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18 avril 2016

Brésil: Michel Temer, l'homme qui rêve de remplacer Dilma Rousseff

 

 Par Lamia Oualalou
Mis à jour le 17/04/2016 à 20h21

Alors que le sort de la présidente se jouait dimanche, le vice-président était en embuscade.

À Rio de Janeiro (Brésil)

«Verba volant, scripta manent (les mots s'envolent, les écrits restent)»: l'exergue en latin, d'une lettre envoyée en décembre dernier par Michel Temer à Dilma Rousseff a beaucoup fait rire les Brésiliens. Avec un ton d'amoureux éconduit qui a provoqué une série de parodies sur Internet, le vice-président concluait: «Finalement, je sais que vous n'avez confiance ni en moi ni dans le PMDB aujourd'hui, et que je n'aurai pas cette confiance demain. Je le déplore, mais c'est ma conviction.»

Quatre mois plus tard, les Brésiliens prennent conscience que cette lettre, que Michel Temer s'était empressé de faire fuiter lui-même à la presse, était son premier acte de «trahison». La légendaire discrétion de cet avocat de Sao Paulo s'est progressivement muée en conspiration. Depuis quelques jours, c'est lui qui négocie directement, promesses de postes à la clef, l'appui des députés, pour obtenir que 342 d'entre eux (les deux tiers du Parlement) votent ce dimanche l'éviction de la chef d'État, un «coup d'État institutionnel», selon Dilma Rousseff. Un tel résultat devrait probablement lui permettre d'occuper, d'ici la mi-mai, sa place au palais présidentiel du Planalto.

 «Finalement, je sais que vous n'avez confiance ni en moi ni dans le PMDB aujourd'hui, et que je n'aurai pas cette confiance demain. Je le déplore, mais c'est ma conviction»

Michel Temer

La presse, véritable colonne vertébrale d'une opposition éclatée au Brésil, y prépare le pays. Quand le président de l'Assemblée, Eduardo Cunha, ennemi juré de Dilma Rousseff, a accéléré son processus de destitution, les quatre principaux magazines du pays sont apparus dans les kiosques avec une couverture pratiquement identique. Des portraits pleine page du vice-président étaient titrés «Le plan Temer», «La solution Temer», «La sortie Temer» et «La partie d'échecs de Temer». Tous avec l'objectif de lui construire une stature de chef d'État capable de sortir le Brésil de la crise. Un message destiné à convaincre la population, mais surtout les députés invités à voter ce dimanche, y compris ceux de sa formation politique, le Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB).

De tous les gouvernements de ces trente dernières années, le PMDB a tardé à prendre ses distances avec la chef d'État. Sans véritable ligne idéologique autre que la conquête d'une majorité de portefeuilles et de postes de décision, il redoutait de sauter du bateau avant l'heure. La décision, fin mars, de quitter la coalition gouvernementale, n'a pas levé l'ambiguïté. La direction a claqué la porte de façon spectaculaire, mais, bonne mère, elle n'a pas sanctionné ses ministres qui ont refusé de rendre leur portefeuille.

« Finalement, ce dimanche, on assiste à une élection présidentielle indirecte pour décider qui, d'elle ou de Michel Temer, doit diriger le pays»

Paulo Peres, professeur de sciences politiques à l'université du Rio Grande do Sul

«Finalement, ce dimanche, on assiste à une élection présidentielle indirecte pour décider qui, d'elle ou de Michel Temer, doit diriger le pays», résume Paulo Peres, professeur de sciences politiques à l'université du Rio Grande do Sul. Pour le peu charismatique Michel Temer, le départ de la présidente est une chance unique. Ce n'est que le 1er janvier 2011, jour d'investiture de Dilma Rousseff à la présidence pour son premier mandat, que les Brésiliens ont découvert ce fils d'un couple arrivé du Liban en 1930, âgé aujourd'hui de 75 ans. À l'époque, ils sont surtout captivés par les traits de son épouse, une élégante blonde de 42 ans sa cadette.

Propulsé à la tête du Brésil par un accident de l'histoire le vice-président se verrait d'ailleurs dicter l'essentiel de ses décisions. Son programme, intitulé «Pont vers le futur», a été largement inspiré par le patronat. Le texte prévoit la remise en cause des principaux acquis sociaux des années Lula, mais aussi ceux issus de la constitution de 1988, comme la garantie d'un budget minimal alloué à l'éducation et à la santé. Une feuille de route qui n'aurait aucune chance de s'imposer par la voix des urnes, les sondages montrant que les Brésiliens dans leur majorité y sont opposés.

Cet article est publié dans l'édition du Figaro du 18/04/2016. Accédez à sa version PDF en cliquant ici

Lamia Oualalou
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