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12 décembre 2011

Ségolène Royal : « Je n'ai pas choisi la méthode »

Ségolène Royal estime que la direction du PS a dû prendre la décision de ne pas faire voter les militants pour éviter « un pugilat local »

 Ségolène Royal dans les locaux de « Sud Ouest », hier, avec son suppléant Jean-Pierre Mandroux (à droite), accueillie par Stéphane Vacchiani, directeur départemental du journal.  Photo Pascal Couillaud
Ségolène Royal dans les locaux de « Sud Ouest », hier, avec son suppléant Jean-Pierre Mandroux (à droite), accueillie par Stéphane Vacchiani, directeur départemental du journal. Photo Pascal Couillaud

Invitée par la rédaction de « Sud Ouest » à La Rochelle, Ségolène Royal a répondu, hier, aux questions concernant son souhait de devenir députée de la circonscription de La Rochelle-Ré. Et sur la façon dont sa candidature a été imposée par le bureau national du Parti socialiste, excluant ainsi le vote des militants.

« Sud Ouest ». Pourquoi avez-vous refusé de vous exprimer jusqu'à présent, alors que nous vous avons sollicitée plusieurs fois ?

Ségolène Royal. Je ne voulais pas en rajouter sur la polémique, sur les agressions quotidiennes que j'ai subies.

Pourquoi avez-vous choisi cette circonscription de La Rochelle-Ré ?

Je souhaite revenir à l'Assemblée nationale et il y avait plusieurs hypothèses. Pendant quatre mandats, j'ai été députée des Deux-Sèvres. C'est un territoire auquel je suis très attachée, qui est le berceau de ma vie politique. Je pouvais retourner dans cette circonscription, mais je considère que Delphine Batho (qui lui a succédé dans la 2e circonscription des Deux-Sèvres, NDLR) a très bien fait son travail. Et après consultation des élus, il m'a semblé légitime et conforme aux idées que je me fais de la vie politique, de la laisser poursuivre son mandat, c'est ce qu'elle souhaitait.

Alors, vous avez tout de suite pensé à La Rochelle...

Maxime Bono m'a parlé de sa circonscription en me disant qu'il ne souhaitait pas se représenter. Sinon, je n'aurais pas été candidate, bien sûr. Là, je ne prends la place de personne. Il voulait que ce soit une femme qui lui succède. Et il s'en est ouvert à moi en me disant que, si j'avais le projet de retourner à l'Assemblée nationale, il serait enchanté de pouvoir travailler avec moi. Nous partageons les mêmes valeurs, nous travaillons sur les mêmes objectifs et je me sens totalement en osmose avec les priorités de La Rochelle qui a, notamment, été la première ville à inventer l'écologie urbaine.

Vous avez d'abord parlé de la présidence de l'Assemblée nationale. Pourquoi ?

Je déteste l'hypocrisie. J'ai été candidate au second tour de la présidentielle en 2007. Cette année, j'étais candidate aux primaires socialistes. Si je veux redevenir parlementaire, la présidence de l'Assemblée nationale est forcément une idée qui vient à l'esprit. Quand un journaliste m'a posé la question, j'ai répondu oui. Maintenant, chaque chose en son temps. Il faut que je sois élue, ensuite que nous soyons majoritaires à l'Assemblée, que je sois candidate à la présidence de l'Assemblée et que je sois élue.

Le bureau national du PS a décidé de réserver la circonscription de La Rochelle-Ré pour votre candidature. Vous n'êtes donc pas passée par le vote des militants. Pourtant, avant cette décision du bureau national, vous aviez dit, à Tours, le 17 novembre : « Il y a des règles, si les militants doivent voter, ils voteront »…

Je trouve tout à fait normal le principe du vote. La preuve, lors du renouvellement des Conseils régionaux, j'ai été la seule présidente sortante à avoir une autre candidate contre moi (1). Il y a eu un vote, correct, serein.

Pourquoi pas ici alors ?

Quand j'ai fait acte de candidature, comme j'en ai le droit, on a contesté cette légitimité. J'ai été la cible d'injures. C'est pour cela que la direction nationale, à qui je n'ai rien demandé, a dit : « Ce n'est pas possible qu'on fasse ça à l'ancienne candidate à la présidentielle, candidate aux primaires, qui a pris une Région à la droite, qui est élue sans discontinuer, qui a fait un travail formidable à la tête d'une Région. Et en plus, en pleine période présidentielle, on va subir un pugilat local. »

Le fait de réserver cette circonscription, dans un premier temps, à une femme, aurait pu suffire, non ?

Je suppose que la direction du parti a pensé qu'ainsi les choses étaient assez claires. Mais non. Il y a eu un déferlement, par certains, d'attaques, d'injures dégradantes et la direction nationale, à l'unanimité, a décidé en effet qu'il n'y aurait pas de vote local parce que cela allait dégénérer. Elle a mis le holà au pugilat local. En fait, c'est à moi que cela porte préjudice qu'il n'y ait pas eu de vote.

Dans le sondage Ifop que nous avons publié, mardi, 62 % des personnes interrogées désapprouvent la façon dont vous avez été désignée. Qu'en pensez-vous ?

Ce n'est pas moi qui suis désapprouvée, mais la méthode. Et ce n'est pas moi qui l'ai choisie. Mais j'estime qu'elle est légitime dès lors que le vote des militants ne pouvait pas avoir lieu en toute sérénité. Sinon, j'aurais préféré qu'il y ait un vote.

Comprenez-vous qu'une partie des militants socialistes soit en colère ?

Oui, mais qui est responsable de cela ? Ce n'est pas moi. C'est le contexte local violent, vulgaire qui en est responsable. Je conçois que certaines personnes ne comprennent pas. Il y a même des gens qui ont pensé que j'étais désignée députée. Mais non, les électeurs vont pouvoir voter aux élections législatives !

Le slogan de la Région, c'est « démocratie participative ». Ne pensez-vous pas que ce qui se passe va l'entacher ?

Non. La démocratie participative rime avec respect, sérénité. Elle peut exister quand il y a du respect mutuel dans les arguments échangés.

Ces polémiques pour les législatives, ici et ailleurs, ne risquent-elles pas de plomber la campagne pour la présidentielle ?

Non. Moi, je m'occupe de mon travail, concret. Les gens veulent des politiques qui avancent.

Une seconde candidature a été annoncée par des socialistes à La Rochelle. Qu'elle serait votre réaction si, en effet, Olivier Falorni, ou quelqu'un d'autre, était candidat ?

Je n'ai aucun commentaire à faire. Je m'occupe de mon travail. Je m'implique sur l'aménagement, le développement économique du territoire en faveur de la création d'emplois… Quand je suis arrivée à la tête de la Région, j'ai décidé de développer les Trains express régionaux. Au bout de cinq ans, tous sont neufs. Il y a 40 % d'augmentation du trafic. J'ai rouvert des gares en région, alors que l'État en fermait partout. Vous vous rendez compte de l'énergie qu'il faut ? Et tout ça sans augmenter les impôts.

Ce bilan de présidente de Région, est-ce votre base de campagne pour les législatives ?

Chaque chose en son temps. Ma campagne pour les législatives débutera après l'élection présidentielle. Jusque-là, personne ne m'empêchera de continuer d'accomplir mon travail de présidente de Région. J'entends dire, « elle est parachutée ». D'abord, c'est injurieux. Non mais attendez… Quand, au lendemain de la tempête Xynthia, je suis venue installer ici des services de la Région pour répondre, en urgence, aux problèmes des victimes, a-t-on dit que j'étais parachutée ? Non !

Comment comptez-vous rassembler pour cette campagne après le débat actuel ?

Le rassemblement se fait dans l'action. Tous ceux qui veulent venir travailler au service des habitants d'un territoire sont les bienvenus.

Démissionnerez-vous de la Région si vous êtes élue députée ?

On verra la décision qui sera prise nationalement : soit on doit abandonner à la fin de l'année, soit on poursuit jusqu'au terme. Je suis contre le cumul des mandats, mais j'aime bien que les dossiers engagés aboutissent.

Êtes-vous intéressée par la municipalité de la Rochelle ?

Absolument pas.

Si on vous dit : « Ici, c'est La Rochelle » (2), à quoi pensez-vous ?

Oui, je sais, même je ne suis pas très rugby.

(1) Une militante niortaise, Marie-Christine Nicolas, était en effet candidate à l'époque contre Ségolène Royal pour encourager les militants « à prendre à leur compte la rénovation du Parti socialiste ». (2) Il s'agit du slogan des supporters de l'équipe de rugby du Stade rochelais.

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