8 novembre 2012
Mr. Obama, rendez-vous sur la terre promise !
Jeudi 8 Novembre 2012 à 05:00
Martine Gozlan - Marianne
(Barack Obama et Benjamin Netanyahu à la Maison Blanche, le 5 mars 2012 - Pablo Martinez Monsivais/AP/SIPA)
Au diable le pessimisme ! Cette journée du 7 novembre 2012 nous a apporté des nouvelles revigorantes. Barack Obama a été réélu président des Etats-Unis et Avraham Yehoshoua, l’un des plus grands écrivains israéliens, figure du mouvement de la paix dans son pays, a reçu le prix Medicis étranger. Je suis sûre que le romancier fête son succès avec d’autant plus de joie que la réélection d’Obama conforte en Israël les partisans du pragmatisme et de la justice, tous ceux qu’inquiète l’alliance entre Benyamin Netanyahu et l’extrême-droite, comme les dernières déclarations du Premier ministre israélien sur la marche à la guerre contre l’Iran.
À Tel-Aviv, un autre écrivain se sent sûrement, lui aussi, un peu moins seul ce soir : c’est David Grossman qui, malgré un fils tombé au dernier jour de la guerre du Liban en 1986, ne cesse de plaider pour que le dialogue l’emporte sur la loi des armes. Son deuil personnel, sans doute, n’en finira jamais, mais c’est cette nuit en lui, sur cette terre et sur les enfants des deux peuples, qui pousse inlassablement Grossman à réclamer la lumière de la justice pour les siens et pour les autres.
Dans une lettre ouverte à Netanyahu, il le supplie de prendre au mot Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne, qui a objectivement fait un pas vers Israël en revenant sur le droit au retour des Palestiniens. Quand bien même il aurait tempéré ses propos plus tard, on sait aujourd’hui qu’Abbas est prêt à reprendre les négociations.
Et vous, Monsieur Obama, qui allez-vous prendre au mot ? Les hommes et les femmes de paix en Palestine et en Israël qui ont tant besoin d’être appuyés par le président de la première puissance mondiale ? Ou bien les extrémistes qu’aurait tant arrangé, au fond, une victoire de votre inénarrable rival défait ? Ce Mitt Romney incapable de réciter correctement sa géographie et ridiculement adulé par Netanyahu, lequel ne doit pas comprendre pourquoi 70% des juifs américains ont voté pour vous !
On sait : il y a la crise sous la bannière étoilée, la Chine immense tapie au loin et même tout près puisqu’elle est un peu votre banquier... Bref, vous avez vos priorités. S’il vous plait, ajoutez-en une, celle dont on pensait qu’elle vous tenait à cœur, quand le prix Nobel de la paix vous fut décerné par anticipation.
Faut-il vous le dire en arabe, en hébreu ou en persan, Monsieur Obama ? Scotchez-vous sur le front, ce beau front d’espoir, le « Salam-Shalom » des hommes qui font l’Histoire . Souvenez-vous de celui qui fut assassiné il y a 17 ans, le 4 novembre 1995, parce qu’il avait osé serrer la main de Yasser Arafat sur la pelouse de la Maison-Blanche sous le regard et le sourire de Bill Clinton : il se nommait Itzhak Rabin.
Au nom de ce général qui avait tant mené de batailles mais qui, citant la Bible et l’Ecclesiaste , rappelait qu’il y a un temps pour tout sur la terre - « Un temps pour la guerre, un temps pour la paix »- promettez, Monsieur Obama, aux Israéliens et aux Palestiniens fatigués de haïr que vous guérirez la Terre promise !
Oubliez vos griefs contre Netanyahu, dont la vision est de plus en plus à court terme, et qui s’enferre dans la logique de guerre, confortant chaque jour davantage les ayatollahs iraniens. On sait bien que c’est la paix qui les fera tomber, ces Tartuffe enturbannés ; que le peuple iranien ne peut plus supporter le régime archaïque qui le saigne et le condamne. Usez donc de votre victoire pour ramener à la raison diplomatique le Premier ministre israélien : il a contre lui, vous le savez, une grande partie de l’Etat-major et du Mossad.
Mais, de l’autre côté, puisque vous avez paru comprendre et approuver le sens des révolutions arabes, exigez quelques explications de leur bailleur de fonds, ce Qatar tant en cour partout, y compris sous le ciel français où il investit avec une bien étrange frénésie ses dollars salafistes.
L’émir Qatari n’a pas hésité à se rendre récemment à Gaza. Galvanisés, les djihadistes, au soir de sa visite, ont donné un grand feu d’artifice : 70 roquettes tirés sur le sud d’Israël, 150 en 48 heures. Bien sûr, l’Etat hébreu a riposté. Les amis de vos amis Qataris, Monsieur Obama, sont aussi chéris par l’Iran, votre ennemi et celui de tout le monde libre, terme que certains contestent mais que je persiste à prendre au sérieux.
Pour le chef d’Etat le plus puissant au monde, et qui est, comme vous, l’héritier de plusieurs destins, pour l’Américain universaliste qui succéda en 2008 au Texan arrogant de l’atroce guerre d’Irak, aucun scénario diplomatique, aucune proclamation de paix n’est interdite. Ils cèderont tous si vous en avez la volonté.
Alors, dépêchez-vous , Monsieur Obama, allez parler à Bethléem, à Ramallah, à Jérusalem, à Tel-Aviv, à Sderot ! Affrontez le mur de séparation comme le mur des lamentations ! Soyez Palestinien, Israélien, juif, arabe : Je est un autre , écrivait Rimbaud, devenez cet autre ! Désamorcez les bombes de la haine, déminez la guerre de 100 ans : ils n’ont plus que vous pour ça, là-bas. Allez-y, rendez-vous en Terre promise !
À Tel-Aviv, un autre écrivain se sent sûrement, lui aussi, un peu moins seul ce soir : c’est David Grossman qui, malgré un fils tombé au dernier jour de la guerre du Liban en 1986, ne cesse de plaider pour que le dialogue l’emporte sur la loi des armes. Son deuil personnel, sans doute, n’en finira jamais, mais c’est cette nuit en lui, sur cette terre et sur les enfants des deux peuples, qui pousse inlassablement Grossman à réclamer la lumière de la justice pour les siens et pour les autres.
Dans une lettre ouverte à Netanyahu, il le supplie de prendre au mot Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne, qui a objectivement fait un pas vers Israël en revenant sur le droit au retour des Palestiniens. Quand bien même il aurait tempéré ses propos plus tard, on sait aujourd’hui qu’Abbas est prêt à reprendre les négociations.
Et vous, Monsieur Obama, qui allez-vous prendre au mot ? Les hommes et les femmes de paix en Palestine et en Israël qui ont tant besoin d’être appuyés par le président de la première puissance mondiale ? Ou bien les extrémistes qu’aurait tant arrangé, au fond, une victoire de votre inénarrable rival défait ? Ce Mitt Romney incapable de réciter correctement sa géographie et ridiculement adulé par Netanyahu, lequel ne doit pas comprendre pourquoi 70% des juifs américains ont voté pour vous !
On sait : il y a la crise sous la bannière étoilée, la Chine immense tapie au loin et même tout près puisqu’elle est un peu votre banquier... Bref, vous avez vos priorités. S’il vous plait, ajoutez-en une, celle dont on pensait qu’elle vous tenait à cœur, quand le prix Nobel de la paix vous fut décerné par anticipation.
Faut-il vous le dire en arabe, en hébreu ou en persan, Monsieur Obama ? Scotchez-vous sur le front, ce beau front d’espoir, le « Salam-Shalom » des hommes qui font l’Histoire . Souvenez-vous de celui qui fut assassiné il y a 17 ans, le 4 novembre 1995, parce qu’il avait osé serrer la main de Yasser Arafat sur la pelouse de la Maison-Blanche sous le regard et le sourire de Bill Clinton : il se nommait Itzhak Rabin.
Au nom de ce général qui avait tant mené de batailles mais qui, citant la Bible et l’Ecclesiaste , rappelait qu’il y a un temps pour tout sur la terre - « Un temps pour la guerre, un temps pour la paix »- promettez, Monsieur Obama, aux Israéliens et aux Palestiniens fatigués de haïr que vous guérirez la Terre promise !
Oubliez vos griefs contre Netanyahu, dont la vision est de plus en plus à court terme, et qui s’enferre dans la logique de guerre, confortant chaque jour davantage les ayatollahs iraniens. On sait bien que c’est la paix qui les fera tomber, ces Tartuffe enturbannés ; que le peuple iranien ne peut plus supporter le régime archaïque qui le saigne et le condamne. Usez donc de votre victoire pour ramener à la raison diplomatique le Premier ministre israélien : il a contre lui, vous le savez, une grande partie de l’Etat-major et du Mossad.
Mais, de l’autre côté, puisque vous avez paru comprendre et approuver le sens des révolutions arabes, exigez quelques explications de leur bailleur de fonds, ce Qatar tant en cour partout, y compris sous le ciel français où il investit avec une bien étrange frénésie ses dollars salafistes.
L’émir Qatari n’a pas hésité à se rendre récemment à Gaza. Galvanisés, les djihadistes, au soir de sa visite, ont donné un grand feu d’artifice : 70 roquettes tirés sur le sud d’Israël, 150 en 48 heures. Bien sûr, l’Etat hébreu a riposté. Les amis de vos amis Qataris, Monsieur Obama, sont aussi chéris par l’Iran, votre ennemi et celui de tout le monde libre, terme que certains contestent mais que je persiste à prendre au sérieux.
Pour le chef d’Etat le plus puissant au monde, et qui est, comme vous, l’héritier de plusieurs destins, pour l’Américain universaliste qui succéda en 2008 au Texan arrogant de l’atroce guerre d’Irak, aucun scénario diplomatique, aucune proclamation de paix n’est interdite. Ils cèderont tous si vous en avez la volonté.
Alors, dépêchez-vous , Monsieur Obama, allez parler à Bethléem, à Ramallah, à Jérusalem, à Tel-Aviv, à Sderot ! Affrontez le mur de séparation comme le mur des lamentations ! Soyez Palestinien, Israélien, juif, arabe : Je est un autre , écrivait Rimbaud, devenez cet autre ! Désamorcez les bombes de la haine, déminez la guerre de 100 ans : ils n’ont plus que vous pour ça, là-bas. Allez-y, rendez-vous en Terre promise !
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