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18 septembre 2012

Dans le ventre du monstre Europe

Sur AGORAVOX

par Ariane Walter lundi 17 septembre 2012

Comment liquider la démocratie, peu à peu, pas à pas, années après années, tout en donnant l’impression qu’on la chouchoute, qu’on la désire, qu’on la bonifie tel est le but de la bureaucratie européenne.

De ce projet « l’Europe » qui fit tant rêver les hommes, reste un nom comme une plaie. Soigneusement entretenue par les médecins qui en vivent… Vouloir en sortir à tout prix, retrouver l’Etat-Nation disent les uns, reconstruire l’Europe des peuples disent les autres, telles sont les questions urgentes qu’il faut traiter. Car cette Europe, telle qu’elle évolue, est un tombeau. 

 

Comment cela est-il possible ?

Céline Meneses propose cette étude.

J’étais aux « Remue-méninges » du Parti de Gauche à Saint Martin-d’Hère et « la dérive de l’Europe austéritaire » était une des réunions auxquelles j’avais choisi d’assister.
Céline, déléguée nationale Europe du parti de Gauche et collaboratrice du groupe GUE-NGL à Bruxelles, est bien placée pour étudier l’évolution du monstre. Elle appartient aux jeunes pousses du PG.
Je l’avais vue, à Hénin-Beaumont, tracter et faire du porte à porte. Très jolie fille, Céline est aussi une guerrière qui ne lâche rien, engagée sur tous les fronts. Elle rentre de l’Equateur. Et dans la salle de fac du campus, immense, de Saint Martin-d’Hère, attendant que la vidéo se mette en place, après avoir demandé aux uns et aux autres de se présenter, elle évoque à son tour son séjour en Équateur, six ans après une première visite. Eblouie de voir les progrès accomplis dans le pays de Rafaël Corréa.

Dans la salle, c’est le hammam. La moiteur de la fameuse cuvette de Grenoble. Mais la fraîcheur des bonnes volontés, de l’envie de savoir pour agir ensuite compense. 

« La dérive de l’Europe austéritaire », tel est le titre de cette commission. « Austéritaire » est un néologisme créé par Jean-Luc Mélenchon et Céline Meneses. Oui, l’austérité autoritaire. Imposée. Nous vivons sous une tyrannie féodale protégée par des accumulations de directives, de règlements, qui tombent comme des balles, dans des sessions obscures où le monde libéral, qui a bien placé ses armées, emporte tout sans coup férir.
L’austérité pour les uns est la fortune pour les autres. Si peu d’autres. Entre les deux toute une masse dont certains croient encore qu’ils échapperont au Monstre. Il faut apprendre que « Non ».

Apprendre et enseigner, plus tard,  dans sa ville : tel est l’objectif des « Remue-méninges » du Parti de gauche et ensuite des « Estivales Citoyennes » du Front de Gauche.

L’exposé de Céline est clair : elle va nous montrer l’évolution de cette Union Européenne qui, sous prétexte de donner plus de démocratie aux institutions, les rend encore plus opaques. Plus ruineuses pour les peuples.

 

 

D’où vient cette dérive ?

Voyons les réalités d’avant et d’après Maastricht.

L'acte fondateur de l'Union européenne est la Déclaration du 9 mai 1950 de Robert Schuman, ministre français des Affaires étrangères. Sous l'impulsion de personnalités politiques surnommées « Pères de l'Europe », comme Konrad Adenauer, Jean Monnet et Alcide de Gasperi, six États créent en 1951 la Communauté européenne du charbon et de l'acier.

Or, cette belle initiative souffre, dès le départ, d’une absence de démocratie. Il y a un parlement mais ce parlement n’a aucun rôle législatif. Il porte le nom d’assemblée, Il ne peut proposer des lois. Ses députés ne sont pas élus mais proposés par les gouvernements. 

C’est en 1962 que l’assemblée prend le nom de Parlement ce qui n’est qu’une figure de style car il n’aura toujours aucun rôle législatif ou consultatif.

En 1974, cependant, une grande idée « démocratique » voit le jour : les députés seront élus au suffrage universel. Cela se produit pour la première fois en 79, élection populaire puisque honorée d’une incroyable participation de 60% des électeurs. Participation qui ira sans cesse décroissant. L’électorat se désintéresse vite d’un vote pour un gouvernement lointain dont il n’entend parler que pour des décisions contestables.

A nouveau en 1997, lors du traité d’Amsterdam, la volonté de donner de nouveaux pouvoirs à ce « parlement » peut un temps faire rêver.
Quand les précisions tombent, déception.
Trois nouvelles actions lui sont accordées. Il peut régir :
-Sa propre organisation
-Le statut du médiateur européen.
-La fonction du médiateur européen.

Il hérite également d’un pouvoir co-décisionnel avec la commission. Il peut faire des propositions pour amender ou bloquer. Si le conseil n’accepte pas, on revient à la commission.
Malheureusement toutes ces dispositions ne servent pas à grand-chose car dans bergerie la majorité qui décide est néo-libérale. Moutons obéissants au capital. Représentants de peuples ayant cette mentalité qu’il faut obéir aux maîtres quoi qu’ils décident. Et être craintifs. Rester dans son coin et se taire.

Comment se passe le travail dans ce temple du néo-libéralisme ? Ca ne chôme pas. Les tondeurs y vont fissa-fissa. Pas de temps à perdre : chaque jour tombent des dizaines de rapports, de recommandations, de résolutions !
Mais, allez-vous dire, les pays ne font-ils pas ce qu’ils veulent ? Ne parlons plus de pays. Parlons de gouvernements, acquis à la cause libérale. Ce qu’ils veulent, c’est octroyer le maximum de pouvoirs aux organes non-élus.

 

 

Mais que font les députés européens ?
La plupart sont libéraux. Ils votent selon leur essence. Ceux qui représentent « la vraie gauche » peuvent bien présenter tous les amendements qu’ils veulent car ils seront rejetés. Démocratie.
Il neige sur leur tête une foule de textes. Non pas des directives qu’il faut transposer dans les lois mais des règlements qu’il faut appliquer tels quels. Ne perdons pas de temps. Des règlements, bien sûr, qui fixent l’austérité.

 

 

Et les initiatives citoyennes ?

Un labyrinthe. Un parcours du combattant. C’est fait pour arriver nulle part. Ce mot « citoyen » n’est pas traduit en globish europen. C’est un gros mot.
Les citoyens, d’ailleurs, pour la plupart, ignorent qui est leur député européen.
Faudrait-il donner davantage de pouvoir au « parlement européen » pour qu’il assomme la commission de son autorité ? Ce serait sans grand résultat.
Le parlement est la pépinière de la commission. C’est attendre d’une portée de chiots qu’ils s’attaquent au grand méchant loup ; et ils ne grandissent jamais. Ils sont à tout jamais édentés, biberonnés de précieuses indemnités. Libéraux.

Ceci amène tout naturellement à dire que cette Europe est atlantiste qu’elle va sombrer doucement dans ce grand marché transatlantique qui va noyer les derniers fétus de liberté.

 

 

Parlons un peu de la « règle d’or. » Joli nom. Très trompeur. C’est un peu comme si on appelait les pédophiles « les amis des enfants ». La règle d’or est la règle de l’austérité. L’or n’est pas pour tout le monde

Là encore le silence des medias a joué un rôle parfait.
Personnellement je n’ai lu, pour la première fois, cette expression que dans un article d’Emile Wolf sur Agoravox. Il y a un peu plus d’un an.
Or cette « règle d’or », est une création de Salazar, le grand démocrate. Elle a laminé le Portugal et le Chili de Pinochet. C’est un jouet de dictateurs. En 92, elle vient de naître. (Déjà vingt ans !) Elle impose alors aux différents Etats de ne pas dépasser un déficit de 3%. Que personne n’arrive à respecter. Aucun Etat ne se sanctionne. Cela reste du domaine des vœux pieux.

En 97, le pacte de stabilité et de croissance réitère cette exigence. Encore en vain. Seul le Luxembourg respecte cette règle. (Comme quoi, être un paradis fiscal peut être utile.)

En 2005, nouvelle réforme du PSC. Comme personne n’arrive à être en dessous de 3%, il est dit que le déficit ne doit pas dépasser 1%. Logique Européenne. Sans résultats, on s’en doute.

En septembre 2011 le parlement valide le « Six pack « (tiens un nom anglais ?) Le "six-pack" renvoie aux six actes législatifs destinés à rendre la gouvernance économique plus rigoureuse dans l'UE. Quatre propositions traitent de questions budgétaires, y compris de la réforme du pacte de stabilité et de croissance de l'UE, tandis que les deux autres portent sur l'identification et la correction effective des déséquilibres macroéconomiques au sein de l'UE et de la zone euro. ( Ah ! le vocabulaire de la bureaucratie européenne !)

Les sanctions qui frapperont les Etats qui étaient, on l’a vu, oubliées au fond d’un carton, seront semi-automatiques.
Ubu land. Mais ça rapporte gros.
Une solution qui vient tout de juste à l’esprit est : « Pourquoi ne pas sortir de cette Union ? » C’est la proposition de certains et beaucoup de Français sont favorables à cette idée : sortir de l’Europe. Retrouver son indépendance et sa souveraineté nationale.
Admettons. La France retrouve son indépendance. Mais ce n’est pas l’indépendance qui est essentielle, ce sont les conditions de l’indépendance.

D’une part, sortir de l’Europe est prévu dans le traité de Lisbonne mais assorti d’amendes ruineuses. Comment ce problème se règle-t-il légalement ? D’autre part, dès le lendemain, que se passe-t-il avec le franc et le monde de la finance ? Les traders ont-ils disparu ? Est-il interdit de parier sur la ruine d’un pays ? Les agences de notation sont-elles interdites ? Qu’en est-il des accords industriels avec d’autres pays d’Europe ? 

Nous sommes au fond d’un tel traquenard.

Par ailleurs, se séparer des autres peuples d’Europe ? Ces peuples ne sont pas une entité fumeuse. Ce sont des peuples, comme nous, exploités comme nous, qui défilent dans les rues, qui s’indignent et se révoltent. Les peuples ont besoin des peuples. Toute la vague des peuples de l’Europe doit s’abattre sur la tour de Babel qui de Bruxelles défie notre liberté séculaire !

Le dernier acte se joue sous nos yeux. Tragique. Il est parfaitement expliqué dans un petit livre édité par Bruno Le Prince : « L’Europe austéritaire ». Et signé par Mélenchon et Céline Meneses.

On bouillonne en lisant ce livre. En suivant les magouilles des représentants non-élus de l’Europe.Je vous en propose l’étude demain.

En attendant, hier, en Espagne et au Portugal, le peuple en masse est encore descendu dans la rue. Pour rien encore une fois ?
Quand allez-vous dire clairement, les Goldman Sachs de l’Europe, que vous vivez dans un Olympe où le peuple n’est que bétail ?
Quand allez-vous laisser tomber le masque pour de bon ?

 


Jusqu’à quand, messieurs les « socialistes » allez-vous jouer la comédie de la démocratie
Savez-vous où vous allez de ce pas, si ce traité est signé ?
C’est la gauche qui vendrait son pays à la Finance ? C’est la gauche qui serait une main plus mortelle que la droite, alliée traditionnelle du capital ?
De quoi serait synonyme ce nom : « Hollande » ?
Vous êtes devant l’histoire, M. Hollande. Sortez de la mollesse de votre portrait officiel, dans votre petit jardin où les drapeaux des peuples sont si loin. De cette atonie, de ce vide inexpressif qui symbolise l’anesthésie d’un vrai représentant du peuple.

 

Pour la marche à Paris du 30 septembre, c’est toute une organisation qui se met en place. Chaque jour un nouveau syndicat, une nouvelle association s’ajoute au groupe et annonce sa participation.
Le Front de gauche s’efface devant le Front du peuple.

 

 


Et ceux qui disent : « Ca ne servira à rien », que préférez-vous pour la prochaine ponction du TSCG ? On prend 50 milliards sur l’Education Nationale ? Sur la santé ? Sur la sécurité Sociale ?
Ca ne servirait à rien ? Quoi ! Vous voulez dire que la voix du peuple, à partir du moment où il a voté, quels que soient les mensonges et les trahisons de ceux qu’il a élus, faute de mieux, n’a plus aucun poids ? « Va te coucher et mourir en nous laissant ton héritage ! » C’est cela le message subliminal du TSCG ?

Mais comment s’appelle ce régime ?

Tous, qui vous informez, informez les autres. On donne l’ordre à notre démocratie, ou du moins à ce qu’il en reste, d’être esclave sans appel.

 

 

La photo représente la manifestation du 15 septembre à Lisbonne.

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