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3 mars 2013

F. Hollande va parler ! Vraiment ?...

Sur MARIANNE

Dimanche 3 Mars 2013 à 05:00 | Lu 4764 fois I 39 commentaire(s)
Nicolas Domenach - Marianne
WITT/SIPA
WITT/SIPA

François Hollande va parler ! On vous l’assure à l’Élysée : la parole présidentielle tombera prochainement comme l’oracle via la télévision.
Les Français ont besoin de l’entendre.
D’être rassurés.
De savoir qu’ils ont un chef !
Pas seulement un mâle au Mali, mais un « Pacha » visionnaire qui fixe un cap, un pic, une péninsule, enfin un objectif et dissipe les brouillards de ses habiletés.

On n’y est pas…

 

Le Capitaine en place ne fracasse rien, et surtout pas la purée de pois dans laquelle on se débat. On s’inquiète même de ses louvoiements entre les écueils, mais sans que l’on ne puisse jamais être sûrs de ne pas naufrager. On n’a plus un cabot au Palais, ça change heureusement, mais c’est toujours le cabotage de l’angoisse ; le gouvernement de l’incertitude, chaque jour venant démentir cruellement les assurances mordicus de la veille. Au point de plonger toujours davantage le pays dans la morosité d’une déprime molle. « Un pessimisme » si poisseux qu’il effraie les conseillers du monarque républicain. « On peut expliquer, faire de la pédagogie, constatent-ils, ça n’enclenche pas. Les Français sont au-delà ». Comme il y a un sentiment d’insécurité plus fort que la réalité, le sentiment de crise est plus aigu encore que la crise elle-même. Alors les élyséens ne doutent pas de la nécessité pour le Président de s’exprimer, mais de la possibilité pour lui aujourd’hui d’être entendu. Parole d’en haut s’est déjà faite parole en l’air…
 

Il est vrai que les Français sont aujourd’hui parmi les plus pessimistes d’Europe et même du monde. On dira que ça ne date pas d’hier, et que les Gaulois déjà craignaient que le ciel ne leur tombe sur la tête. Et il est arrivé en effet que celui-là leur chût dessus, de sorte que ce peuple a toujours conservé un sens du tragique particulier dont on peut d’ailleurs penser qu’il va de pair avec un art de vivre, de jouir de peur qu’une météorite de malheur vienne tout balayer le lendemain. Mais à côté de cette crainte de l’avenir, ces querelleurs humanistes ont toujours bataillé pour améliorer le futur. La France a avancé par révolutions successives, fussent-elles sanglantes. L’idée de progrès a toujours survécu et prospéré, en particulier à gauche, et le discours du candidat Hollande en gardait quelques traces d’espérances, qui paraissent aujourd’hui fort lointaines, effacées. Même les socialistes ne se vantent plus de réinventer le futur. Ne parlons pas des écologistes…
 

Pour le candidat socialiste, la France n’était pas le problème, mais la solution, et les Français étaient promis à un sort meilleur qu’ils allaient construire eux-mêmes. C’est ce qu’il appelait « réenchanter la politique ». Ce n’était pas mirifique, mais positif tout de même. Rien de romanesque, mais ont était quand même dans le roman national d’une France qui ne demandait qu’à croire en elle-même, à son rassemblement et à son redressement, après avoir été malmenée et amochée par un joueur de flipper surexcité. On ne doutait pas de la détermination du nouvel élu ni de son habileté à tenir des engagements dont il réitérait sans cesse, et tous les perroquets ministériels derrière lui, l’intangible validité. Patatras…
 

Chômage, stagnation, déficits… rien ne se passe comme promis. Le discours présidentiel d’hier se trouve chaque jour plus contredit par les faits sans qu’il ne le modifie ! Et l’on voudrait que ce peuple-là ne déprimât pas de tant d’inconséquence, eut-elle de nobles motifs, puisqu’il paraît que le Prince voudrait jusqu’au bout éviter à son peuple de l’enfoncer encore davantage dans le marécage du malheur. Comme s’il n’était pas suffisamment mûr et adulte pour entendre un propos de vérité, pourvu qu’il fût fort, charpenté, inspiré. Or d’inspiration, on manque singulièrement ce qui provoque ces difficultés à respirer. « Where is the meat », comme disent les Américains.

Ça manque de consistance, de nerfs, de saignant. Ce n’est pas du cheval, mais du mou ! Alors, disons les choses comme elles sont : nous n’attendons pas seulement que François Hollande parle comme il sait causer, mais qu’il dise quelque chose de fort ! Qu’il parle juste. En songeant que « si les muets pouvaient parler, ils gueuleraient comme des sourds… »

 

 

 

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