Le PS et la farce de l’unité de la gauche: l’exemple de la Seine St Denis.
En Allemagne donc la gauche est majoritaire en voix. Elle totalise 319 sièges contre 311 à la droite. Pourtant, Angela Merkel sera bien chancelière pour la 3eme fois consécutive. Et à en croire Gérard Filoche, par exemple, et un bon nombre de socialistes de «l’aile gauche » du PS français, la faute en incombe à la gauche radicale qui refuse l’alliance avec le SPD en Allemagne. 
Il n’est même pas besoin d’être un foudre de l’analyse politique pour comprendre où veulent en venir nos socialistes français « de gauche ». Si, d’aventure, la gauche devait perdre les prochaines élections municipales et européennes à venir, ce serait, là aussi, la faute à la gauche radicale qui refuse tous compromis des deux côtés du Rhin. Sauf qu’en Allemagne comme en France, les fauteurs de trouble à l’unité ne sont ni Die Linke, ni la Front de Gauche.
En Allemagne, le SPD, l’équivalent de notre parti socialiste français, a toujours été extrêmement clair. Il refuse la moindre alliance programmatique avec Die Linke. Car, à l’inverse de Die Linke, il croit que la solution à la crise économique, sociale et environnementale qui touche toute l’Europe réside dans l’application d’une politique d’austérité qui s’articule autour de la politique de l’offre si chère à la CDU en Allemagne, à l’UMP en France. Raison pour laquelle les responsables du SPD allemand ont toujours affirmé leur prédilection pour un gouvernement de coalition avec Angela Merkel plutôt qu’avec Die Linke. Le SPD est donc, en Allemagne, l’unique et le seul responsable de la victoire de la droite allemande.
Venons-en maintenant à la France. Partout où ils le peuvent, les socialistes français, y compris ceux de son aile gauche, prétendent que l’union contre la droite est la seule alternative possible quand on est sincèrement de gauche. Ainsi ne comprennent-ils pas pourquoi la ligne majoritaire au sein du Front de Gauche est celle de listes autonomes lors des prochaines élections municipales. Enfin, disons plus véritablement qu’ils font mines de ne pas comprendre. Ainsi, pour eux, l’alpha et l’oméga de la stratégie de conquête du pouvoir devrait être le front uni contre la droite…y compris si, comme en Allemagne, il s’agira, après l’hypothétique victoire électorale, de mener une politique de droite. L’essentiel étant donc de faire triompher la gauche contre la droite. Sauf qu’en réalité leur dessein politique n’est absolument pas de faire triompher la gauche, mais bien plus sûrement de fabriquer quelques élus socialistes de plus.
Venons-en donc plus particulièrement à la Seine Saint Denis, département de France que nous connaissons comme notre poche pour y vivre d’une part, mais également pour y avoir été un cadre fédéral du PS 93 jusqu’en octobre 2011 d’autre part. 
Déjà, lors des débats en conseils fédéraux les objectifs étaient particulièrement clairs. Gagner des positions sur les bastions communistes. La méthode elle aussi était très clair: introduire la zizanie au sein du Front de Gauche pour y parvenir si nécessaire. Exit la peur de la droite potentiellement victorieuse, Par dessus la jambe l’unité politique de gauche pour faire reculer la réaction et le conservatisme politique de l’UMP et du FN. L’objectif absolue: faire du département de la Seine Saint Denis un département totalement et uniquement socialiste rien que pour le plaisir d’avoir une carte rose, bien rose, uniquement rose. L’autre objectif étant d’être en capacité d’offrir des débouchés, des postes donc, aux nombreux postulants à une fonction électives.
A Saint Denis par exemple. 
Alors que l’unité de toute la gauche aurait été un fabuleux signal envoyé, Mathieu Hanotin, pourtant déjà député et Vice Président du conseil général du 93, annonce sa candidature et sa ferme intention de « ravir » la mairie au maire sortant communiste. Son désir de « sortir » le PC de la ville ne date pas d’hier mais de longue date, croyez-nous sur nous sur parole. Aussi, sa victoire avec 5 ans d’avance sur le plan d’action aux législatives de 2012 lui a donné des ailes. Son argument massue: il n’existe aucun risque à droite. Et bien chiche, en réalité nous sommes, A gauche pour de vrai! totalement d’accord. Laissons les électeurs trancher le débat démocratique lors d’un premier tour où les citoyens seraient les seuls souverains!
A Montreuil par exemple. 
Alors que le débat devait se résumer à un choix simple, celui du Front de Gauche emmené par Patrick Bessac et celui d’une coalition sortante EELV/PS emmenée par Dominique Voynet, Razzy Hammadi, jeune député PS s’invite dans le bal et affirme son intention de devenir maire de Montreuil. L’ambition du PS 93 sur la ville de Montreuil, autre ville du département de plus de 100 000 habitants, ne date pas d’hier non plus. Le parachutage de Hammadi en 2011 dans la perspective des législatives de 2012 n’avait aucun autre objectif. Là encore l’argumentation est la même. Il n’existe aucun risque de droite à Montreuil. Et bien chiche, en réalité nous sommes, A gauche pour de vrai! totalement d’accord. Laissons les électeurs trancher le débat démocratique lors d’un premier tour où les citoyens seraient les seuls souverains!
A la Courneuve par exemple. 
Stéphane Troussel, l’actuel Président du Conseil Général du neuf trois veut en découdre contre le maire sortant PC. Là aussi l’argument est le même. Les électeurs ont le droit de choisir entre le Front de Gauche et le PS. Sauf qu’en réalité, là aussi, l’ambition des socialistes n’est pas le triomphe de la gauche. Sinon, une alliance, une liste unique en ferait la démonstration par les actes. Là encore, les débats en conseil fédéral des socialistes du 93 ne datent pas d’hier pour « prendre » la ville aux communistes. Et bien chiche, en réalité nous sommes, A gauche pour de vrai! totalement d’accord. Laissons les électeurs trancher le débat démocratique lors d’un premier tour où les citoyens seraient les seuls souverains!
A Villetaneuse par exemple. 
Un certain Karim Bouamar, qui siège au conseil municipal, rentre dans la course aux postes, aux débouchés, aux récompenses en sièges de conseillers municipaux à l’égard des copains et des copines qui, eux aussi, elles aussi, veulent « en croquer ». Et là aussi, l’argument d’une droite incapable de prendre la ville est avancé plutôt que celui d’une gauche unie derrière un programme de gauche concerté. Et bien chiche, en réalité nous sommes, A gauche pour de vrai! totalement d’accord. Laissons les électeurs trancher le débat démocratique lors d’un premier tour où les citoyens seraient les seuls souverains!
Ces 4 socialistes ouvertement candidats contre des sortants du Front de Gauche ou de leurs alliés d’EELV ont un point commun. Ils se réclament tous les 4 de la gauche du PS. Tous les 4 ont soutenu Martine Aubry aux primaires de 2011 parce qu’ils prétendaient ne pas croire dans la capacité de François Hollande à mener une véritable politique de gauche dans le pays. Tous les 4 prétendent œuvrer pour l’unité de la gauche, de toute la gauche. Les voilà maintenant clairement dans la position d’opposant locaux au Front de Gauche ou à EELV. Belle leçon d’unité n’est-ce pas?
Aussi est-il particulièrement étonnant de voir les socialistes s’indigner lorsque le Front de Gauche, ou la quasi totalité de ses composantes, appellent à la constitution de listes autonomes au premier tour des prochaines municipales. Cette indignation à géométrie très variable n’a qu’un seul objectif. Détourner les citoyens de leurs manœuvres électoralistes qui révèlent leur véritable nature: la recherche de l’hégémonie au détriment du débat démocratique. Sinon, ils accepteraient sans broncher la logique de listes autonomes Front de Gauche comme ils demandent au Front de Gauche d’accepter leur logique de listes autonomes PS.
En fins tacticiens qu’ils sont, ils savent qu’en procédant de la sorte ils sèment le trouble au sein du Front de Gauche, en particulier au sein du Parti Communiste Français, composante indispensable du cartel de la gauche alternative et radicale. Ils espèrent même voir ce cartel « exploser en vol », comme nous l’avons entendu dire lors de certains conseils fédéraux socialistes…Alors que la ligne est pourtant claire et totalement en phase avec celle du parti socialiste de la Seine Saint Denis elle même finalement à en croire Hanotin, Hammadi, Troussel ou Bouamar: laissons les électeurs trancher le débat démocratique lors d’un premier tour où les citoyens seraient les seuls souverains! Alors qu’ils cessent, les sortants socialistes, le chantage, voire la menace à l’éviction lors d’éventuelles discussions de second tour sur la base d’un rapport de force décidé par le peuple souverain. Et du côté du Front de Gauche ne les croyons pas capables de tenir un tel chantage jusqu’au bout. Car d’évidence, au soir du premier tour des municipales, ils n’en n’auront pas les forces, et ils le savent! Et ils le craignent!
Sydne93
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