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28 février 2015

«Pourquoi je suis allé en Syrie» : Gérard Bapt s'explique

Aïe... je répercute là un article exclusif, mais je souligne que , en regard de tout ce que l'on voit sur les autres presses françaises, celui ci est remarquablement objectif, et distancié de la propagande habituelle dans nos presses et sur nos ondes. Eh oui: pub, pub, pub... Mais ça le vaut bien!!!

 

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Publié le 27/02/2015 à 08:07, Mis à jour le 27/02/2015 à 08:43

 

Politique - Haute-Garonne - Interview de Gérard Bapt, Député PS de Haute-Garonne, président du groupe d'amitié France-Syrie à l'Assemblée nationale

«Pourquoi je suis allé en Syrie» : Gérard Bapt s'explique

«Pourquoi je suis allé en Syrie» : Gérard Bapt s'explique

Vous êtes allé en Syrie à titre privé sans l'aval du Quai d'Orsay, qui juge le régime de Damas infréquentable. Pour quelles raisons ?

Même si les relations diplomatiques avec le régime syrien sont rompues, les groupes d'amitié France-Syrie entre parlements existent toujours. Ils jugent, depuis des mois, que les souffrances du peuple syrien appellent des actions rapides pour tenter de les soulager. Il y a eu des initiatives récentes, comme la réunion à Moscou entre le gouvernement syrien et des opposants modérés, comme la démarche des Nations Unies pour avancer sur une solution qui conjuguerait discussion politique et cessez-le-feu, en particulier à Alep. Et puis, il y a surtout la question humanitaire, sociale. J'ai visité sur place des hôpitaux. Tous les jours, à Damas, des civils blessés affluent. J'ai vu quatre sœurs qui venaient d'être atteintes par des éclats de roquette alors qu'elles jouaient devant chez elles. Deux d'entre elles étaient dans un état épouvantable. Mon déplacement était exploratoire pour retrouver le chemin de la compréhension et de la paix, pour montrer d'une certaine façon un devoir d'amitié envers le peuple syrien.

À Damas, contrairement à vos collègues, vous n'avez pas rencontré Bachar al-Assad. Pourquoi ?

Avant de partir, j'ai eu des contacts avec des conseillers à l'Elysée, à Matignon, au Quai d'Orsay. Je voulais les informer de mon intention d'effectuer un voyage privé en Syrie. Tous m'ont rappelé la politique officielle de la France, à savoir notamment que Bachar al-Assad était infréquentable. J'avais donc posé comme postulat de départ que je ne le rencontrerai pas. C'est ce que j'ai fait. Je suis resté à l'hôtel lorsque les trois autres parlementaires ont eu cet entretien.

Vous avez rencontré des dignitaires religieux ainsi que des représentants du régime syrien ?

J'ai en effet rencontré le ministre des Affaires étrangères et le président du parlement, tous deux sunnites. J'ai également discuté avec des autorités religieuses, à la fois sunnites et chrétiennes. Non pas séparément, mais ensemble. Là-bas, il y a une coexistence. Ce n'est pas simplement la tolérance des cultes, mais le vivre ensemble. Ils ont une même conception de l'État par rapport au fait religieux. On a aussi rencontré des associations humanitaires, visité le lycée français de Damas qui s'appelle «Charles de Gaulle ». Ces responsables ont délivré un message d'humanité, de grande tolérance, d'acceptation des autres.

Allez-vous parler de votre voyage au président de la République ou au Premier ministre ?

Je suis prêt à les rencontrer. Il y a d'abord Jean-Christophe Cambadélis qui veut me voir, sachant qu'il n'y a pas eu de sanctions pour ceux qui votent contre les textes du gouvernement ou qui ne votent pas la confiance. Je vais donc le rencontrer pour rectifier notamment l'information initiale selon laquelle j'aurais personnellement rencontré Bachar al-Assad. Ce que je n'ai pas fait en raison de la position officielle de la France qui a rompu ses relations diplomatiques. J'ai un certain nombre d'éléments à présenter au gouvernement et aux représentants du gouvernement, que je leur réserve.

Dans le cadre de la guerre contre le terrorisme, notamment contre Daech, estimez-vous souhaitable une reprise des relations diplomatiques entre la France et la Syrie ?

J'ai dit que j'en parlerai aux responsables français avant de m'étaler dans la presse. Les autres parlementaires qui sont de l'opposition expriment suffisamment leurs opinions là-dessus.

Comment, selon vous, sortir d'un conflit qui a déjà fait 200 000 morts et provoqué l'exode de millions de Syriens ?

Ce que je sais, c'est qu'il faut sans doute faire des petits pas, comme le tente l'émissaire de l'ONU, comme les Russes ont essayé de l'impulser à Moscou par une première rencontre. Il faut essayer d'obtenir des cessez-le-feu locaux.

Concernant votre voyage controversé, François Hollande l'a condamné, Manuel Valls a évoqué une «faute morale». Jean-François Cambadélis, qui a qualifié Bachar al-Assad de boucher, annonce des sanctions contre vous. Comment réagissez-vous ?

Je comprends leurs réactions. Ils sont dans leur rôle. Mais j'assume ma visite. Est-ce une faute politique par rapport à la ligne diplomatique actuelle du gouvernement ? Peut-être, mais je récuse la faute morale. Exprimer une compassion pour les souffrances syriennes, aider à des discussions entre le gouvernement et l'opposition… S'agit-il d'une faute morale ? Est-ce une faute morale de serrer la main de Poutine, comme le disent les partisans du gouvernement de Kiev ? Quand on décrète l'embargo sur les médicaments en Syrie, sur le blé aussi, on punit qui ?

Si on veut aller vers la paix, il faut discuter avec les adversaires. Dans l'hôtel ou nous étions à Damas, j'ai été frappé de voir autant d'Américains. Je pense qu'ils n'étaient pas là par hasard. Je rappelle aussi que l'Espagne va rouvrir son ambassade à Damas, que la Tunisie, dirigée par un gouvernement laïque, va faire de même. Cela peut nous amener à nous interroger.

Recueillis par Serge Bardy

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