Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Vu au MACROSCOPE
Visiteurs
Depuis la création 1 378 953
Newsletter
26 mars 2013

la main des chiens

 

Sur ANJOU ROUGE

Publié par Daniel Fleury sur Tuesday 26 March 2013

Jean Luc Mélenchon parlerait trop fort. C'est la dernière invention du Parti du Silence.

Les citoyens seraient tout à coup agacés, dérangés, incommodés par le tapage, nous dit-on.

Quoi de plus normal, pour des dirigeants sociaux démocrates convertis au social libéralisme, que de détester les fracas de la lutte des classes.

Quand on prêche par médias interposés, les mérites de l'accord, de l’accommodement, le genou à terre devant les oligarchies européennes, on ne crie pas par dessus le toit.

La Gauche, en faisant aboyer les chiens de garde, dérangerait le voisinage.

D'où proviennent donc les glapissements médiatiques ?

Des caricatures de Plantu aux calomnies du week end, il y a une logique politique imperturbable : tracer un trait d'égalité entre le Front de Gauche et le Front National.

Hier il s'agissait de pourchasser jusque dans ses moindres recoins la sémantique du mot

« populisme », afin de tenter de faire naître l'idée d'un marigot nauséeux d'où sortiraient des miasmes « dangereux pour nos institutions ».

Il y aurait donc deux pirogues dans le même marigot.

Le combat nécessaire contre le Front National fut présenté comme une concurrence clientéliste, à l'image d'une navigation en eaux troubles.

L'avantage de ce raisonnement est d'une part, de nier l'évidence de la lutte des classes, d'autre part, de donner des colères populaires une traduction « populace sans conscience ».

« Les invisibles, les sans voix » retournent au néant de ceux qui gueulent du fond du gouffre. Voilà bien une façon de les rendre inaudibles, pour le plus grand bonheur du Parti du Silence.

Mais avec celles et ceux qui se sont regroupés contre l'acceptation des traités européens, qui se sont levés contre la politique de licenciements, contre le libéralisme financier destructeur, il devenait difficile d'user des mêmes grosses ficelles.

On tenta bien de montrer qu'ils criaient trop fort eux aussi, quitte à montrer les grosses matraques et les gaz associés, faire danser la valse brune , mais on dû accepter que ces voix fortes posaient sur la table des questions essentielles.

Le PS usa alors d'armes qu'il pensait imparables.

Par une trahison en pleine lumière, il fit savoir qu'il y avait eu assez de bruit à Florange, que le fracas des hauts fourneaux troublaient la tranquillité du « paysage social », et dans la foulée enferma la fureur possible dans une salle où l'attendait un Medef, prêt à organiser pour lui la division syndicale, dans une ambiance plus feutrée. On initia l'ANI.

Il faut croire que certains ont aimé ça.

On allait pouvoir enfin réformer tranquille, d'autant que la droite s'en était allée crier ailleurs, en nuées d'oiseaux se disputant un bac à graines. Belle Union de Moineaux Piailleurs.

Mais quand on tente de couper les langues ici, elles se libèrent ailleurs en Europe.

Quand on propose aux peuples de souffrir en silence, on s'entend répondre un « qu'ils s'en aillent tous ».

Une main sur la bouche des peuples, l'autre dans leurs poches, les oligarchies européennes, aidées des sociaux libéraux organisent le hold up. La rente doit être sauvée, quel que soit le prix.

Alors bien sûr, quand quelqu'un crie « au voleur », cela dérange.Quand il désigne le larron, cela devient délation d'un autre temps....

Pour tenter de le faire taire lui aussi, on lâche alors les chiens.

Mais que gardent ces chiens ? Quelle autorité ont-ils pour couvrir de leurs aboiements ceux qui alarment le Peuple contre les pillards ?

Ces chiens mangent dans la main de ceux qui les nourrissent, et en acceptent d'autant leur collier. Ils sont d'autant plus prompts à défendre leur pitance, que leurs maîtres remplissent leurs placards.

Quel corniaud irait donc japper ailleurs et lécher les mains d'un aussi pauvre que lui, même contre une promesse de liberté ?

Alors ils organisent leurs chants de meute et mordent si besoin, comme ils ont appris à le faire avec d'autres maîtres.

« La classe ouvrière, écrit Marx, peut se contenter de sourire des invectives grossières des laquais de presse et de la protection sentencieuse des doctrinaires bourgeois bien intentionnés qui débitent leurs platitudes d'ignorants et leurs marottes sectaires sur le ton d'oracles de l'infaillibilité scientifique, mais elle doit apprendre aussi à répondre.

Les doctrinaires bourgeois bien intentionnés ont beau prendre parfois l'aspect de théoriciens en retraite de la II° Internationale, cela n'empêche pas les stupidités de leur caste de rester ce qu'elles sont - des stupidités. »

Que voilà donc un appel à défunt digne d'une séance de spiritisme avec des tables qui tournent. Mais en l'occurence, il s'agit du même éternel combat d'idées.

Quel dresseur a donc inculqué à ces mâtins ces faux airs de chiens de race, de pédigrées incontestables ? Ils aboient en cadence, dès lors qu'un des leurs a vu passer un lanceur d'alerte, comme les roquets le faisaient contre un facteur Besancenot hier. Jusqu'à parfois sauter le mur, comme ce week end, à la recherche d'os des années 30.

Et on s'étonne que celui qui s'est vu infliger une morsure se défende contre la meute.

Alors, comme une pierre lancée dans l'eau, sans bruit, l'onde se répand, sans qu'on puisse l'empêcher d'atteindre le bord.

Et je m'étonne qu'il soit des camarades qui réclament eux aussi le silence.

Je m'étonne d'entendre et lire ici ou là des appels au calme, heureusement peu nombreux, comme des ronds dans l'eau.

Les mêmes sentencieux qui hier demandaient déjà d'être polis, insultant sans le savoir au passage celles et ceux que nous étions censé défendre, « les bruyants condamnés », appellent à cesser « le bruit et la fureur » pour se concentrer sur les vrais problèmes.

Nous ferions donc trop de bruit en dénonçant la finance ? Nous ramènerions la lutte des classes au beau milieu d'un salon feutré où l'on cause élections ?

Le Front de Gauche sait et peut faire plusieurs chose à la fois.

Il sait prendre en charge inlassablement les ripostes contre toutes les attaques libérales,

il sait proposer avec force une alternative politique,

il sait travailler à l'unité au cœur de la Gauche,

il sait combattre avec constance l'offensive idéologique de la pensée sociale libérale,

et il est capable en même temps de défendre l'honneur d'un camarade et l'aider à soigner ses blessures.

L'un n'empêche pas l'autre, et quand j'entends que d'aucuns voudraient se joindre à la musique du Parti du Silence, c'est à mon tour de montrer les crocs. Un communiste défendra toujours un camarade de combat.

"Pas de muselière, nous en sommes fiers !"

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
Vu au MACROSCOPE
Derniers commentaires
Archives
Publicité