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18 avril 2012

Le jour où... Hollande disparaîtra

 
 
Les mains de François Hollande.
 
Les mains de François Hollande. (Photo Jacky Naegelen. Reuters)



CHRONIQUE-FICTIONTous les mardis pendant la campagne électorale, Luc Le Vaillant réinvente la politique dans une chronique d'anticipation.

Par LUC LE VAILLANT


On est le vendredi 4 mai 2012 et, depuis 48 heures, François Hollande ne répond plus. Le premier du premier tour, le caracoleur à 54-55 % chez les sondeurs, le déjà-président s'est évaporé. La panique gagne.

Voilà ce qu'on sait.

Mercredi 2, à l'aube, Hollande quitte sur la pointe des pieds le domicile toujours pas conjugal. Comme souvent, il passe à la boulangerie du coin faire une razzia de viennoiseries qui, désormais, ne lui pèsent plus sur les bourrelets, magie de la dilection élective. Puis, par un passage dérobé auquel l'ont initié quelques garnements des HLM de la rue Saint Charles, il s'introduit dans le parc Citroën où il gonfle ses poumons d'une exaltation matinale et solitaire. Un oeil sur la montgolfière, il aime sautiller à cloche-pied sur les pierres plates des jardins japonisants, en écoutant glouglouter l'eau des cascades carrelées. A l'ouverture des grilles, un jardinier salue, d'un clin d'oeil complice, le squatteur bleu blanc rouge.

Ensuite, rien, plus rien.

Il est 7h30 quand sa maisonnée s'éveille lentement, sans s'inquiéter une seconde de son absence. Depuis qu'il est en passe de présider le pays, Hollande aime les petits matins repeints de frais, seul moment où il peut encore échapper à ses gardes du corps et partir folâtrer dans les rues lavées à grandes eaux.

Chez lui, on se dit qu' il a dû se faire alpaguer par un fâcheux à qui il n'a pu s'empêcher de payer un café pour discuter plus avant. A moins qu'il n'ait eu besoin de se faire une dernière cage d'escalier pour un porte-à-porte en roue libre, replâtrage tardif d'une angoisse bien dissimulée.

 

Le candidat aux champs

Il est 9 heures et Manuel Valls s'énerve contre son candidat aux champs. Après le match nul du débat-duel, il a accordé une matinée off à son champion de la normalité, mais là il serait temps que le débonnaire flâneur pense à fouetter cocher. Y a encore un second tour à étriller, non mais!

Ensuite, à mesure que le silence texto s'amplifie et que l'agenda dévide sa quenouille, ça part totalement en sucette.

Ramenards comme jamais, les «grands» flics déboulent, repoussent les officiers de police judiciaire et sulfatent ces «incapables» du service de protection sélectionné par la gauche laxiste. Mais eux non plus n'ont pas le moindre début d'indice à se mettre sous la dent.

Au PS, les plus optimistes, qui sont souvent ceux qui se voyaient ministres, veulent croire à un endormissement plombé par un mauvais dosage d'antioxydants ou à une plaisanterie de ce farceur tranquille qui va sûrement resurgir genre «coucou me revoilou!».

A l'UMP, on masque un sourire extatique en remâchant les éléments de langage livrés par les derniers grognards à ne pas avoir déserté le QG du sortant. Façon serpent hypnotiseur, la cellule Riposte sifflote: «Nous sommes inquiets pour l'homme» / «Nicolas Sarkozy a assuré la famille de François Hollande de toute sa sollicitude» / «Claude Guéant et la police font le maximum pour résoudre un problème qui n'a rien d'un fait isolé. Les disparitions inexpliquées sont la preuve de l'insécurité montante dans ce pays».

Jeudi matin. Au conseil constitutionnel, Jean-Louis Debré réunit les siens en conclave. Et s'empresse de faire valoir que, selon l'article 7 de la Constitution, un candidat «empêché ou décédé» relance l'ensemble du processus électoral. Il s'agit pour Debré, le chiraquien, de permettre à la gauche de retrouver un champion et de trancher le jarret à l'argument de l'Elysée.

 

Théories du complot

En sourdine, les conseillers du Château Patrick Buisson et Henri Guaino, de plus en plus en phase, laissent entendre que la crise financière est tellement aiguë qu'il faudrait relégitimer au plus vite un président... Pour ce faire, nul besoin de tout reprendre au début. L'article 7 serait assez obscur pour permettre ce genre d'interprétation.

Il suffirait que le 3e du suffrage supplée au perdu de vue. Et comme c'est Marine Le Pen, la messe serait vite dite, pensent les conseillers, tout en s'appliquant à éponger la bave des marchés qu'ils n'ont cessé d'exciter contre Hollande.

Chez Jean-Luc Mélenchon, on fantasme aussi. La procédure pour incitation à la haine raciale lancée par le Front de gauche, suite aux dérapages ultimes de la rediabolique tardive Marine Le Pen, pourrait permettre au numéro 4 d'atteindre la finale sans repasser par la case départ.

Vendredi 4 au matin, Hollande est toujours aux abonnés très, très absents.

Les théories du complot prolifèrent. Les économistes atterrés y voient une manip de Patrick Bruel et autres refuzniks de l'impôt à 75%. La gauche à jugulaire suspecte les spadassins de Sarko qui s'agrippent aux manettes police-justice, qu'elle se faisait un plaisir de reprendre. Le pouvoir vacillant imagine un coup venu des officines proches de Dominique Villepin afin de relancer le grand argenté à croc de boucher. Et Jacques Cheminade s'interroge sur quelques petits hommes verts, siglés Ariane Espace.

Les analystes psychologisent à qui mieux mieux. Stratégie de fuite, refus du passage à l'acte, thanatos par manque d'éros ou, à l'inverse, déclenchement d'un désir éternel via l'évanouissement. Les plus utopistes saluent la décision ultradémocratique prise par Hollande. Il se serait évaporé pour bien montrer aux citoyens qu'un président n'a aucune utilité et qu'il revient au peuple de reprendre le pouvoir et d'en finir avec sa neurasthénie ronchonne.

 

Le fils et les veuves

Le PS, lui, renvoie tout délai de décence aux orties. Il faut sans attendre réinvestir un candidat, en espérant que la prime à l'émotion jouera.Valls s'y verrait bien, tout fier de sa suractivité renfrognée aux côtés du manquant à gagner. Martine Aubry, elle, n'en peut tellement plus de tout ce pataquès qu'elle en viendrait presque à réhabiliter DSK. Et à prendre sa retraite en Toscane.

Façon Mao, on s'attend à la montée au front des veuves qui n'en sont pas. Mais, faisant preuve d'une stratosphérique magnanimité, la première compagne abandonne son droit de préemption pour mieux booster la candidature du fils aîné qui, comme son saint patron, attend de le voir pour y croire.

Quant à la seconde non-épouse, elle s'apprête à dire leur fait à tous ces rapaces ambitieux, dépeceurs d'espérances, rançonneurs de malheur, quand son portable se met à tinter...

 

 

>>> Retrouvez toutes les chroniques «Le jour où...»

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