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8 juin 2017

La nécessité de la « menace russe » - Nicola JOVIC

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La nécessité de la « menace russe »

Nikola Jovic

Le livre intitulé « Poutinophobie » du journaliste et homme politique italien Giulietto Chiesa a été publié l’an dernier. « Poutinophobie » est en fait une russophobie 2.0, comme l’affirme l’auteur, puisque la russophobie 1.0 a été une constante historique et la principale composante de la politique occidentale envers la Russie. Elle dure de la guerre de Crimée à l’effondrement de l’Union Soviétique, et même depuis plus longtemps encore. Ensuite il y a eu la période de la Russie d’Eltsine, qui était en fait la seule Russie « appropriée » pour l’Occident, et la seule Russie que l’Occident pouvait accepter – faible, dévastée sur le plan économique, socialement désemparée avec une importante présence de l’alcoolisme, une population apathique et, bien sûr, une cécité passive tournée vers les richesses matérielles de l’Occident et sous la menace constante de la sécession des comtés locaux, des républiques et des autres unités administratives autonomes.

Cependant, avec l’arrivée de Vladimir Poutine au pouvoir, la nouvelle-vieille russophobie a été réactivée, avec la vieille animosité dans une nouvelle forme, et avec la même essence. « la Poutinophobie » – une version moderne de siècles de russophobie combinée avec l’identification de la Russie avec Poutine et l’incarnation de la haine envers tous ceux qui sont russes en les attaquant. Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette réactivation de russophobie, en tant que composante principale de la politique occidentale envers la Russie, du moins dans le dernier siècle et demi, va en faveur de Poutine – il doit faire quelque chose de bien pour son état, le pays et le peuple. L’auteur du livre présente des exemples de russophobie actuels, montre à quoi elle ressemble et fait de brefs et de longs retours sur le passé, au cœur de la russophobie en Occident, dans les environs de la Russie et, malheureusement, même parmi les Russes et à l’intérieur de la Russie elle-même .

La thèse principale, déjà soulignée, est que la russophobie est la principale composante de la politique occidentale envers la Russie dans le dernier siècle et demi au moins; elle a été plus ou moins importante selon les périodes, mais toujours présente avec l’un des principaux objectifs: justifier la politique occidentale envers la Russie.

Parce que, si, par hasard, il se trouve que la Russie ne veut pas vraiment conquérir le monde par la violence, pourtant tout l’Occident se met à crier dans ce sens, avec toute son hypocrisie, son bellicisme, des menaces, la pointant du doigt, l’accusant et la rendant responsable de choses qu’elle n’a pas faites et ne fera peut-être même jamais, cela sans le moindre fondement ou l’ombre d’une preuve. Voilà pourquoi la consistance de la « menace russe » est un besoin crucial pour l’Occident et c’est la raison pour laquelle ils la « maintiennent en vie » en permanence – sans elle, ils ne veulent ni ne peuvent se maintenir. Et l’argument clé pour ce comportement pathologique est la déclaration de Pierre le Grand sur la façon dont la Russie dominera l’Europe dans le futur – cette déclaration est exposée au Musée de l’Angleterre comme la preuve principale de l’agression russe. L’expansionnisme de Staline dans l’Europe de l’Est se rajoute à cela et contribue énormément à entretenir la russophobie 1.0 l’amenant au point de schizophrénie et de fanatisme et a facilité sa réactivation aujourd’hui.

Ici, je voudrais mettre l’accent sur le point principal. En effet, les pays de l’Europe de l’Est et de l’ancien bloc de l’Est, ont mélangé à la fois les bons et mauvais souvenirs de la période qui a suivi la fin de la Seconde Guerre Mondiale en Europe jusqu’à la chute du communisme. Mais, ce n’est pas cela la cause de l’alignement de l’après-guerre froide des dirigeants de ces états se mettant directement au service des États-Unis, l’UE et l’OTAN. L’une des nombreuses hypocrisies de l’Occident réside aussi dans le fait que « l’occupation russe » de l’Europe de l’Est est terminée depuis plus de 26 ans. De l’autre côté, l’armée américaine, qui, avec d’autres Alliés, a débarqué sur les plages de Normandie, n’a jamais quitté l’Europe et elle ne montre aucune tendance à le faire dans un proche avenir. En outre, l’armée américaine planifie son expansion future. La seule différence c’est que, une fois qu’ils ont été attirés sous l’égide des États-Unis, sous prétexte de la menace d’une « invasion soviétique », les pays d’Europe occidentale sont restés sous sa coupe en raison de la « nouvelle menace russe » et les pays de l’ancien bloc de l’Est se sont, presque tous, joints à eux. Et à côté de cela, avec l’arrivée de l’OTAN, non pas dans les frontières de l’ancien bloc de l’Est, mais dans les frontières actuelles de la Russie, ce sont les Russes qui représentent toujours la plus grande « menace » et sont les plus grands agresseurs, et :

  1. « La Russie possède le potentiel pour détruire d’autres pays et est donc une plus grande menace existentielle que les groupes tels que Daesh … Il y a des menaces existentielles et non existentielles. Les activités russes sont une menace existentielle, car ils peuvent détruire d’autres pays », a déclaré le ministre polonais des Affaires étrangères Witold Waszczykowski.
  2. « Poutine démontre sa volonté à ne pas respecter les valeurs internationales, mais seulement les valeurs orthodoxes. Son soutien à Assad en Syrie peut être expliqué par le fait que Assad protège les orthodoxes en Syrie. Par ailleurs, l’Orthodoxie est plus dangereuse que le fondamentalisme islamique, elle est donc la plus grande menace pour la civilisation occidentale. », A déclaré Carl Bilt, ministre suédois des Affaires étrangères.
  3. Biden a déclaré, lors du forum économique mondial de Davos, que la Russie est la plus grande menace pour l’ordre mondial. Il a accusé Moscou de chercher le moyen d’affaiblir le projet européen, qui a amené des décennies de paix. « Sous le président Poutine, la Russie utilise tous les outils disponibles pour se rapprocher du projet européen, utilisant les lacunes existantes dans les pays occidentaux et revenant à la politique définie par les sphères d’intérêt », a déclaré Biden.

Il existe d’innombrables exemples. J’en ai choisi trois des plus frappants, venant de différents coins du même bord ; l’un venant d’un ministre d’un pays du bloc de l’Est de l’ancienne guerre froide, rapidement européanisé et OTAN-isé, un autre venant d’un ancien fonctionnaire de l’UE et de l’ONU, actuellement ministre des Affaires étrangères d’un Etat membre de l’UE, et le dernier venant de l’un des plus grands représentants de l’état profond des États-Unis (qui, il est vrai, aujourd’hui n’a pas l’autorité aux Etats-Unis, mais cela ne les empêche pas d’intervenir dans les affaires de l’Etat, comme c’était le cas alors que Clinton, Bush et Obama étaient au pouvoir). Et ces 3 déclarations ont en commun la russophobie. Sans elle, l’OTAN, en tant qu’ancienne contrepartie du pacte de Varsovie, parce que ce dernier a cessé d’exister, devrait également perdre son sens. Les « interventions » (agressions) de l’OTAN en République de Srpska et en République fédérale de Yougoslavie (Serbie et Monténégro), ont à nouveau légitimé cette alliance militaire, mais pas pour toujours, et pas pour longtemps, et c’est pour cela que la « menace » de « l’expansion russe » est là. Comme indiqué précédemment, toute forme de Russie qui ne soit réduite en esclavage, qui ne soit pas économiquement détruite, spirituellement affaiblie, fragmentée à l’intérieur et socialement et territorialement divisée, est tout simplement une menace pour l’Occident. Tout cela pourrait tenir dans une déclaration bien connue de Madlen Allbright, qui a dit qu’il serait: « … injuste que la Russie possède un grand espace et tant de richesses naturelles alors que d’autres pays n’en disposent pas d’autant. Dans les régions de la Sibérie et de l’Extrême-Orient russe, il y a de la place pour beaucoup d’autres … » Et c’est l’objectif final de l’Occident et la dernière phase de la russophobie 1.0 et 2.0; soumettre la Russie. Heureusement, la Russie de Poutine n’est pas la Russie de Eltsine et on n’est pas en 1991 mais en 2017.

Les États-Unis ne sont plus seuls sur le trône du monde, mais presque entièrement ramenés de la place de première puissance mondiale à un rang où ils sont accompagnés par la Russie, la Chine, l’Inde, le Brésil, l’Iran, la Turquie …

Reste à savoir si, dans l’avenir, la russophobie va exploser et faire exploser le monde, ou si elle sera remplacée par la « Chinophobie » (ce qui est le plus probable) ou quelque autre « phobie ».

 Nikola Jovic

Source : https://www.geopolitica.ru/en/article/necessity-russian-threat

Traduction : AvicRéseau International

 

Sur http://reseauinternational.net/la-necessite-de-la-menace-russe/ 

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