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23 janvier 2012

Pourquoi Jean-Luc Mélenchon a eu raison de boycotter "Le Petit Journal"

Modifié le 23-01-2012 à 07h01
LE PLUS. Les relations sont orageuses entre le leader du Front de gauche et les journalistes de Canal + : Jean-Luc Mélenchon leur a en effet refusé l'entrée à une table ronde après un de leurs reportages, accusé de "tordre la réalité". Une décision qu'approuve pleinement Simon Ulrich, militant du Front de gauche.
 
 Par Simon Ulrich Etudiant en droit. Militant PG

Edité par Amandine Schmitt  

La campagne est lancée. Personne ne peut nier la dynamique. Elle est forte. Nous sommes de plus en plus nombreux à nous laisser porter et enivrer par l’espoir d’accéder au second tour. Ce rêve, il nous anime, non pas parce que nous désirons que notre champion puisse gagner. Il est seulement notre porte-drapeau. Notre rêve, justement, c’est de voir ce drapeau, ce petit chiffon rouge, ce morceau de tissu, être planté, flotter et entraîner les débats.

 

Jean-Luc Mélenchon lors d'un meeting avec les étudiants de Sciences Po à Nancy, le 14 décembre 2011 AFP /JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN

Jean-Luc Mélenchon lors d'un meeting à Sciences Po à Nancy, le 14 décembre 2011 (JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN/AFP).

 

Ce que porte ce rouge, ce n’est pas la soif de revanche, la jalousie ou l’ambition personnelle. Par cette couleur universelle qui peint à chaque instant nos veines, il porte notre idéal de révolution. Révolution qui est incarnée par des propositions aussi multiples que la relance par l’augmentation des salaires, la retraite à 60 ans, la paix, la lutte contre l’oligarchie bancaire, la laïcité radicale ou bien encore le droit de préemption des salariés en faveur d’une reprise de leur outil de travail en scoop.

 

Alors, naïvement, je me disais que la campagne débutant, nos idées gagnant l’opinion publique, nos mots étant repris par les autres acteurs politiques, mes prochains billets ne concerneraient que le fond des idées. Et qu’ainsi, je pourrais simplement parler, fracasser ma voix en alimentant le "bruit et la fureur", vibration vitale, force germinale de la démocratie. En réalité, je me retrouve à rédiger une note sur cet épiphénomène qu’est "Le Petit Journal"


Première rencontre avec "Le Petit Journal" : du rire et du fond

Pour être tout à fait sincère, lorsque j'ai découvert il y a quelques années "Le Petit Journal", j'ai trouvé que ces cinq minutes de rire et de non-conformisme venaient interrompre la messe médiatique du prêtre Denisot. La voix qui commentait les images de politique et des people était drôle et follement moqueuse. Elle venait enfin briser les plans com', elle traitait l’information autrement. Je ne sais pas si vous vous souvenez de la "carte du monde médiatique". Chaque jour, "Le Petit Journal" présentait un planisphère redessiné selon le temps de traitement de chaque pays. On pouvait voir la France plus grande que l’Afrique et l’Amérique du Sud réunies.

Du fond et du rire, je ne pouvais qu’aimer.

Puis, la voix fut remplacée par le visage de son héraut. La mécanique se rodait. L’ennui n’était pas là, mais il était de plus en plus visible que l’équipe avait du mal à trouver chaque jour de nouvelles âneries. Les politiques devenaient attentifs et étaient sur leurs gardes. "Le Petit Journal" se retrouvait dans la même situation que tous ces comiques pros de la caméra cachée. Le succès et la reconnaissance ont eu le malheur d’assécher leur fond de commerce. Ils leur est alors devenu nécessaire de se renouveler.

 

"Le Petit Journal" : moins d'idées, plus de temps d'antenne

 "Le Petit Journal" a été confronté à un double problème. Alors qu’il devait se réinventer, sans perdre ses téléspectateurs, un temps d’antenne plus grand leur était imposé. L'émission, prise dans la dangereuse contradiction du divertissement et de l’information, n’a pas su réussir cet exploit. C’est bien dommage.

L’objet du "scandale", celui qui m’oblige à prendre le clavier quelques minutes, c’est la dernière émission de ces pseudojournalistes (ce terme n’est pas agressif, mais je ne vois pas d’autre qualificatif pour leur travail).

 

Une querelle qui date

 Avant de détailler cette journée et cette émission, je tiens à revenir sur cette drôle de valse que "Le Petit Journal" danse avec le Front de gauche depuis quelques mois. Depuis plusieurs trimestres, Yann Barthès présente notre candidat, Jean-Luc Mélenchon, comme un homme agressif, quasi sadique, qui aime frapper, agresser, insulter.

Il faut avouer que parfois, nous avons donné le fouet pour nous faire fouetter. Même si, il faut l’avouer, le fouet est affuté par des montages grossiers… Mais soit, ils parlent de nous. J’arrête cette digression pour revenir au centre du débat. Nous sommes un bon client pour "Le Petit Journal".

 

Un premier reportage discutable

 

Il y a quelques mois, alimenté par leur besoin narcotique de rushes, "Le Petit Journal" a dépassé les bornes lors de notre université d’été. Pendant trois jours, sans interruption, ils n’ont cessé de harceler Mélenchon avec la même question. Le but, nous le savions, était de le faire exploser. Qui n’aurait pas "pété un plomb" suite à une telle agression ? En bon naïfs, nous avons demandé à l'équipe pourquoi elle se comportait ainsi. Nous avons eu comme seule réponse dérangeante ceci : "nous ne sommes pas ici pour les meetings, mais pour filmer les moches". Sans commentaire…

Il y a quelques semaines, "Le Petit Journal" venait filmer la manifestation de soutien pour notre camarade Xavier Matthieu. Eva Joly, comme beaucoup de représentants de la gauche, était présente.

"Le Petit Journal" a-t-il parlé de notre camarade ? Des raisons pour lesquelles il se retrouvait poursuivi par la justice ? De la honte pour l’Etat de venir briser des syndicalistes ? Non, ce qui intéressait ces journalistes, c’était que Eva et Jean-Luc ne s’étaient pas embrassés devant leur caméra. Ils y voyaient une haine personnelle entre les deux candidats. Or, malheureusement pour eux, les deux candidats s’étaient salués avant leur arrivée.

Veuillez installer Flash Player pour lire la vidéo

.

Notre camarade, Arnauld Champremier-Trigano, est venu dénoncer ce mensonge, cet affreux montage. Qu’a trouvé Yann Barthès à répondre ? Je le cite : "ce qui se passe en dehors des caméras ne concerne pas 'Le Petit Journal', dont l’objectif est de montrer ce qui se passe quand tous les médias sont là. La com’, la fameuse com'."

 


Mélenchon et Le Petit Journal : je t'aime, moi... par YesTheyCan


Nous voulions juste éviter que "Le Petit Journal" maltraite ces invisibles qui souffrent. Nous avons eu raison. Nous le recommencerions sans hésitation.
Certains me disent qu’ils avaient une carte de presse et que notre porte devrait leur être obligatoirement ouverte. La carte de presse ne crée pas de supracitoyen, elle ne justifie pas une invitation obligatoire. Nous refusons, au FdG, les journalistes d’extrême-droite de "Minute". Personne n’y voit de problème ! Je ne vois donc pas pourquoi nous ne pourrions le faire avec ces "monteurs" (menteurs ?) du "Petit Journal".

En tout cas, nous avons décidé de dénoncer cette émission. Comme nous dénonçons tout ce qui va à l’encontre de nos convictions. Nous résistons face aux banques. Nous résistons face au jeu médiatique. Ça peut déplaire. Ça peut être contre-productif pour certains. J’ai pourtant la conviction que défendre et vivre selon ses convictions, cela reste la meilleure solution pour changer le monde et venir planter notre drapeau dans le cœur du peuple français.



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