Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Vu au MACROSCOPE
Visiteurs
Depuis la création 1 378 953
Newsletter
22 mars 2013

Syrie.... livraison directe d'armes à la rébellion ?

 Sur ARTE TV

 

Armes-Syrie : "les islamistes plus efficaces sur le terrain"

Faut-il livrer directement des armes à l'Armée Syrienne Libre ? Quel types d'équipement la France et la Grande-Bretagne comptent-elles envoyer ? Quelles pourront être les conséquences d'une livraison directe d'armes à la rébellion ? C'est à ces épineuses questions que les Ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne tenteront de répondre lors de leur réunion informelle, ce vendredi et samedi à Dublin. Suite au précédent libyen, ces questions divisent les Européens : excepté la France et la Grande-Bretagne, les autres capitales européennes sont plutôt hostiles à une telle option craignant, pour certains une régionalisation du conflit et pour d'autres qu'elles tombent entre les mains des insurgés islamistes.

Fabrice Balanche
zoom

Fabrice Balanche

Previous imageNext image
Pour mieux comprendre l'enjeu du débat qui divise actuellement l'Europe, ARTE Journal s'est adressé à Fabrice Balanche, maître de conférences à l’Université Lyon 2 et directeur du Groupe de Recherches et d’Etudes sur la Méditerranée et le Moyen-Orient à la Maison de l’Orient.


Claire Stephan pour ARTE Journal : Les ministres européens des Affaires étrangères de l'UE se réunissent aujourd'hui et demain à Dublin pour évoquer la question des livraisons des armes à destination de la Syrie. La France et la Grande-Bretagne ont déjà déclaré qu'elles pourraient décider de livrer directement des armes à la rébellion : quelles seraient les conséquences d'une telle livraison ?

Fabrice Balanche : "Première conséquence, c'est que nos intérêts au Liban risquent d'être menacés. Je pense notamment au contingent français de la FINUL qui se trouve au sud-Liban et qui pourrait être victime de représailles. On l'a vu en décembre 2011 lorsque les Français ont voulu entraîner les rebelles syriens au Liban et qu'une petite bombe a été déposée sur leur passage et qu'elle a fait quelques blessés. C'était clairement un avertissement du Hezbollah à la France et donc on a tout de suite arrêté cet entraînement".


Quelles autres conséquences ?

Fabrice Balanche : "La Russie en fait n'attend que cela pour augmenter ses livraisons d'armes au régime de Bachar al-Assad avec du matériel beaucoup plus sophistiqué et beaucoup plus meurtrier. Ce que la France et la Grande-Bretagne voudraient livrer aux rebelles syriens, ce sont des lance-roquettes antichars ou des missiles sol-air pour que les rebelles aient la maîtrise du ciel dans les zones qu'ils ont libéré. Et à ce moment-là, le régime syrien n'aura pas d'états d'âme à bombarder ces zones de plus haut avec des bombardiers qui ne peuvent pas être atteints par ces lance-missiles. Le régime peut aussi avoir recours tout simplement à des scuds ce qui ferait évidemment beaucoup plus de dégâts."


Autre question qui divise les Européens, la récupération éventuelle des armes livrées par des groupuscules jihadistes...

Fabrice Balanche : "Le Ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius a déclaré que ces armes seraient livrées à la branche armée de la Coalition nationale syrienne, ceux que l'on considère comme des « Laïcs ». Mais il faut savoir que cette branche armée n'existe pas. Vous avez l'Armée Syrienne Libre qui a officiellement un état-major en Turquie mais ce n'est juste qu'un logo. Quelques groupes rebelles lui ont fait allégeance en espérant obtenir de l'argent et des armes mais, sur le terrain, ils font ceux qu'ils veulent. Et ce sont surtout les groupes islamistes qui mènent la lutte la plus efficace sur le terrain et il est clair que si on donne des lance-missiles à des groupes rebelles, ils risquent de se les faire prendre justement par ces jihadistes. Ils risquent aussi de les vendre, tout simplement aux jihadistes et comment contrôler leur utilisation ? Ils peuvent aussi bien abattre des avions militaires que des avions civils..."


L'ONU enquête actuellement, suite à la demande du régime syrien, sur l'usage d'armes chimiques en Syrie notamment par la rébellion. Cela vous semble-t-il plausible ? Selon vos informations, le régime a-t-il également déjà fait usage de telles armes ?


Fabrice Balanche : "Il est possible que le régime ait fait usage de gaz paralysants à Homs l'année dernière par exemple pour reprendre un quartier, elle en a fait un usage assez limité. Le régime et l'opposition s'accusent mutuellement d'utiliser ces armes chimiques à Alep également pour la prise d'un lieu stratégique. C'est assez difficile à dire. Cela fait partie de la stratégie occidentale de stigmatiser le régime syrien en disant qu'il utilise des armes chimiques et le régime syrien, de son côté, se défend en accusant l'opposition de le faire, semant le trouble dans l'opinion, les médias, les agences d'information. Et cela fait partie de la stratégie de communication du régime : il fait en sorte que toute l'information qui provient de Syrie, qu'il s'agisse de l'opposition ou du régime lui-même, même si on n'y croit pas beaucoup de toute façon, soit complètement brouillée, inaudible, sujette à caution."

 

Edité le : 22-03-13
Dernière mise à jour le : 22-03-13

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
Vu au MACROSCOPE
Derniers commentaires
Archives
Publicité