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21 janvier 2014

Genève 2 : Le piège diplomatique tendu à l’Iran s’est refermé sur sa proie

 

 

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Nous venons d’assister aujourd’hui, à un incroyable jeu diplomatique dans l’enceinte onusienne qui s’est soldé par l’éviction de l’Iran pour le 1er jour des négociations à Montreux le 22 janvier. Pour le moment rien n’est indiqué concernant la suite des négociations comme l’indique le communiqué de l’ONU - contexte en français : "In that spirit, in a series of meetings and telephone conversations, senior Iranian officials assured the Secretary-General that Iran understood and supported the basis and goal of the Conference, including the Geneva Communiqué. The Secretary-General is deeply disappointed by Iranian public statements today that are not at all consistent with that stated commitment. He continues to urge Iran to join the global consensus behind the Geneva Communiqué. Given that it has chosen to remain outside that basic understanding, he has decided that the one-day Montreux gathering will proceed without Iran’s participation."

En bref, l’Iran a donné officieusement des gages selon lesquels les bases du compromis de Genève 1 (30 juin 2012 – communiqué final) était comprises et acceptées. Cela s’est fait ces derniers jours et cela a motivé la décision d’hier d’inviter l’Iran à la conférence comme le souhaitait grandement Ban Ki Moon. Au moment de cette invitation, la Coalition Nationale Syrienne a immédiatement réagi et a menacé de se suspendre sa participation si l’Iran n’acceptait pas pleinement les dispositions de Genève 1 (l’Iran n’a pas participé à cette conférence). Les États-Unis et l’Arabie Saoudite ont immédiatement embrayé, les premiers en exigeant la même chose que la Coalition Nationale Syrienne tout en feignant la surprise de voir l’Iran invité au dernier moment (le porte-parole de l’ONU rappellera à plusieurs reprises que tout le monde était au courant), les seconds en se déclarant opposés à la présence de l’Iran aux négociations.

Ces nouveaux éléments ont forcé l’Iran à se positionner officiellement et non plus officieusement avec l’ONU (ce qui était arrangé et que tout le monde connaissait). Le souci étant au niveau de l’interprétation des dispositions de Genève 1. Depuis environ 1 mois, ce sont les États-Unis qui subordonnent la participation de l’Iran à l’acceptation des dispositions de Genève 1 seulement c’est leur propre interprétation du texte que les États-Unis voulaient faire accepter (à savoir le départ d’Assad etc… que les russes avaient soigneusement réussi à exclure du communiqué final, mais qu’une habile rhétorique avait remis sur le devant de la scène). Dans ce contexte, il était diplomatiquement impossible pour l’Iran de céder à la pression des États-Unis et de la Coalition Nationale Syrienne sous peine de révéler un abus de faiblesse. Je pense même que l’Iran a cru pendant un moment l’emporter sur ce terrain quand le porte-parole de Ban-Ki-Moon a déclaré : « Certains acteurs clés ont conditionné leur participation à l’inclusion ou l’exclusion d’autres délégations. Le Secrétaire général estime que c’est le moment de réaliser une avancée pour la paix en Syrie. Ce n’est pas le moment d’ajouter des conditions ».
L’Iran a toujours considéré que sa présence à la réunion devait se faire sans préconditions, cela était clairement connu de tous et les discours de l’envoyé spécial Brahimi excluant les préconditions pouvaient soutenir, dans l’esprit de l’Iran, sa position. Les contacts officieux avec l’ONU sur la compréhension de la situation n’étaient pas envisagés, par l’Iran, comme l’accomplissement d’une formation ou d’une condition mais comme de simples préparatifs. Une fois qu’étaient mis publiquement sur la table par les États-Unis et la Coalition Nationale Syrienne que l’acceptation des bases de Genève 1 constituait une condition nécessaire à la tenue de la conférence (soit par principe (US) soit par la menace d’une suspension de la participation de l’opposition) l’Iran avait 2 choix :
1° Dévier de sa position officielle depuis le départ pour endosser une interprétation de Genève 1 qui allait lui être opposé lors des négociations.
2° Maintenir sa ligne et se retirer des négociations par cohérence diplomatique.

C’est le second choix qui a été fait à travers un communiqué du représentant permanent de l’Iran à l’ONU :

"The Islamic Republic of Iran appreciates the efforts of the UN Secretary General and his special envoy, Mr. Brahimi, in seeking a political solution for the Syrian crisis. Iran has always been supportive in finding a political solution.

However, the Islamic Republic of Iran does not accept any preconditions for its participation in any conference. If the participation of Iran is conditioned upon its accepting the Geneva I communique, Iran will not participate in the Geneva II conference.

C’est l’Iran qui a volontairement refusé ce qu’elle assimilait à une précondition (et qui n’était pas un secret). Ce qui avait réussi à se négocier secrètement (sans doute sur la base de tractations générales) pour que l’Iran participe a été détruit par la publicité abusive et provoquée qui a forcé l’Iran à maintenir sa cohérence ou à céder face à ses ennemis dans l’urgence des couloirs diplomatiques. "Comprendre les objectifs et but de la conférence y compris le communiqué de Genève" n’est pas la même chose qu’adhérer à son acceptation pleine et entière pour devoir participer à une conférence. Pas pour l’Iran en tout cas.

Voilà la situation telle qu’elle s’est objectivement déroulée si on suit la chronologie, les communiqués et la position des différents acteurs ces derniers jours et cette journée en particulier.

Voici quelques hypothèses que je soumets à titre personnel : 
- Retarder jusqu’au dernier moment l’invitation de l’Iran à la conférence était entièrement prévu.
- Cela est en adéquation avec la rhétorique qui a conduit à refuser les préconditions tout en posant implicitement comme précondition absolue l’acceptation du contenu du communiqué de Genève 1, alors même que les interprétations divergeaient sur celui-ci. C’était une certaine interprétation qu’il fallait accepter. Confronter à une telle interprétation, l’Iran a refusé.
- Les faux effets de surprise et la panique ambiante a eu pour but de rendre nécessaire le fait de trancher de la manière la plus simple qui soit, à savoir exclure l’Iran tout en s’alignant ainsi sur la position américaine. Tout du moins la forcer à refuser ce qui apparaissait comme essentiel pour accéder à la conférence.  Juste après avoir enfin réussi à faire venir ce qui reste de la Coalition Nationale Syrienne, il aurait été impossible de compenser la suspension des négociations par la Coalition. A partir du moment où la Coalition s’était entendu la balle était dans les mains de l’Iran qui n’avait que 3 jours pour régler tout cela, et qui a du se prononcer en moins de 24h une fois que la "crise diplomatique" a éclaté.

Je pense réellement que les choses se sont passées ainsi. Quel impact sur le déroulement de la conférence ? Quelle réaction de la Russie ? …

Nous verrons.

P.S : Quelques précisions.
- L’ONU a formellement exclu l’Iran en retirant son invitation. Mais c’est l’Iran qui a décidé de ne pas participer si elle devait accepter la précondition visée. Il est donc faux de dire que l’ONU a exclu l’Iran.
- Il est également faux de dire que l’Iran ne participera pas à Genève 2, officiellement l’Iran est juste exclu de la conférence d’ouverture.

http://www.points-de-vue-alternatifs.com/2014/01/gen%C3%A8ve-2-le-pi%C3%A8ge-diplomatique-tendu-%C3%A0-l-iran-s-est-referm%C3%A9-sur-sa-proie.html

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