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14 mai 2012

Mélenchon veut enfoncer le clou

Sur SUD OUEST

 

En se présentant à Hénin-Beaumont, dans la même circonscription du Pas-de-Calais que Marine Le Pen, le leader du Front de gauche installe plusieurs fers au feu

Jean-Luc Mélenchon poursuit son pilonnage des thèses du FN à Hénin-Beaumont, où il a présenté sa candidature samedi.
Jean-Luc Mélenchon poursuit son pilonnage des thèses du FN à Hénin-Beaumont, où il a présenté sa candidature samedi. (AFP)
 

Lorsqu'en fin de semaine dernière (avant que cela ne devienne officiel samedi), le bruit a couru que Jean-Luc Mélenchon allait se présenter aux législatives dans la circonscription d'Hénin-Beaumont, donc face à Marine Le Pen, beaucoup ont estimé que le leader du Front de gauche se trompait d'élection. Qu'il était urgent de l'informer, au cas où il ne s'en serait pas rendu compte, que la présidentielle était bel et bien terminée. Dans un premier temps, l'annonce de la poursuite du « cirque médiatique » jusqu'au 17 juin en a irrité plus d'un…

Sauf que cette candidature dans le Pas-de-Calais n'est pas tombée du ciel, qu'elle est le fruit d'une longue réflexion politique et qu'elle s'inscrit dans une vraie logique. C'est ce que défendait le candidat sur France Inter ce lundi matin :

 

Le choix de combattre le FN

Pour mieux comprendre ce qui est à l'origine de cette décision, il convient de revenir quelques mois en arrière. En fait, lorsque Jean-Luc Mélenchon commençait à pointer le bout de son nez dans les sondages, toujours loin derrière le duo de tête Hollande-Sarkozy et ses poursuivants Le Pen-Bayrou. Une époque où le candidat du Front de gauche considérait avoir atteint le premier objectif de sa campagne : bien mettre dans la tête de l'électorat que sa gauche n'était vraiment pas la même que celle de Hollande…

Il s'attaquait alors au second étage de la fusée : engager une bagarre sans concession contre le FN. Au fil des semaines, il a décollé dans les intentions de vote, passé la barre des 10 %, avant d'être présenté comme « le troisième homme » peu de temps après l'immense rassemblement de la Bastille. Il était alors question de 15-16 %. « Je me demande où cela va s'arrêter… » rêvait tout haut Jacques Généreux, l'expert économique du Front de gauche.

Coup de mou

Il a eu la réponse le 22 avril. Cela s'est arrêté à 11,11 %. Un score pour lequel tous les responsables du Front de gauche auraient signé en janvier-février… et qui les a profondément déçus le soir du premier tour. Un résultat digne reflet d'un sursaut du vote utile dans la dernière ligne droite, mais aussi d'une campagne qui, dans les dix derniers jours, a gommé huit candidats pour ne plus regarder que les deux favoris.

Pourquoi ne pas le dire, Mélenchon a vécu un petit coup de mou dans les jours qui ont suivi, conséquence de la déception et de l'arrêt brutal d'une vie à mille à l'heure. Mais aussi du fait que Marine le Pen puisse le distancer de près de 7 points alors qu'un temps, il aurait parié finir devant elle.

Dans l'entre-deux-tours, il a observé, avec l'attention qu'on devine, comment les finalistes et leurs équipes tentaient d'attirer l'électeur lepéniste. Avec de gros sabots d'un côté, avec des trésors de calinothérapie de l'autre, dans l'espoir de faire rentrer au bercail des ouailles égarées. Le constat dressé alors par les responsables du Front de gauche, c'est que personne n'attaquait le Front national comme eux le souhaitaient. Et que si la guerre menée avant le premier tour n'avait pas été victorieuse, l'urgence imposait de reprendre l'offensive…

Ne rien demander au PS

Dans la perspective des législatives, collectivement, ce même Front de gauche s'est demandé ce à quoi son leader pouvait s'avérer le plus utile, étant entendu que l'axiome de départ consistait à surtout ne rien demander au Parti socialiste.

Dans un premier temps, l'idée retenue a été de laisser Mélenchon à la disposition de tous afin qu'il aille battre l'estrade dans la France entière, au cœur des circonscriptions les plus chaudes. Sa candidature a aussi été envisagée dans le Sud.

Jusqu'à ce que revienne dans les esprits le cas Marine Le Pen. « À l'examen, la "circo" d'Hénin-Beaumont s'est imposée à nous. Parce que là-bas, le combat pouvait se clore par un duel UMP-FN. N'oubliez pas que dans ce département, le PS est en proie à de sévères turpitudes ; la fédération est en pleine crise politique et morale. La justice enquête sur plusieurs affaires de financements occultes mettant en cause des élus socialistes. Il y a besoin de faire du neuf à gauche et de démontrer qu'il ne s'agit pas d'un fief de Marine Le Pen. La preuve, le 6 mai, Hollande a passé la barre des 60 % », argumente l'un des principaux lieutenants de Mélenchon.

« Session de rattrapage »

Bref, l'ancien candidat à la présidentielle a été invité à prendre son paquetage et à partir dans le Nord. Pour y poursuivre son ouvrage de pilonnage des thèses du Front national, pointer du doigt les risques d'une recomposition de la droite à la sauce italienne, quand Berlusconi s'était allié aux durs de la Ligue du Nord. Un Mélenchon qui va mener campagne autant sur les questions sociales que sur les valeurs de la République. Un Mélenchon balayant d'un revers de main l'idée que sa présence puisse permettre à Marine Le Pen de se faire « mousser ». « La seule candidature de Marine Le Pen impliquait une forte médiatisation », assure-t-on dans son camp qui voit dans ce nouveau combat une sorte de « session de rattrapage » pour le PS. « Si Jean-Luc est en tête à gauche, que décideront-ils ? » demande-t-on d'ores et déjà dans son entourage.

Dans l'immédiat, les socialistes ne sont déjà pas d'accord sur sa candidature, puisque Martine Aubry a vanté les qualités du candidat PS Philippe Kemel, estimant qu'Hénin-Beaumont n'avait pas besoin d'un « match médiatique » alors que, dans le même temps, Ségolène Royal saluait le beau « combat républicain » de Mélenchon. Lequel entend bien conserver à gauche, face au FN, la main sur le pôle de compétitivité. De résistance.

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