept de "gauche molle" fort prisé en cette période décisive de pré-campagne). Mauvais genre tout ça.

 

Pourquoi un accord si tôt ?

Il est en effet absurde d'infliger un accord de majorité législative à deux candidats à l'élection reine qui sont d'abord et avant tout en phase de construction d'une majorité présidentielle qui sera elle même le socle de la majorité législative du jour d'après. Absurde et contradictoire. Et plus encore depuis l'instauration du couplage quinquennal présidentielle-législatives survenu en 2002, l'élection présidentielle de mai conditionnant le résultat des législatives du mois suivant.

Conclure un tel accord avant l'élection résidentielle est absurde car il repose sur l'estimation d'un rapport de forces antérieur à celui qui émergera au soir du 22 avril 2012. Que vaudra un engagement qui accorde 60/70 candidatures uniques aux Verts, parce qu'ils ont obtenu 16% des voix au européennes 2009 et 11% aux régionales 2010, quand leur candidate à la présidentielle pèsera (à vue de nez, on en convient) 2 à 3% des voix ?

Bien des socialistes en position de pouvoir emporter une circonscription travaillée depuis des années et à qui le PS demande aujourd'hui de faire place nette pour un Vert inconnu au bataillon auront la tentation d'y aller quand même. Et si la Présidentielle est perdue, la tentation sera encore plus grande, voire irrépressible (comme à Paris par exemple, je dis ça, je dis rien)... Ajoutons également, du point du vue du candidat socialiste, que cela prive ce dernier de l'appel au vote utile en sa faveur dès le premier tour. La dynamique est du rassemblement autour du mieux placé pour l'emporter peut ainsi se retrouver brisée, comme en 2002.

 

Une position intenable pour Eva Joly

Conclure un tel accord avant la présidentielle est aussi contradictoire, car cela place le candidat dans une position intenable. On peut comprendre la position d'Eva Joly aujourd'hui. Elle avait proclamé que l'un des points clés de son programme était la sortie totale du nucléaire, sans condition aucune, et la voilà liée par un accord qui renie d'avance l'engagement qu'elle prendra devant les électeurs, minant sa crédibilité de candidate (déjà bien entamée) et actant d'avance qu'elle sera écrasée au premier tour.

Et que dire du spectacle de jeudi, montrant un François Hollande poursuivi par une meute de journalistes, cerné et finalement contraint de se justifier d'un accord qui n'a rien à voir avec sa condition de candidat à l'élection présidentielle ? Un candidat à l'élection présidentielle qui n'est pas le maître de son programme, de son calendrier, de ses alliances, est un candidat affaibli, donc un postulant à la présidence au petit pied.

Pour pousser plus loin la démonstration, imaginons que François Mitterrand, en 1981, au lieu de faire campagne seul en se montrant unitaire pour deux face à un PCF mené par Marchais et qui passait des journées entières à le vilipender en des termes choisis, imaginons que Mitterrand ait décidé de conclure un accord de majorité législative avant la Présidentielle. C'eût été un désastre...

Certes, on concédera que l'Histoire n'était pas la même, et que les antagonismes de l'époque étaient plus virulents, mais le principe demeure : causer majorité législative et accord programmatique avant de connaitre les rapports de forces au sein d'une majorité présidentielle future est une erreur majeure.

Pour Eva Joly le choix est simple : soit elle continue, en s'imposant comme seule à la barre de sa campagne, soit elle arrête maintenant, ou dans les semaines qui viennent.

Quant à François Hollande, il va devoir désormais mener sa campagne de manière indépendante du PS (ce que son organigramme de campagne ne montre pas, en l'état). On emploie ici le verbe "mener", plutôt que "faire", dans le but d'établir une subtile distinction destinée à éviter le découplage candidat/parti de 2007, quand chacun faisant campagne dans son coin. Le candidat socialiste doit "mener" sa campagne de telle façon que le parti soit amené à la "faire". C'est sur ce schéma politique simple qu'ont été bâties les victoires de 81 et 88. Socialistes, encore un effort pour être mitterrandien !

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Commentaires
J
D'avoir un résumé LOL me sentais un peu perdue dans tout ce fatras...<br /> <br /> FH ? victime consentante ? Je pense que ni lui ni Aubry n'avaient vraiment envie d'être candidat et n'ont pas l'étoffe pour cela.<br /> <br /> Mais à ce moment là, ils auraient dû laisser leur place à qui de droit et à la seule personne qui était capable de gérer un pays.<br /> <br /> Et oui, heureusement qu'il reste un résistant comme tu dis...<br /> <br /> Mais ce résistant là, ne sera pas élu. Il n'a pas assez de soutiens en nombre... à moins que...<br /> <br /> Quelque chose va se passer, je le sens, je ne sais pas quoi, mais... attendons.
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J
ce que je pense, j'ai le sentiment que les proches de la sphère "oligarchie" et "appareils" cherchent à se placer. Duflot s'en tape, de la candidature de Joly, Aubry s'en tape de la candidature de FH (quoique... je me demande s'il n'est pas victime consentante) .<br /> Il reste un résistant.... JLM!
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J
Je n'y comprends plus rien, mais alors plus rien du tout.<br /> <br /> SEGOLENE, reviens !<br /> <br /> Au moins là, je comprenais.
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