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18 mars 2012

Pourquoi ils militent pour Mélenchon

 

Sur LIBERATION

Jean-Paul, Stéphanie, Audrey, Gérard... témoignages de militants qui ont rejoint Mélenchon pour cette campagne.

Par CHARLOTTE ROTMAN, LILIAN ALEMAGNA

Jean-Paul et Annick, 55 ans, retraités d'EDF

 

«On a vraiment envie de changement, là»

Ils attendent tranquillement l'ouverture du Zénith de Clermont-Ferrand pour le meeting de Jean-Luc Mélenchon, mercredi. Jean-Paul et Annick, deux jeunes retraités d'EDF, voteront pour lui au premier tour. «Les idées qu'il défend nous convainquent, et on a vraiment envie de changement, là... D'un bon changement. Un seul mandat pour Sarkozy, ça suffit», dit Jean-Paul. En 2007, lui a voté Marie-George Buffet ; elle Olivier Besancenot. «C'est dommage, on ne l'entend plus trop», regrette presque Annick. Et au second tour ? Ségolène Royal. Sans enthousiasme : «Est-ce qu'il y avait le choix ?» se désole Jean-Paul.

Le style Mélenchon leur plaît. «Il a des réparties assez marrantes, dit le retraité. Par exemple, sur les retraites, il a dit : "On vit plus longtemps justement parce qu'on travaille moins !" Ça renouvelle les arguments !» Ils sont venus au meeting après avoir vu les affiches en centre-ville et en écoutant «France "Bleu d'Auvergne"», plaisante Jean-Paul.

Leur fils de 32 ans, informaticien dans la Drôme, a, lui, franchi le pas militant. Dans son village, il râle contre la politique du gouvernement et des socialistes qu'il trouve bien trop timides. «Il est allé chercher des tracts et il les distribue, raconte Annick. Avec ses amis, ils en ont marre de Sarko.» Et ils ne veulent pas donner tout de suite leur voix à François Hollande.

Charlène, 29 ans, salariée, et Audrey, 22 ans, étudiante

 

«Il a l'air de bien parler, Mélenchon»

«C’est le seul qui a fait de la pub pour que les gens viennent !» Sweats kaki et vêtements baba cool, Audrey et Charlène attendent pour aller écouter Jean-Luc Mélenchon. Elles sortent tout droit de l’agence de tourisme où elles bossent ensemble. La première, 22 ans, est étudiante stagiaire ; la seconde, 29 ans, est salariée.

Pour toutes les deux, Mélenchon est le premier homme politique qu’elles viennent voir en meeting. Pourquoi lui ? «Il a l’air de bien parler», dit Charlène. «On ne serait pas non plus allées forcément voir un autre candidat», poursuit la jeune femme. Peut-être que pour François Hollande, elles auraient quand même fait le déplacement. Les idées du candidat Front de gauche leur plaisent bien. Mais pour le 22 avril, elles n’ont pas encore fait leur choix. «Soit on vote utile, soit on vote par conviction, fait valoir Charlène, qui a choisi Ségolène Royal aux deux tours en 2007. J’aimerais voter blanc, mais ce qui m’embête, c’est que ce n’est pas pris en compte.»

Pour Audrey, qui finit de rouler sa cigarette, ce sera son premier vote à une présidentielle. Elle reste inquiète à l’idée de voir un 21 avril se renouveler. Mais si elle choisit de voter «par conviction», ça irait «plus vers Mélenchon» : «Sur le social, l’écologie, l’économie… Il est plus crédible que d’autres partis.»

Dereck, 22 ans, étudiant, et son père Gérard, 58 ans, cadre

 

«C'est grâce à lui que Hollande va gagner»

Venu avec son père voir Jean-Luc Mélenchon en meeting, Dereck a déjà fait son choix : il votera pour le candidat du Front de gauche. C’est la première fois qu’il peut voter à une élection présidentielle. Pour les régionales, il avait choisi le NPA. Mais là, ce que dit Mélenchon sur «les impôts, ses idées de justice, sur l’école», ça plaît à cet étudiant en mathématiques de 22 ans, qui prépare l’agrégation. «Il parle bien. Il donne vraiment envie de l’écouter», poursuit le garçon.

Son père, Gérard, 58 ans, intervient dans la conversation : «Ce qui est bien, c’est qu’il dit ce qu’on a envie d’entendre. Il va faire gagner la gauche. C’est grâce à lui que Mitt… euh, Hollande va gagner.» Dans la famille, on est plutôt de tradition socialiste.

Mais le vote pour François Hollande attendra le second tour. «Même si des fois Mélenchon est excessif, il faut faire comprendre à Hollande qu’il doit être près du peuple. Et il ne faut pas qu’il ait peur de taxer le pognon !» dit Gérard, conseiller municipal d’une petite commune proche de Clermont-Ferrand et cadre au sein d’un grand groupe agroalimentaire.

A la fac, tapissée d’affiches du candidat, Dereck ne milite pourtant pas au Front de gauche. Mais sur le campus, ça parle de Mélenchon. Et aussi du «vote utile» : «Certains pensent qu’il faut voter Hollande dès le premier tour, pour éviter Marine Le Pen.»

Stéphanie, 26 ans, documentaliste

 

«Il y a quelque chose de très créatif sur l'action militante»

«Depuis quelques mois, j’allais sur le site Place au Peuple! Et puis j’habite en Seine St Denis, pas très loin du QG, un jour j’y suis passée. Dimanche à la Bastille, je m’occuperai de la librairie ambulante, j’aurai des paniers avec le programme du front de gauche. Ce qui m’intéresse c’est que son projet est vraiment de gauche.

Mon déclic, cela a été le résultat de la primaire, en octobre. Pour moi, François Hollande, ce n’est pas concevable. J’ai voté Ségolène. En fait, j’ai milité pour elle pendant quatre ans. J’étais à Désir d’avenir. Je retrouve chez Jean-Luc Mélenchon ce qui me plaisait chez Ségolène Royal: ils incarnent une nouvelle façon de faire de la politique. Pour moi, il y a une continuité, c’est l’exercice de la démocratie participative. C’est une manière d’aller vers la rénovation de la vie politique. C’est ça qui m’a donné envie de participer à sa campagne. Il y a quelque chose de très créatif sur la forme de l’action militante. En ce moment des militants chantent dans le métro pour faire venir les gens à la Bastille dimanche. On se retrouve à l’usine. Le vendredi, il y a des événements culturels. Les militants ne sont pas formatés. On nous fait confiance. On n’attend pas les bras croisés, qu’on nous dise quoi faire. Jean-Luc Mélenchon le dit lui même : «N’attendez pas de consignes».

Sur le fond, j’apprécie ses propositions sur une plus juste répartition des richesses (proposer 14 tranches d’impôts, un écart de salaires limité de 1à 20 maximum...) Je suis en CDI, je suis documentaliste, mais avant j’ai enchaîné 5 CDD, pas dans la même boîte, je vois ce que c’est de ne pouvoir trouver un logement à cause de ça.. Mélenchon répond mieux que les autres sur ces questions. De même il souhaite une 6ème république, une idée centrale pour moi. C’était aussi dans le programme de Ségolène. François Hollande ne le propose pas.»

Philippe, 53 ans, ancien cadre dirigeant dans un grand groupe

 

 

«Je crois en l'émancipation»

«J’ai été licencié récemment. Le lendemain, j’ai poussé la porte de l’usine, le QG de Mélenchon. Je me suis dit “ben je vais aller faire l’ouvrier!” J’ai été élevé dans une famille très à gauche, j’ai été bercé d’idéaux, avec un père communiste et résistant.Depuis 2008, la crise démontre que le libéralisme triomphant, ça ne marche pas, humainement c’est une catastrophe d’avoir laissé le marché et l’argent au centre de tout. Avant de me faire licencier je gagnais 20 000 euros par mois. Je n’ai pas d’intérêt direct à ce que les riches payent plus, mais une société a besoin de lien social, j’en suis convaincu. Je crois en l’émancipation.Mélenchon est celui qui fait le plus confiance à l’intelligence des gens. Dans les meetings, on ne crie pas: «Mélenchon président», mais «Mélenchon présidons». Je ne crois pas en un sauveur. Et je n’aime pas la posture bonapartiste qu’adopte Sarkozy. A la primaire, j’avais voté

Montebourg et Aubry. Hollande ne me semble pas assez radical. Il fait une campagne sans risque en pensant qu’il suffit de ne pas faire d’erreur. Et ne fait pas rêver.

En ce moment, je fais des kits militant, avec des tracts «Nous ne sommes pas des moutons». Ou «Démasquer l’imposture Le Pen.» C’est très symptomatique de l’autonomisation qui est encouragée par Mélenchon. Nous sommes acteurs de la campagne.Je pense qu’il a une juste position de se conforter comme il le fait à Marine Le pen. Cette attitude me conforte dans mon choix.

Au début je n’étais pas trop à l’aise avec Mélenchon, je le trouvais agressif, violent. J’ai basculé à la fin de l’année, quand il a fait une campagne plus posée et aussi plus axée sur la dénonciation de l’imposture FN.

Dans ma vie professionnelle, j’ai vu les effets de la financiarisation, le moment où le profit immédiat est devenu l’objectif numéro 1. On ne s’occupait plus que des actionnaires au détriment des collaborateurs, ou des clients. La gangrène s’est propagée. Je sais qu’on a besoin de solutions radicales. Mélenchon a ce niveau de radicalité.»

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Commentaires
M
Excellents témoignages et bienvenue dans la "Gauchosphère".....<br /> <br /> Amicalement
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