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17 avril 2012

Les vues politiques de Jean-Luc Mélenchon ne sont pas un fantasme d’extrême-gauche

Sur MEDIAPART

par FRAN62

 

Ceci est la traduction (par mes soins) d'un article de Philippe Marlière, paru dans "The Guardian" du dimanche 15 avril 2012 (1)

 

 

Pas étonnant que le candidat du Front de gauche soit en hausse dans les intentions de vote en France. Il offre des solutions pratiques là où le néo-libéralisme a échoué.

Superbement ignoré par les médias jusqu'à récemment, Jean-Luc Mélenchon est maintenant la nouvelle coqueluche de la campagne présidentielle française. En vérité, tout en essayant de rendre compte de son ascension spectaculaire dans les sondages – les derniers sondages le créditent de 17% d’intention de vote – la plupart des commentateurs ne peuvent s'empêcher d’accabler de leur mépris le candidat du Front de gauche.

Un aperçu des principaux articles récemment publiés dans les médias britannique fournit une étude de cas convaincante sur les préjugés politiques et l'incompréhension. Mélenchon y est décrit comme un « bouffeur d’anglo-saxons à la voix geignarde » (The Independent), un « populiste d’extrême-gauche » (tous les journaux) et une « brute narcissique cherchant la provocation » (BBC). Des commentaires plus sympathiques le comparent à George Galloway ou le dépeignent comme un « agitateur d’extrême-gauche », un « non-conformiste » ou encore comme le « pitbull de l’anticapitalisme ».

Il est frappant de constater que l'évaluation plus favorable de la politique de Mélenchon reste en dehors de la cible. Mélenchon est considéré comme un « aimable gauchiste dépassé ». Tout ceci ne permet pas de saisir l'essence de ses ambitions politiques. La hausse de Mélenchon n'a rien à voir avec « la nostalgie de la politique des années 70 », mais est liée plutôt à sa fermeté à vouloir affronter la crise capitaliste actuelle. Il informe le public que les politiques d'austérité mises en œuvre à travers l'Europe sont non seulement injustes mais également contre-productives (même le Financial Times est d'accord). Les talents d’orateur de Mélenchon servent sa cause, mais il est également un pédagogue lettré, un politicien digne qui n'ayant jamais participé à la vulgaire télé-réalité. Qui plus est, Mélenchon est un républicain français et un socialiste, pas un politicien « extrême-gauche » ou marginal. Il a passé 30 ans au sein du Parti Socialiste en faisant valoir, sans succès, que le parti devrait être une force au service des travailleurs et du peuple, et il fut ministre dans le gouvernement de Lionel Jospin.

Le talent oratoire est politiquement inutile si l'on ne dispose pas d'un message important à délivrer. Mélenchon en a un : le néo-libéralisme a échoué, de sorte qu'il serait suicidaire de persister dans cette politique inefficace. L'eurodéputé français a également un programme crédible. Dans ses discours didactiques élaborés ou dans ses interviews accordées aux médias, il s'écarte radicalement des politiciens traditionnels en expliquant que la crise économique est systémique, c'est-à-dire qu’elle découle de choix de et de priorités politiques erronées. Nos sociétés n'ont jamais été aussi productives et riches qu’aujourd'hui, mais la majorité de la population s'appauvrit alors qu’elle travaille de plus en plus dur. Le problème n'est pas une question de production de richesse (comme les néolibéraux et les sociaux-démocrates blairistes voudraient nous le faire croire), mais de répartition des richesses.

En France, des experts et des opposants enragés qualifient le programme du Front de gauche de « cauchemar économique » ou de « fantasme délirant ». N'auraient-ils pas dû plutôt employer cette terminologie pour décrire la débâcle bancaire ou les politiques d'austérité menées à travers l’Europe ? Le nombre croissant de partisans de Mélenchon considèrent son programme comme étant de bon sens et salutaire : taxer à 100% les revenus dépassant 360000 € ; revenir à la retraite à taux plein pour tous à partir de l'âge de 60 ans ; réduire le temps de travail ; augmenter de 20% le salaire minimum ; et revoir le statut de la Banque centrale pour lui permettre de prêter aux gouvernements européens à 1%, comme elle le fait pour les banques privées. Voici quelques mesures réalistes pour soutenir les populations pauvres. Est-ce une révolution ? Non, c’est du réformisme radical ; une tentative pour mettre fin aux formes les plus insupportables de la domination économique et de la dépossession dans nos sociétés. Les grands patrons peuvent bien quitter la France ; ils seront remplacés par des plus jeunes et plus compétents qui travailleront pour une fraction de leur salaire. « L’humain d'abord ! » (2) est plus qu'un titre de manifeste, c’est un impératif démocratique : une Sixième République à la place de la monarchie républicaine actuelle ; la nationalisation des compagnies d'énergie (car les sources d'énergie sont des biens communs de l’humanité) et, moins souvent remarquée, la planification écologique de l'économie, cœur du projet politique de Mélenchon.

Mélenchon a rendu à la démocratie française un autre service. Dans un mémorable débat télévisé (3), il a infligé une défaite cinglante à l'extrême droite pour la première fois depuis 30 ans. S’appuyant point par point sur le contenu du programme politique de Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon a démontré que ce programme entraînait une régression pour les femmes. En outre, il a démonté le mythe selon lequel le Front national serait un parti qui défendrait les intérêts de la classe ouvrière. Le Pen est apparue à court d’arguments et mal à l'aise.

La campagne de Mélenchon politise la jeunesse. Il fait appel à la classe ouvrière, qui, contrairement à certaines allégations, a largement rejeté Le Pen et s’est abstenue lors des précédentes élections. Pour la première fois depuis des décennies, Mélenchon aide la gauche à renouer avec les classes populaires. Pour Mélenchon, la politique du marché libre ne fonctionne pas et inflige des souffrances inutiles au peuple. Aucun autre politicien européen n’est mieux placé que lui pour argumenter et convaincre sur ce point.

 

Par Philippe Marlière

The Guardian, dimanche 15 Avril 2012, 17h42

 

1) Voici le lien vers l'article original paru dans « The Gardian » :

Jean-Luc Mélenchon's policies are no far-left fantasy

2) Lien sur le "Programme partagé" : L'Humain d'abord

3) Liens pour les débats entre Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon :

à BFMTV-RMC, le 14 février 2011 : Partie 1, Partie 2 ;

et à France 2, Des Paroles et des Actes, le 23 février 2012 : Partie 1, Partie 2, Partie 3

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Commentaires
J
Bien, je dirais que :<br /> <br /> <br /> <br /> Ne faisant partie d'aucune obédience quelconque ni d'aucun parti politique, le ciel m'en gardera à vie en raison du côté autodidacte qui m'anime LOL, j'ai eu l'occasion de côtoyer en 61 ans d'existence des francs-maçons.<br /> <br /> <br /> <br /> Et ce que je peux dire, c'est qu'on y trouve le pire et le meilleur.<br /> <br /> <br /> <br /> Les avides de pouvoir qui s'en servent bien plus que de raison et de manière peu louable.<br /> <br /> <br /> <br /> Mais aussi ceux qui ont une véritable vocation spirituelle et humaniste, plutôt rares, j'en conviens.<br /> <br /> <br /> <br /> Néanmoins ils existent.<br /> <br /> <br /> <br /> Alors cataloguer l'un, sans l'avoir connu et expérimenté, me semble être voué à une probable erreur d'interprétation.<br /> <br /> <br /> <br /> Moi, en l'état, et par défaut d'expérience, je lui laisse le bénéfice du doute.
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A
Donc Mélenchon sauveur de la Gauche...<br /> <br /> Mais il fête la Commune à la Bastille en étant lettré, c'est étrange non ?<br /> <br /> Et en tant qu'homme de culture politique solide, que dit il sur son obédience maçonnique ? Pas grand chose. Étonnant, quand on va aux textes on découvre que les maçons (rarement francs) ont été exclus de la Seconde Internationale. Et pourquoi donc ? Traîtrise de classe.<br /> <br /> Étonnant non ?<br /> <br /> <br /> <br /> Efficace politiciennement parlant oui. Pratiquement, même Mitterrand qu'il adule s'est mangé sévèrement le fameux mur de l'Argent. Et c'était sans commune mesure avec ce qui arrivera aujourd'hui.
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