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11 mai 2013

CopyCat. Le pourquoi de la copie des symboles chavistes.

Sur le blog d'ANNE WOLFF

 CopyCat. El porqué del Copiar los símbolos del Chavismo. 

Orlando Romero Harrington 

Artiste,communicateur audiovisuel. Homme de gauche. Universel, local, simultanné, omniprésent. Epoux, père, professeur, et vénézuélien. Révolutionnaire. 

Twitter: @orhpositivoatak

 

La perception est une activité constante, qui englobe de nombreux processus indépendants. Sur le plan qui nous intéresse, la communication est la manière par laquelle l’être humain se met en relation avec la construction sociale à partir de l’usage physiologique du ressenti, comme ouverture pour élaborer relations, idées, concepts et aussi ses actions et sentiments. Pour cela ce champ est devenu vital  pour la société contemporaine, et son investigation ou sa manipulation au service d’intérêts concrets est habituelle dans les domaines publicitaires, institutionnels et par-dessus tout, politiques

Venons-en aux faits. J’appelle CopyCat la stratégie utilisée autour du marché qui consiste à copier les symboles de la concurrence (nous entendons que la publicité est conçue comme une bataille, et l’usager comme un trophée. Enfin, … l’argent de l’usager) obtenant de transférer à son compte propre, quelques connotations gagnées par son antagoniste. Il faut garder en tête le fait suivant : il n’existe pas de références concrètes à cette stratégie, ni dans les annales du marketing, ni en publicité, ni en politique. Le grand laboratoire médiatique qu’est le Venezuela nous offre à nouveau la possibilité de nourrir une réflexion à partir d’une stratégie impériale, de caractère psychologique. 

Mettons les choses dans leur contexte. La méthodologie est claire : Utiliser les symboles du chavisme dans un double but : premièrement s’attribuer la charge symbolique accumulée pendant 14 années par le Gouvernement Bolivarien, qui a développé avec ses qualités et ses défauts, un Système d’Iconographie concret. Etoiles, trois couleurs nationales, Simon Bolivar et ses images, logos, symboles, etc… Il est important d’exposer le formidable travail réalisé par Chavez, pour restaurer la conscience nationale, la tradition, l’histoire. Par son action quotidienne, Chavez était un référent historique, une résonance entre le passé et le présent, qui catalysait la réflexion, l’imagination des spectateurs et la valeur de l’histoire comme plateforme de nationalité. L’enracinement d’un peuple exprimé dans un langage facile à comprendre, concret, émotionnel.

En raison de cette manière singulière de considérer l’importance du passé pour dérouler le futur, le peuple vénézuélien s’est doté d’une immense charge de référence audiovisuelles, qui forment partie de l’imaginaire collectif y qui par lui sont associées, à Hugo Chavez. Les exemples sont innombrables, il suffit de dire que les trois couleurs nationales ont une étoile supplémentaire : Chavez.

Les enquêteurs de l’antichavisme, les représentants de la bourgeoisie  de droite et bourgeoisie transnationale mal-en-point prétendent s’approprier ces symboles selon la méthode du CopyCat. Le premier objectif est clair et transparent. Les dévaloriser. Pour le spectateur moyen, les symboles sont des signes qui ont une vaste signification (laquelle vient de l’usage répété des mêmes en différents espaces sociaux et géographiques). Prenons par exemple l’emblème de la croix rouge. C’est un signe, parce qu’il re-présente l’Institution Croix Rouge. Mais c’est un symbole en tant qu’il re-présente la santé, l’assistance médicale, la sécurité, les médecins, la neutralité, etc. La différence alors avec un de nos symboles, de l’emblème du Bicentenaire avec un Bolivar qui cavalcade sur (et avec) l’Amérique Latine découle que le pouvoir symbolique du signe est expansif. Bataille, union, leadership, indépendance, histoire, hommage, Révolution, ce symbole englobe par sa nature graphique pratiquement toutes les valeurs et concepts dans lesquels se fonde la Révolution Bolivarienne.

Certainement, la valeur la plus importante est la valeur émotionnelle, affective et passionnelle que le peuple chaviste a développée autour de sa présence. Des milliers de banderoles, affiches, pancarte, promotion ont été véhiculées à cet usage. De manière inclusive, lors de la célébration du Bicentenaire de l’Indépendance du Venezuela, il fut utilisé comme logo de début ou de fin  pour toute l’information de l’état. De là, on peut conclure que c’est un symbole qui a des racines dans la population.

Que signifie alors l’usage de ce symbole parla droite ? Habilement, le candidat de l’antichavisme a monté une intrigue avec un secteur de la population, qui s’est autoproclamée comme ex-chavistes, qui appuie sa candidature. Et précisément le symbole de ce « regroupement » est celui du Bicentenaire. Segmenté. Sans l’Amérique Latine.

Cette action n’est pas seulement électorale. On pourrait dire que l’utilisation du symbole à un spectre, un champ d’action qui ne se limite pas aux élections du 14 avril. Et qu’elle veut démontrer, de manière médiatique, qu’il y a un secteur (chaviste) mécontent du Gouvernement Bolivarien.  C’est la perle, le trésor le plus appétissant pour les think thanks de l’antichavisme.  Segmenter la conscience populaire, à partir de campagnes et d’une guerre psychologique destinées à affaiblir la structure de la Révolution Bolivarienne et au moins au niveau électoral, gagner ses votes. Ils s’impliquent à fond dans cette croyance et c’est logique. Avec 16 élections perdues sur 17 réalisées, c’est une honte internationale leur médiocre travail sur ces terres. Ils ne comptent pas pour Bolivar et ses enfants, semble-il.

Ce n’est pas seulement une stratégie électorale, c’est une stratégie de consolidation d’une fracture iconique. La rupture se produit quand le spectateur est confronté de manière répétitive avec un signifié totalement contraire à celui qui est habituel. La réaction espérée est le rejet, l’oubli, la perte de cette valeur symbolique agrégée. Je répète que ce n’est pas une stratégie à court terme. Cette stratégie vise à supprimer ces connotations (révolutionnaires) pour les générations futures, Autrement dit, l’antichavisme vise à supprimer la charge historique de la Révolution Bolivarienne. Dans sa  morphologie (celle du symbole utilisé par l’antichavisme) la visée est fort claire. Segmenter l’Amérique Latine de la composition, niant le caractère internationaliste, la solidarité et le concept de Grande Patrie, piliers des relations internationales du Bolivarisme.  En plus, cette section élimine également (symboliquement) le leadership assimilé par le Venezuela dans la région et la figure de Bolivar libérateur et son homonyme, Hugo Chavez. L’usage de la couleur rouge renvoie définitivement à une situation locale (le prétendu vote chaviste pour Capriles, cherchant l’identification). Mais sans dissimuler l’intention. Fracturer. Introduire  la confusion. Reléguer dans l’oubli.

Il y a aussi des exemples concrets. L’usage de la casquette tricolore avec les 8 étoiles, ce fut une initiative du Président Chavez, qui était également un grand sportif. En soi, c’était une démonstration de patriotisme, d’appartenance à une nouvelle patrie née de la révolution. L’antichavisme reprend pour soi l’usage de la casquette comme identification de l’appartenance à une nation et automatiquement évacue le sens originaire de cet objet. Et ceci, nous conduit au second objectif. Isoler le chavisme comme mouvement politique, et attribuer à la droite le caractère patriotique, régional. 

On comprend dès lors le pourquoi du nom donné par l’antichavisme à son commando de campagne, Simon Bolivar. On comprend l’appropriation de symboles dans un contre-usage qui les opposent à la Révolution Bolivarienne. Ils essayent de s’autoposer en tant que partisans de Bolivar,  avec des symboles qui possèdent une connotation précise pour le peuple afin d’attaque le candidat de la Révolution sur le terrain du nationalisme. Et ce nationalisme passe par la délimitation de la figure de l’ennemi, en l’associant à Cuba, en disant que nos ressources sont offerte en cadeau  à des pays étrangers, élaborant un dossier sur de supposés pères colombiens (de Maduro NdT), etc… Dangereusement, l’antichavisme joue avec les plus sinistres phénomènes sociaux ; la xénophobie, le nationalisme exacerbé aux colorations fascistes. Valeurs totalement et absolument opposées à l’exécution et au développement d’une politique solidaire, internationaliste, moteur de l’Union Sud-Américaine, et multipolaire contre l’Empire Nord-Américain.

La même chose se produit avec le brassard tricolore dont use le peuple chaviste en signe de deuil face au décès de Chavez. De re-présenter patriotisme, affect, tristesse et une démonstration publique d’attachement au processus bolivarien, l’antichavisme l’a converti en un simple article d’ornement qui annonce le slogan de campagne de Capriles. Et ainsi, dans cette dynamique de guerre psychologique, nous assisterons alors à un processus imminent de CopyCat,pas seulement des artéfacts ou des émissions audiovisuelles. Contemplerons-nous en silence comment la droite locale, indolente, et ennemie inflexible des politiques publiques révolutionnaires se les attribue comme siennes, promettant de les défendre et de les maintenir ; le discours soigné, pensé et projeté par ses conseillers qui ont déjà trouvé la manière la plus adéquate pour y mettre un terme, s’ils arrivent au pouvoir. 

Conclusion, ce qu’il nous reste à faire est résister, cette résistance passe par la dignification de nos symboles, ne pas tomber dans les provocations et maintenir la vigilance. Je ne suis pas prophète. Mais la vraie tristesse, la dépression viendra le 15 avril 2013 dans différents quartiers de l’est de la capitale. Après la défaite, ils bruleront leurs casquettes, calicots et brassards alors qu’ils ordonneront à leurs employés de faire leurs valises et le billet (de voyage) à la main, chercheront une nouvelle vie dans un contexte moins révolutionnaire, qui ne sente pas tant le peuple et la revendication. Un nouvel espace qui les exploite mais leur fournit les marchandises bariolées des supermarchés. Qui leur apporte la sécurité pour profiter des nuits, parce que les pauvres sont plongés dans la guerre ou envoyés dans les chambres à gaz. Un espace moins métissé. Bref, un espace moins chaviste. Au revoir.[i]

Source espagnole CopyCat. El porqué del Copiar los símbolos del Chavismo. | Guerra Digital para la Resistencia Mental  

(Guerra Digital para la Resistencia Mental)

 

 

J’ai traduit ce texte qui donne un éclairage intéressant sur une des stratégies de manipulation utilisée dans la guerre psychologique par les déstabilisateurs politiques comme par les publicitaires. En l’occurrence, il est question spécifiquement de l’utilisation de cette stratégie par la droite vénézuélienne lors de la dernière campagne présidentielle. Mais sa portée est universelle. Ecrit avant les élections, je n’ai pu traduire sa conclusion sans un gros serrement de cœur.

Anne Wolff

 

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