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31 mars 2013

La diatribe de Richard Bohringer contre l’impuissance politique ONPC 30.3.13

 Sur RUE 89

31/03/2013 à 10h10
Pierre Haski | Cofondateur Rue89


A l’applaudimètre, l’acteur Richard Bohringer est gagnant. Sa tirade, samedi soir face à Henri Guaino à l’émission On n’est pas couchés, sur les politiques qui ne sont plus que des « prestataires de service », a fait mouche.

Henri Guaino était le bon client dans le rôle du chiffon rouge, après ses excès verbaux à répétition, d’abord sur le « mariage pour tous », puis dernièrement après la mise en examen de Nicolas Sarkozy.

Politique de fraîche date puisqu’il a longtemps été un homme de l’ombre, notamment « speech writer », conseiller et auteur des discours de Nicolas Sarkozy à l’Elysée, le moins qu’on puisse dire est qu’il ne s’est pas fait remarquer par une approche novatrice de la vie politique ces dernières semaines.

 

Richard Bohringer ne l’a pas raté. Grande gueule à la voix rocailleuse, avec des accents mi-populistes, mi-indignés, l’acteur a parlé avec ses tripes sur l’état actuel de la France. Et il a dit ses quatre vérités à Henri Guaino qui, même avec un cuir endurci, a dû accuser le coup.

Après avoir évoqué les « cinq millions de chômeurs », les « huit millions de personnes qui vivent avec moins de mille euros par mois », il a réglé son compte à la classe politique.

 

 

Trente ans de politique naze

« Depuis trente ans, il n’y a rien eu de fait. Il n’y a pas eu de vision, pas eu de point de vue, on n’a rien jeté dans l’avenir, rien du tout. Trente ans de politique naze, gauche et droite.

Je crois, visitant beaucoup la France, dans beaucoup de villes, beaucoup d’endroits, dans beaucoup de régions martyrisées, par le non-emploi, le chômage, la déficience des services sociaux, le rejet de la société, alors que Paris reste encore la Babylone magnifique qui se prend pour la France... Paris n’est pas la France (applaudissements)...

Je trouve que, en ces temps troublés, tellement troublés, tellement troublants, que les politiques, qu’ils soient de gauche, qu’ils soient de droite, ne se taisent pas enfin pour être dans la même flamme, dans le même univers... On parle de République, de républicains...

Mon cœur bat quand j’entends ça, mais pourquoi il n’y a pas de République ? Pourquoi il n’y a pas de républicains ? Parce qu’on n’est pas républicains quand on se sépare comme ça, quand on balance les anathèmes, et à gauche, et à droite, et quand le peuple, qui est en bas, qui est dans la merde, reçoit tout comme ça, je trouve ça très indécent de la part de la classe politique. »

 

 

« Le politique est un prestataire de service »

« D’ailleurs je pense que [...] le politique, qu’il soit femme ou homme, aujourd’hui en tous cas (peut-être que demain j’aurai changé d’avis), il ne sert plus à rien. C’est un prestataire de service. La preuve, c’est que ces putains de dettes, qui emmerdent tout le monde, qui mettent les peuples à plat, qui les mettent à genoux, on n’arrive pas à les éliminer.

Moi, républicain, payant mes impôts, etc., je voudrais que toutes les dettes de ces pays soient annulées. Et je peux vous dire que là, le problème du chômage, le problème des constructions, le problème de l’avenir pour nos enfants et ainsi de suite, il aurait une grande chance d’éclater et vraiment de revenir vers la vie.

Tant qu’il y aura ces histoires de dettes qui mettent à plat les peuples, et comme vous les politiques vous n’arrivez pas à les éliminer parce que la banque est plus forte que vous, c’est elle qui vous imprime la destinée de notre peuple et pas vous (applaudissements et bravos). »

Cette diatribe très applaudie est très révélatrice du climat politique. Richard Bohringer n’est évidemment pas un supporter du FN, et pourtant, il y a en creux la même critique de l’« UMPS », c’est-à-dire gauche et droite responsables de la crise actuelle, et une classe politique irresponsable.

Qui peut nier que cette idée n’a pas progressé dans des secteurs inattendus de la société française ? Et on constate le même phénomène dans les autres sociétés européennes, comme l’ont montré à leur manière les élections italiennes récemment.

Richard Bohringer n’est pas un activiste politique, il parle avec ses tripes, pas toujours de manière politiquement correcte, mais il pointe assurément un double phénomène :

  • le clivage Paris-Province, clairement apparu aux élections de mai et juin derniers, avec une Marine Le Pen à moins de 5% dans la capitale et à trois fois plus au moins ailleurs dans le pays ;
  • l’exaspération de l’opinion face à une classe politique qui est très forte pour des joutes oratoires spectaculaires, mais beaucoup moins pour proposer des visions d’avenir pour un pays en crise. Les épisodes des derniers mois comme la crise de leadership de l’UMP, le débat sur le « mariage pour tous » à l’Assemblée nationale, ou encore la crise de nerfs de la droite autour du sort de Nicolas Sakozy, l’ont amplement montré.

 

Impuissance politique

La prestation de François Hollande jeudi soir, dont Richard Bohringer a souligné qu’il n’était pas seul responsable de l’état du pays, a renforcé ce sentiment d’impuissance.

La « boîte à outils » du chef de l’Etat aura peut-être un impact statistique sur la courbe du chômage à la fin de l’année comme il le promet, elle n’offre ni vision globale pour le pays, ni même une perspective enthousiasmante pour qui se demande à quoi va ressembler la France dans cinq ou dix ans.

Alors, tous pourris et/ou inutiles ? C’est le grand danger de la période actuelle, de délégitimer la politique, au profit de forces dont on ne sait pas qu’elles aient un programme alternatif, et une éthique telle qu’on aurait envie de leur confier les clés de notre avenir... Au contraire.

La sortie d’un acteur, un samedi soir dans une émission de variété, face à un représentant un peu caricatural de la vanité politique, devrait sonner comme un avertissement à ceux qui, comme ils l’ont toujours fait, espèrent s’en sortir par quelques tours de passe passe à l’heure des rendez-vous électoraux. Le pays, semble-t-il, aura du mal à s’en contenter.

 

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Commentaires
J
Deux conseils<br /> <br /> - quelques graines d’ellébore calmeraient vos angoisses<br /> <br /> - évitez de polluer ce blog en y déversant votre bile: ma patience n'est pas infinie.
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J
@Ereux Vous commencez semble-t-il à prélever quelques informations. Continuez, vous êtes sur la bonne voie. Mais je vous mets en garde: l'interprétation trop rapide ou un peu "olé olé" est souvent un exercice périlleux. Il vous reste à étayer et mettre en cohérence vos affirmations . Ce deuxième stade est crucial <br /> <br /> <br /> <br /> Ceci dit bravo poir votre suggestion "Finalement, le mieux ne serait pas de choisir des dirigeants qui ont en tête l'intérêt commun plutôt que de l'intérêt de leur parti et leur personne à se faire réélire en cherchant le moins possible à fâcher le bon peuple?" ...qui me paraît à moi aussi tout à fait pertinente.;-D
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E
En réponse à Ereux, il faut faire un audit de la dette pour séparer ce qu'on a vraiment emprunté des taux d'intérêt. Sinon, on va se retrouver dans le cas de l'emprunt Giscard: 7 milliards empruntés (à 7%), 93 milliard remboursés. <br /> <br /> C'est exactement de la même manière que les dettes sont devenues aussi importantes, par manipulation financière. Avant la loi 73-7 du trésor public (passée par le même Giscard, tiens), les états pouvaient se financer eux même. La classe politique nous a livré pieds et poings liés aux banques. <br /> <br /> Les même hommes qui nous ont poussé dans le système de la dette l'ont regardée patiemment enfler jusqu'à devenir impossible à maîtriser et ce sont eux qui veulent nous vendre pour la rembourser. Comme disait Coluche, ce n'est pas avec ceux qui ont crée les problèmes qu'il faut espérer les résoudre.<br /> <br /> <br /> <br /> Ce qu'il faudrait, c'est refuser en masse de perpétrer la mascarade en choisissant des dirigeants ne faisant pas partit de cette classe soumise à la finance. Malheureusement, trop de personnes ignorent le tour de passe passe et continueront à adhérer au système, faute d'information juste, faute de conscience politique.<br /> <br /> <br /> <br /> La solution alors? L'éducation populaire, peut-être. Commençons par ré-écouter "Inculture" de Franck Lepage. :-)
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J
Aucune prétention du "blog de jocelyne". ;-) Contrairement à d'autres avec ou sans blog.<br /> <br /> Un simple conseil: se renseigner ... Encore faut-il sacrifier un certain temps (un temps certain) à de nombreuses lectures, avec une certaine humilité mais aussi une méfiance envers des vérités bazardées d'en haut pour créer une pensée unique. Ne vous gênez pas: ce blog est une petite bibliothèque .
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E
Ah, vous donnez des liens. En voici un: http://fr.wikipedia.org/wiki/Dette_publique_de_la_France<br /> <br /> Oui, je sais, Wikipédia, ce n'est pas tres sérieux...mais cela vaut bien le "blogdejocelyne".
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