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24 septembre 2014

MISTRAL : «En suspendant la livraison du Mistral, Hollande met la France hors-jeu» Jacques SAPIR

Sur LE FIGARO

 

Jacques Sapir : «En suspendant la livraison du Mistral, Hollande met la France hors-jeu»

FIGAROVOX/TRIBUNE - Pour l'économiste Jacques Sapir, la décision de François Hollande de suspendre la livraison à la Russie des navires Mistral est inconséquente, et risque d'avoir de graves répercussions économiques et géopolitiques.


Jacques Sapir dirige le groupe de recherche Irses à la FMSH, et coorganise avec l'Institut de prévision de l'économie nationale (IPEN-ASR) le séminaire franco-russe sur les problèmes financiers et monétaires du développement de la Russie. Vous pouvez lire ses chroniques sur son blog RussEurope.


Le Président de la République vient de décider de “suspendre” la livraison à la Russie du 1er navire Mistral, qui devait avoir lieu en Novembre 2014. Cette décision est l'exemple même de l'incompétence et l'inconséquence qui caractérisent la politique étrangère de la France depuis plusieurs années. C'est une décision inconséquente car, si l'on voulait se concilier les bonnes grâces des pays de l'Otan et des Etats-Unis, elle aurait dû être prise il y a plus de deux mois. C'est une décision inconséquente car elle ne peut que provoquer la colère de la Russie qui voit ce retournement de la position française survenir alors même que l'on parle d'un possible cessez-le-feu en Ukraine. Par cette décision, François Hollande met, de fait, la France hors jeu dans un possible règlement de la crise ukrainienne, et ce au moment même où la question d'un règlement politique pourtant s'impose. Il contribue à aggraver la situation et donne implicitement raison à tous des boutes-feu qui traine aujourd'hui de Bruxelles à Varsovie.

Mais, cette décision n'est pas seulement une preuve d'incompétence. En prononçant la “suspension” de la livraison, François Hollande prétend jouer de l'ambiguïté d'un terme, qui n'est pas celui d'annulation du contrat. S'il croit que la Russie et les Etats-Unis seront dupes de cette lamentable astuce de langage, il se trompe. On ne conduit pas la politique étrangère d'un pays comme la France comme l'on dirige le Parti Socialiste, ce qui fut la seule responsabilité d'ordre nationale qu'exerça François Hollande dans sa carrière avant d'être élu Président de la République. Se croyant fin, mais étant en réalité calamiteux de maladresse, il envoie à tous nos alliés le plus détestable des messages, celui d'un suivisme sans principes, d'une indécision pathologique, d'une incapacité à décider et à se tenir à sa décision.

ERREUR! Exergue vide.

Cette décision est aussi une catastrophe pour l'industrie française. Qui, désormais, aura confiance en la parole de la France? Les conséquences possible de cette “suspension”, si elle se révélait être en réalité une annulation, iraient bien au delà du milliards d'euros qui a été payé par la Russie et qu'il nous faudrait rembourser, et cela sans compter les pénalités pour rupture de contrat. François Hollande, par son inconséquence, vient de porter un coup très dur à l'industrie française. Les travailleurs de l'industrie navale apprécieront, ainsi que tous les salariés qui aujourd'hui réalisent des contrats en Russie et qui pourraient bien, dans un proche futur, voir ces contrats annulés en représailles.

Il y a enfin une dernière dimension dans cette lamentable affaire qui porte témoignage de l'homme qu'est, ou plutôt n'est pas, François Hollande. On dira que, par cette déclaration, François Hollande s'est acheté à bon compte la paix pour la réunion de l'Otan qui doit avoir lieu demain, et où il aurait été mis sur la sellette par Obama et quelques autres. On n'ose imaginer quelle aurait été la réaction du Général de Gaulle, voire de François Mitterrand, dans cette situation. Mais, surtout, cette “paix” personnelle, achetée au prix de l'emploi de milliers d'ouvriers, ne fait que donner tristement raison au livre que vient de publier Valérie Trierweiler, l'ancienne maîtresse, éconduite, du Président. Elle confirme qu'il est homme de petits calculs mais aussi de grand mépris pour tous ceux qu'il qualifie de “sans dents”, tous ces pauvres qui payent le prix de sa politique. Les français risquent fort de ne pas l'oublier et de ne pas pardonner.

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