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22 décembre 2014

Gaz et rouble : les deux dernières victoires de Vladimir Poutine

Le blog du Yeti

 


Par Le Yéti - Suivre sur twitter - 22 décembre 2014
Gaz et rouble : les deux dernières victoires de Vladimir Poutine

La guerre bat son plein entre le camp occidental et la Russie. Et c’est Vladimir Poutine qui est en passe de remporter les deux dernières batailles de l’année : celle du rouble, après celle du gaz.

Conférence de presse de Vladimir Poutine, Moscou, 18 décembre 2014
Conférence de presse de Vladimir Poutine, Moscou, 18 décembre 2014

(photo : AFP/Alexander Nemenov)

Gaz : l’UE se tire une balle dans le pied

Tout a commencé par un projet de gazoduc, le South Stream, qui devait mener à l’Europe, via la Bulgarie, ce gaz russe dont le vieux continent a un impérieux besoin.

Le seul hic du projet, piloté à 50% par le russe Gazprom, c’est qu’il voulait absolument éviter le transit par l’Ukraine, pays à hauts risques en pleine décomposition économique, politique, géopolitique, militaire.

Pressée par les États-Unis, promoteurs de sanctions disciplinaires contre à peu près tous ceux qui ne leur prêtent pas allégeance, la Commission européenne tergiversa tant et si bien que Vladimir Poutine ne se le fit pas répéter deux fois :

« Puisque la Commission européenne n’en veut pas, eh bien nous ne le ferons pas, et nous réorienterons nos ressources énergétiques vers d’autres régions du monde. »

Grande bénéficiaire : la Turquie qui va hériter dans l’affaire, non seulement du terminal, mais aussi d’une remise de 6 % sur les prix et de la joie mauvaise de contrôler le robinet qui doit acheminer le précieux liquide vers cette Union européenne qui ne veut pas d’elle.

Grandes victimes : la Bulgarie, électron sacrifié de l’UE, comme quelques autres pays limitrophes de l’ex-URSS, mais aussi les compagnies occidentales parties prenantes du projet (l’allemande Wintershall, la française EDF, l’italienne ENI) et, partant, tous les pays membres de cette Union européenne qui s’est stupidement tirée une balle dans le pied.

Rouble : les réserves de la Russie

L’autre bataille livrée par Vladimir Poutine s’est déroulée sur le front monétaire, avec une attaque spéculative d’envergure qui fit gravement chanceler un rouble affaibli par la crise pétrolière et les sanctions européennes. Jacques Sapir explique très bien la manœuvre, classique, sur son blog :

« On achète du dollar en vendant des roubles, ce mouvement fait chuter le rouble, puis on revend ces dollars, provoquant une légère remontée, mais à un niveau inférieur à celui auquel on les a acheté. Le spéculateur est ainsi gagnant. Songeons qu’il a pu acheter des dollars entre 63 et 65 roubles et les vendre entre 77 et 72 roubles. »

En passant, certains visaient probablement à couler l’économie russe dans son ensemble. Mais c’était compter sans les ressources dont dispose la Russie (et qui font cruellement défaut aujourd’hui au camp occidental) :

  • des réserves de change solides à la Banque centrale russe : 420 milliards, soit un ratio de 12,5 % (contre 1,26 % à la Fed US) ;
  • un stock d’or conséquent pour soutenir la monnaie nationale : 6 % de la masse monétaire russe (contre... 0 % à la Fed) ;
  • une dette publique très faible : 9% du PIB, soit en proportion dix fois moins que la France.

Dès le mercredi 18 décembre, la Russie puisait dans ses réserves et parvenait à inverser la courbe descendante du rouble avec un redressement spectaculaire de +13 % en une seule journée, qui allait se poursuivre à un niveau moins soutenu mais assuré jusqu’à la fin de la semaine (+23,9 % au total). Imaginez la tête des spéculateurs, avec leurs monceaux de dollars achetés entre 63 et 65 roubles... et n’en valant plus que 58,5 !

Mouvement des cours du rouble pour 1 dollar
Mouvement des cours du rouble pour 1 dollar

(sources : MICEX et Banque centrale de Russie)

La lente et chaotique recomposition géopolitique du monde

Remporter des batailles ne vous assure évidemment pas de gagner la guerre. D’autant que toute bataille fait des dégâts chez tous les combattants, vainqueurs compris. Vladimir Poutine le reconnaissait aisément dans une conférence de presse tenue à Moscou le jeudi 18 décembre.

Mais, face à une situation fort périlleuse, il venait de démontrer une nouvelle fois sa capacité de réaction. Et de ressouder encore un peu plus les rangs du camp des émergents, avec en pleine tourmente monétaire un soutien réaffirmé de la Chine à la Russie.

Par delà les élucubrations confondantes de bêtise d’une propagande occidentale puérile, ainsi va la lente et chaotique recomposition des équilibres géopolitiques du monde.

P.-S.

À lire pour en savoir plus :

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