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25 mai 2018

«Qui se cache derrière le sulfureux Quim Torra, nouveau président de la Catalogne ?»

 

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Publié le 16/05/2018 à 11:56

 

FIGAROVOX/TRIBUNE - Selon l'historien Benoît Pellistrandi, le nouveau président catalan Quim Torra est une «marionnette» entre les mains de Puigdemont. Plus inquiétant, ce leader ouvertement nationaliste puise son inspiration dans la Yougoslavie de Milosevic ou l'Italie de Mussolini.

 


Agrégé d'histoire et ancien élève de l'École normale supérieure, Benoît Pellistrandi est professeur en classes préparatoires au lycée Condorcet à Paris et spécialiste de l'histoire espagnole. Il a notamment publié Histoire de l'Espagne, des guerres napoléoniennes à nos jours chez Perrin en 2013.


Après cinq mois de blocage politique, la majorité indépendantiste du Parlement de Catalogne a enfin été en mesure d'investir un président de la Généralité. Quim Torra, né en 1962, élu député pour la première fois lors des élections du 21 décembre dernier, sans aucune expérience de gestion mais une trajectoire de militant de la cause nationaliste, est devenu président de la Généralité.

Institutionnellement, Quim Torra est président de la Généralité à tous effets. Politiquement, il est un pion dans le jeu de l'ancien président Puigdemont.

De manière symbolique et hautement significative, Carles Puigdemont a interdit à son successeur d'utiliser le bureau présidentiel du Palais de la Généralité! De même, le gouvernement régional qui sera formé a été négocié entre Carles Puigdemont, sa coalition Junts per Cat, et Esquerra Republicana de Catalunya (la gauche républicaine nationaliste). Le mardi 15 mai, en signe ostensible d'allégeance à Puigdemont, Quim Torra s'est rendu à Berlin pour rencontrer «le président légitime». De même, le président du Parlement, Roger Torrent, n'a pas sollicité d'entrevue avec le roi Philippe VI pour l'informer de l'élection de Torra, comme le veut l'usage. Car c'est à la suite de cette information, que le roi signe le décret qui valide cette élection parlementaire.

Si avec cette désignation, le régime d'exception qu'entraînait l'application de l'article 155 de la constitution prend fin et les institutions catalanes retrouvent leur autonomie, on le voit, le bras de fer institutionnel se poursuit.

Un nationalisme suprémaciste

L'élection de Quim Torra a suscité une vive émotion dans le camp non nationaliste. L'avocat et agitateur culturel a derrière lui une abondante production d'écrits dans lesquels il dénonce tout à la fois l'inculture, la paresse, la voracité et le goût du vol des Espagnols. Une incroyable suite de clichés tout simplement racistes! Certes, lors de son discours de candidature à l'investiture, il a présenté des excuses aux Espagnols pour ses propos et ses tweets insultants. Il n'empêche: sa vision de l'Espagne et de la Catalogne privilégie la rupture plus que l'entente. Pour Enric Juliana, directeur adjoint de La vanguardia et sensible au catalanisme politique, «Joaquim Torra est un homme intellectuellement imprégné de l'esprit des années 1930, un nationalisme de droite, agressif».

Sa vision de l'Espagne et de la Catalogne privilégie la rupture plus que l'entente.

Il y a plus grave. Quim Torra est un admirateur des pires tendances du nationalisme catalan. Il éprouve pour Estat Catalá, un mouvement politique des années 1930 qui s'est compromis tout à la fois avec le fascisme mussolinien et le nazisme, une grande ferveur.

Ces pages d'histoire de la Catalogne renvoient aux manifestations de l'avant-guerre civile. Y trouver une inspiration et des exemples ne peut qu'inquiéter.

De plus, Quim Torra estime que, depuis le 27 octobre 2017 et l'application de l'article 155 en Catalogne, la région vit «une crise humanitaire». Il estime que les prisonniers politiques et «l'exil» de responsables politiques traduisent cette crise humanitaire. Si l'on peut estimer que reprocher à Torra ses admirations historiques est lui faire un procès d'intention, on peut cependant légitimement s'inquiéter d'un rapport fantasmé avec la réalité. Oser parler de «crise humanitaire» en Catalogne au moment où au Moyen Orient (Syrie, Gaza, Irak, Yemen, Lybie) ou en Afrique (Congo), des millions de personnes, notamment des enfants, sont exposés à la maladie et la mort, voilà qui disqualifie un responsable politique. La Catalogne n'est pas le centre du monde et la souffrance catalane n'est pas celle que prétendent dénoncer les nationalistes.

Pour ma part, j'ai éprouvé une grande inquiétude à voir les nationalistes s'emparer de l'exemple yougoslave pour évoquer les évolutions futures de la Catalogne et de l'Espagne. Soyons juste: ils ne prônent pas une guerre civile, mais ils excipent du cas yougoslave pour justifier d'une possible sécession et d'un éclatement de l'Espagne. La Yougoslavie serait plus un précédent qu'un exemple… Il n'empêche: le précédent n'est guère convaincant. Avant de comprendre ce que fut le conflit yougoslave, les noms de Milosevic ou de Karadzic nous étaient inconnus. Torra est un nom d'inconnu comme l'était Puigdemont il y a deux ans.

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Commentaires
B
Cherchons le problème ailleurs.<br /> <br /> <br /> <br /> Le cas yougoslave rappelle immédiatement qui organisa, dans la violence comme d'habitude, le démembrement du pays unifié par Tito : Washington, encore et toujours lui. C'est donc de ce côté qu'il faut scruter le ciel pour comprendre quelle pourrait être la suite. Va-t-on voir se constituer, par exemple, à l'exemple du Kosovo, un Aran indépendant pour contempler une Catalogne puissante, mais pas trop ? (Aran veut dire vallée)<br /> <br /> https://www.breizh-info.com/2017/10/19/79760/aran-republique-coeur-pyrenees-reportage
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