La gauche caviar dans ses petits souliers
Dagens Nyheter |
Annika Ström Melin |
16 avril 2013
Après les mensonges du ministre du Budget Jérôme Cahuzac sur ses comptes secrets à l'étranger, la coupe était pleine pour François Hollande. Depuis le 15 avril, les membres du gouvernement sont tenus de rendre publique leur déclaration de patrimoine, et un nouveau projet de loi prévoit que tous les parlementaires, grands élus locaux et hauts responsables de l'administration devront également se plier au même exercice.
Les parlementaires exposés à la corruption
La nouvelle n'aurait dû surprendre personne. Les parlementaires français sont particulièrement exposés au risque de corruption, concluait Transparency International dans une étude de 2011, en pressant le gouvernement français d'introduire des règles de transparence.
Aucun pays au monde n'ignore que les responsables politiques qui ne sont pas tenus de déclarer leur patrimoine sont tentés d'accepter les pots-de-vin. C'est la raison pour laquelle les Nations unies souhaitent que tous les pays prennent des mesures de transparence en la matière. A ce jour, la convention de l'ONU [contre la corruption] a été ratifiée par 166 Etats.
Le système suédois : indécent aux yeux des Français
Mais voilà : en France, le patrimoine est un sujet sensible. Dans un pays où les hommes politiques peuvent se vanter librement de multiplier les conquêtes [féminines], le système suédois n'est pas loin d'être jugé indécent. Le fait que n'importe quel citoyen suédois ait accès à la déclaration d'impôt de son voisin et puisse savoir ce qu'il gagne est inconcevable à leurs yeux.
La droite française tire à boulets rouges sur le projet de loi de François Hollande. Mais la "nouvelle donne" du président français courrouce aussi à gauche, chez certains barons du parti. Pour le président de l'Assemblée nationale, le socialiste Claude Bartolone, ces nouvelles règles s'apparentent ainsi à du "voyeurisme".
Naturellement, ces cris d'orfraie s'expliquent en partie par la honte ressentie. De nombreux membres du gouvernement socialiste dévoilent des fortunes, et la gauche caviar est évidemment dans ses petits souliers.
Certains tentent de désamorcer le malaise par une pirouette. La ministre de la Culture Aurélie Filippetti déclare ainsi qu'elle possède, outre un vaste appartement à Paris, un "tee-shirt de David Beckham". Ce faisant, elle ridiculise le nouveau cadre réglementaire tout en affichant son dédain pour une transparence pourtant nécessaire.
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- Annika Ström Melin |
- 16 avril 201