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2 janvier 2014

Philharmonie de Paris : comment Delanoë et Hidalgo ont voulu cacher une dette de 151 millions d'euros dans le budget municipal

 

Sur POLITIQUE

 

Philharmonie de Paris : comment Delanoë et Hidalgo ont voulu cacher une dette de 151 millions d'euros dans le budget municipal

Le Canard enchaîné · 30 déc. 2013 à 13:56 · Commentaires 0

Philharmonie de Paris

Pas encore ouverte, mais déjà la cacophonie. En 2015, une nouvelle salle de spectacle de 2 400 places doit ouvrir Porte de Pantin à Paris. Il s'agit de la Philharmonie de Paris, un projet co-financé par la mairie de Paris et l'Etat pour un coût atteignant 386,5 millions d'euros (soit trois fois le coût initial) et comprenant une salle de concert, six salles de répétitions, dix studios, un foyer, une salle polyvalente, un lieu d'exposition et trois restaurants.

Une dépense injustifiée ? C'est l'avis des détracteurs de ce projet qui considèrent que Paris n'avait pas besoin d'une nouvelle salle de spectacle de ce type, les salles existantes comme Pleyel, Gaveau, le théâtre des Champs Elysées ou encore la Cité de la musique n'ayant un taux de remplissage que de 70% en moyenne. Mais qu'importe, le projet, remporté par le groupe Bouygues, est lancé. En revanche, c'est son financement, caché, qui est aujourd'hui épinglé par une enquête du Canard enchaîné.

 

Une dépense quasiment invisible dans le budget de la mairie de Paris

La moitié du financement de la philharmonie de Paris est assurée par la mairie, à hauteur de 151 millions d'euros. Une grosse somme, qui, curieusement, n'apparaît pas dans le budget de la ville de Paris comme l'a relevé Le Canard enchaîné. "Le Conseil de Paris n'a jamais voté un budget en bonne et due forme pour financer cet investissement", assure l'hebdomadaire. Lequel n'a trouvé trace de ce projet que dans deux "subventions exceptionnelles", qui seront versées en 2014, d'un montant de 15,6 millions d'euros. A quoi correspond cette somme ? Aux premières échéances de prêt contracté par "l'Association Philharmonie de Paris", qui est le maître d'ouvrage du projet. Oui, car au lieu d'emprunter directement ou de financer le projet sur ses fonds propres, le maire Bertrand Delanoë et Anne Hidalgo (membre de droit du conseil d'administration) ont mis en place un montage financier destiné à cacher le coût des 151 millions d'euros pour la ville : c'est l'association qui a emprunté la somme auprès d'une banque, la ville remboursant les échéances via des "subventions" annuelles. Ainsi, alors que la philharmonie coûtera 151 millions d'euros à la ville, seule une subvention de 15,6 millions d'euros n'est visible pour l'instant.

 

Le montage financier coûte 25 millions d'euros de plus

Selon Le Canard enchaîné, ce curieux montage financier, destiné à cacher le réel coût du projet aux contribuables parisiens, a lui-même... un coût plus élevé que si la mairie avait emprunté l'argent directement. "L'association a emprunté à la Société générale au taux de 5,2%. A un moment où la Ville empruntait à 3,5%. Le montant des intérêts est donc de moitié plus élevé que si la Ville avait emprunté directement. Soit, pour les Parisiens, une ardoise alourdie de 25 millions d'euros", calcule Le Canard enchaîné.
Contactée par l'hebdomadaire, la mairie a assuré qu'elle allait revoir les modalités d'emprunt auprès de la Société générale. Pourquoi ne pas l'avoir fait avant ? Tout simplement parce qu'en laissant "une association s'endetter à la place de la Mairie, Delanoë masque l'endettement de la Ville. L'emprunt de 151 millions n'apparaît pas dans les comptes", insiste Le Canard.

 

Le vrai coût du projet a également été caché

Si la Mairie a tenté de cacher cet endettement, c'est notamment parce que le vrai coût de la Philharmonie de Paris n'a jamais été révélé. En 2009, le premier appel d'offres pour le projet s'élevait à 175 millions d'euros. Un chiffre totalement fantaisiste : Bouygues avait fait un devis de 300 millions et le groupe Vinci de 360 millions d'euros. Après négociations, Bouygues, resté seul dans la course, a accepté de ramener le budget à 215 millions d'euros. Un chiffre encore sous-évalué de l'aveu même de Jean Nouvel, architecte du projet. Interrogé par France 2, le 9 décembre dernier, il reconnaissait que le vrai coût a été caché aux contribuables : "Si vous voulez construire, vous devez accepter les termes d'un contrat de départ dont vous savez qu'il est faux. On vous dit que, si vous dépassez de 1 euros, vous ne serez pas pris. Si on veut faire le projet, on est obligé de mentir", a-t-il déclaré. Aujourd'hui, on estime que le vrai coût de ce projet titanesque atteint 386,5 millions d'euros.

Comme il fallait s'y attendre, en pleine campagne municipale, l'UMP de Paris a vivement réagi à la suite de la publication de l'article du Canard enchaîné et a demandé au préfet de Paris d'effectuer un "contrôle de légalité" du budget 2014, jugé insincère. Et dire que les contribuables ont failli ne pas être au courant...


*** Sources
- Jean-Jacques Larrochelle, "Couacs et mauvais tempo à la Philharmonie", Le Monde, 18.11.2013
- "Le financement de la future Philharmonie dans le collimateur", 20minutes.fr, 26.12.2013
- H. Martin, "Symphonie de mensonges à la Philharmonie de Paris", Le Canard enchaîné n°4861, 24.12.2013

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