Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Vu au MACROSCOPE
Visiteurs
Depuis la création 1 378 953
Newsletter
15 avril 2016

« Allô Poutine bobo » : ce qu’il faut retenir de la ligne directe 2016 du président russe

 

Vladimir Poutine a répondu à près de 80 questions sur les 2,5 millions reçues.


 
Le 14 avril, le président Vladimir Poutine a tenu sa 14e ligne directe publique avec la population, répondant, en l’espace de 3 heures et 40 minutes, à près de 80 questions de citoyens russes. Bilan.

Vladimir Poutine lors de sa traditionnelle ligne directe, le 14 avril 2016. Crédits : kremlin.ruVladimir Poutine lors de sa traditionnelle ligne directe, le 14 avril 2016. Crédits : kremlin.ru

 

 

Sur l’Égypte

« Les autorités égyptiennes luttent contre les radicaux, mais elles y échouent très souvent. Nous voyons ce qui se passe là-bas ; dans le Sinaï, les confrontations sont pratiquement quotidiennes. Le régime précédent et ses partisans, écartés par le président actuel, sont très actifs. Dans ces conditions, nous n’avons pas le droit de ne pas dire aux gens qu’il est dangereux de se rendre dans ce pays. Quelle peut être la solution ? Avec les autorités égyptiennes, nous devons trouver un moyen de contrôler les passagers des avions, les bagages, la nourriture à bord et le personnel d’entretien des appareils qui garantisse la sécurité du séjour et des trajets de nos concitoyens. Mais pour l’heure, nous n’avons pas encore pu mettre au point une telle formule de travail avec nos collègues égyptiens, bien que tout le monde travaille ensemble à cette question : les services spéciaux et les forces de l’ordre russes autant que nos amis égyptiens. »

Rappel. Les compagnies aériennes russes ont suspendu les vols à destination de l’Égypte pour une durée indéterminée suite à un décret présidentiel de novembre 2015. Ce document recommandait également aux voyagistes et aux agences de cesser temporairement de vendre des séjours en Égypte. Ces mesures ont été provoquées par le crash d’un liner du transporteur Kogalymavia, le 31 octobre 2015, au-dessus de la péninsule du Sinaï. L’avion, qui se rendait de Charm el-Cheikh à Saint-Pétersbourg, transportait 224 personnes. Le FSB indique que l’accident a pu être provoqué par la présence à bord d’une bombe d’une puissance équivalente à un kilo d’explosifs.

« Le président américain est quelqu’un de bien »

« Barack, à l’époque où il était sénateur, avait critiqué les agissements de l’administration américaine en Irak. Mais comme président, il a fait des erreurs en Libye, qu’il a lui-même reconnues. Tout le monde n’est pas capable de reconnaître ses erreurs. Il est attaqué de tous les côtés, mais cet aveu ne peut que faire de lui un homme fort. Le problème, c’est que ces erreurs se poursuivent. Ils viennent de faire quasiment la même chose en Syrie », a-t-il déclaré.

Sur la Turquie

« Nous avons avec nos voisins, dans l’ensemble, des relations excellentes. Nous considérons aussi la Turquie comme un pays ami, et nous considérons le peuple turc comme un peuple ami de la Russie, avec qui nous allons continuer de bâtir des relations de bon voisinage des plus cordiales. Nous avons seulement des problèmes avec certaines personnalités politiques, dont nous estimons le comportement inadéquat, et nous y réagissons de façon correspondante. Nous nous devons de réagir, au risque de nous faire marcher sur la tête – ce qui a déjà été le cas dans notre histoire, dans notre histoire récente. Nous ne pouvons admettre un retour à cette période, et nous ne le ferons pas. »

Rappel. Les relations avec la Turquie se sont dégradées après qu’un bombardier Su-24 russe a été abattu par un avion turc, le 24 novembre 2015. Le président Poutine avait dénoncé un « coup de poignard dans le dos » et qualifié les autorités turques de « complices des terroristes ». Lors d’une conférence de presse, en décembre, il avait déclaré que la Turquie cherchait à « lécher les États-Unis là où [je pense] ».

 

« Si quelqu’un a décidé de se noyer, on ne peut rien faire pour le sauver »

C’est ce qu’a répondu Poutine à Varia Kouznetsova, 12 ans, qui lui demandait qui il sauverait en premier si Petro Porochenko et Recep Erdogan étaient en train de se noyer [présidents ukrainien et turc].

 

Sur son ex-femme Lioudmila Poutina

« Lioudmila Alexandrovna et moi nous voyons parfois, pas souvent, mais cela nous arrive. Nous avons de très bonnes relations – peut-être même meilleures qu’avant. Je sais que tout va bien pour elle. Ce qu’on écrit dans les journaux, c’est autre chose, mais elle est en tout cas heureuse de la vie qu’elle mène, tout va bien. Et moi aussi, je suis content, tout va bien pour moi aussi. »

Rappel. Le couple Poutine a annoncé son divorce en juin 2013, après près de 30 ans de mariage. Lors de sa ligne directe de 2014, à la question de savoir si la Russie allait avoir une nouvelle première dame, Poutine avait répondu qu’il devait « d’abord marier Lioudmila Alexandrovna ».

L'acteur russe Constantin Khabenski a demandé à Vladimir Poutine d'autoriser les visites des parents aux urgences et de garantir la ventilation artificielle pour les enfants. Crédits : kremlin.ruL’acteur russe Constantin Khabenski a demandé à Vladimir Poutine d’autoriser les visites des parents aux urgences et de garantir la ventilation artificielle pour les enfants. Crédits : kremlin.ru

 

« Personne ne nous aidera : ni Dieu, ni le tsar, ni un héros »

Mieux vaut ne pas compter sur un quelconque personnage de conte, a répondu le président à la question d’un enfant sur ce qu’il ferait comme vœu s’il attrapait le célèbre poisson d’or de la fable russe. « À l’époque soviétique, déjà, nous avions cette petite chanson : Personne ne nous aidera, ni Dieu, ni le tsar, ni un héros », a déclaré Poutine, citant de façon inexacte, en réalité, un couplet de l’hymne international du prolétariat, L’Internationale : Il n’est pas de sauveur suprême, ni Dieu, ni césar, ni tribun.

 

Sur l’économie

« Le gouvernement parle d’une inflation moyenne pour cette année, mais elle n’est pas de 12,5 %, elle est de 12,9 %. L’année dernière, surtout au début de l’année, les prix ont augmenté de façon significative, de 14 % environ, selon moi, mais au troisième trimestre de l’année, les prix des marchandises alimentaires de base ont même baissé. Au début de cette année, la croissance a été de 2,2 % environ. Il faut accorder une attention particulière à l’alimentaire. Dans une large mesure, cette augmentation des prix de l’alimentaire est aussi, pour le dire franchement, un résultat « artificiel ». Pourquoi ? Parce qu’en réponse aux sanctions de l’Occident, nous avons introduit des mesures de limitation sur des aliments venant de l’étranger. Nous avons pris cette décision consciemment, en comptant sur le fait que cela créerait les conditions pour le développement de notre agriculture et libérerait le marché. Sur fond d’une chute générale de 3,7 % du PIB et d’une chute de l’industrie de 3,4 %, l’agriculture a gagné 3 % de croissance. Il s’agit d’une part importante de notre économie et de la vie des gens, parce que, je le rappelle, environ 40 millions de citoyens russes vivent dans les campagnes. »

 

« Il s’est battu avec nous dans la forêt, armes à la main »

Le journaliste Sergueï Dorenko a demandé ce que le président pensait des déclarations récentes sur les « ennemis du peuple » (c’est comme ça que le dirigeant tchétchène, Ramzan Kadyrov, a récemment qualifié les leaders de l’opposition russe). « Je sais de qui vous voulez parler, d’un des dirigeants des républiques du Caucase, a commenté Poutine, ajoutant rapidement qu’il s’agissait de la Tchétchénie. Le président russe a appelé à être compréhensif : « Personne ne l’a recruté, personne ne l’a obligé. Il en est venu lui-même à penser que la Tchétchénie devait être avec le peuple russe et devait être avec la Russie… C’est une transformation extrêmement difficile, et une transformation qui est intérieure, qui s’est véritablement produite à l’intérieur. »

Pour cette édition 2016, la ligne directe de Poutine a reçu 2,5 millions de questions par le biais de coups de téléphone, de vidéos, de SMS et de vidéoconférences. Crédits : kremlin.ruPour cette édition 2016, la ligne directe de Poutine a reçu 2,5 millions de questions par le biais de coups de téléphone, de vidéos, de SMS et de visioconférences. Crédits : kremlin.ru

 

Sur les Panama Papers

« Premièrement, aussi étrange que cela puisse paraître, ils ne publient pas d’informations fausses sur les offshores. Ces informations sont fiables. À tel point qu’on a même le sentiment qu’elles ont été préparées non par des journalistes, mais plutôt par des juristes – autant en termes de style que de faits exposés. En effet, concrètement, ils n’accusent personne de rien – et tout est là, précisément, ils se contentent de jeter de l’ombre. Un de mes amis s’occuperait d’un certain business… Question : l’argent issu de ces schémas offshore n’arriverait-il pas dans la poche de certains hauts fonctionnaires, et notamment du président ? Mais n’a-t-il pas pu leur passer par la tête que ce fameux Sergueï Roldouguine, dont il est question, ait pu dépenser cet argent gagné à acheter des instruments de musique ? [Les publications des groupes d’enquêtes internationaux OCCRP et ICIJ sur les schémas offshore assurent que des gens « de l’entourage proche » du président Poutine, dont Roldouguine, pourraient avoir remporté environ 2 milliards de dollars, ndlr.]

Ce que Sergueï Roldouguine a acheté, je crois, ce sont deux violons et deux violoncelles, des objets uniques ! Le dernier instrument qu’il a acheté a coûté près de 12 millions de dollars. Je ne sais pas si on peut même trouver des instruments pareils ici, en Russie. Rostropovitch en avait un, mais malheureusement, nous n’avons pas pu le racheter, l’État n’avait pas les moyens, il est parti au Japon.

Je conseillerais pourtant à tous les voleurs et consorts de se rassurer : Sergueï Pavlovitch n’a plus rien. Il a dépensé plus que ce qu’il avait gagné pour acheter ces instruments, et il se retrouve même, aujourd’hui, à devoir de l’argent à ces structures, ces fondations par l’intermédiaire desquelles il les a achetés.

Mais qui est derrière ces provocations ? Nous savons que des agents des départements officiels américains sont impliqués.

Et nous ne devons pas attendre d’eux un quelconque repentir, ils continueront d’agir ainsi, et plus nous approcherons des élections, plus nous verrons surgir ce genre de « révélations » calomnieuses. Pourtant, ils doivent comprendre que le problème, ce n’est pas telle ou telle personne concrète, telles ou telles personnes physiques, quelle que soit la fonction qu’elles occupent en Russie – ce qui compte, c’est le pays. Un pays qu’on ne peut pas manipuler, qu’on ne peut pas obliger à agir comme on le voudrait, à danser aux airs de flûte de tel ou tel. »

 

« Si nous avons péché, nous l’expierons par la prière »

Poutine a déclaré qu’il lui arrivait parfois de dire des injures, « mais seulement à voix basse ». « Nous avons ce péché en Russie », a-t-il admis.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
Vu au MACROSCOPE
Derniers commentaires
Archives
Publicité