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20 mars 2012

"Le drame de Toulouse ne peut pas être politisé"

 
Crédits photo:  Marche silencieuse à Paris le 19 mars 2012 (Charles Platiau/Reuters)
Le sociologue et directeur de recherches au CNRS, Laurent Mucchielli revient sur le risque de politisation du drame de Toulouse dans lequel un homme a tiré sur un groupe de gens devant une école juive, faisant quatre morts.

Quelles peuvent-être les conséquences politiques d'une telle tragédie lorsqu'elle survient la veille d'une campagne présidentielle ?

Il faut faire attention aux prophéties auto-réalisatrices. Si l'ensemble des responsables politiques et médiatiques affirment que cela aura des conséquences, cela finit par en avoir... Ce fait divers dramatique mérite-t-il d'avoir un impact politique maintenant ? Je pense que non, ce n'est pas le bon moment, une campagne électorale n'est pas un grand moment de réflexion, hélas ! On verra ce que donne l'enquête policière. Et on verra ensuite s'il y a lieu de pointer et de remédier à des défaillances qui ont pu avoir lieu ici ou là.

En 2002, un fait divers, l'affaire Paul Voise avait eu des conséquences sur la campagne présidentielle.

Ça ne sera pas la même histoire. En 2002, la campagne tournait déjà autour du thème de l'insécurité. La stratégie avait été enclenchée un an plus tôt lors des élections municipales et elle était martelée par la droite contre la gauche. L'affaire Paul Voise, survenue à trois jours du premier tour de l'élection présidentielle, n'a été que l'apothéose de ce phénomène. Il s'agit pourtant d'une agression dont on a jamais su qui étaient les auteurs, qui était peut-être un coup monté politique. Le procès a abouti sur un non lieu et le journaliste Anthony Gautier, qui a enquêté sur le sujet, a révélé qu'il existait de grosses zones d'ombre autour de cette agression. Or ici, les faits sont bien réels et je ne peux pas imaginer que ce soit orchestré, mais la campagne électorale n'est pas positionnée sur ce thème et encore moins sur le thème de la violence venue d'extrême droite.

Cette tragédie nationale peut-elle permettre un retour au premier plan du thème de l'insécurité pendant la campagne présidentielle ?

L'insécurité n'est pas un thème majeur de la campagne pour la bonne et simple raison que Nicolas Sarkozy en a la charge depuis dix ans en tant que ministre de l'Intérieur puis en tant que président de la République. Évoquer l'insécurité en France l'amènerait à critiquer son propre bilan. De plus, ce drame est plus difficile à politiser puisque selon les premiers éléments de l'enquête, le meurtrier n'est pas un islamiste ou un banlieusard - les cibles favorites du débat public - mais une personne qui est apparemment issue d'un groupuscule néo-nazi. Or ce thème de violence d'extrême droite est peu présent en France à la différence d'autres pays comme l'Allemagne.

Quelle doit être l'attitude des médias face à ce genre de phénomène ?

Il faut éviter de sur-interpréter l'évènement. Il faut tenir compte de la structure mentale probablement assez délirante du meurtrier et être très prudent dans l'analyse des facteurs conjoncturels qui l'ont amené à passer à l'acte. Ça peut être la campagne présidentielle comme d'autres facteurs personnels. A ce stade de l'enquête, on ne sait pas grand chose.

Recueilli par David Doucet

Laurent Mucchielli est l'auteur de Vous avez dit sécurité, Champ social Editions, collection Questions de société.




Commentaire: et pourtant, le huffington post s'en empare

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