Interview Ségolène Royal sur TF1 le 31 mars
Interview Ségolène Royal sur TF1 le 31 mars
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Interview de Ségolène Royal sur TF1
Nous avons évoqué donc tous ces sujets sociaux,
pardon d'avoir un petit peu chamboulé le déroulement de ce journal, Ségolène
ROYAL, ils avaient été évoqués en partie par François FILLON, qui disait qu'il
n'y aurait pas de plan de rigueur. Il disait également que s'il y avait
glissement du déficit de 2,4 à 2,7 %, c'était pour 0,1 % à cause de la
situation internationale et pour 0,2 % à cause en gros du glissement dans les
collectivités territoriales. Et là d'une certaine façon il vous visait un peu
parce que vous et 19 de vos amis sont présidents de région. Qu'est-ce que vous
lui répondez ?
SEGOLENE ROYAL
D'abord moi je n'ai pas augmenté les impôts depuis trois ans, précisément en
faisant des économies dans les dépenses inutiles pour qu'un euro dépensé soit
un euro utile. Et mes collègues, présidents de région, ont été aussi très
modérés et souvent lorsque les hausses impôts sont intervenues c'est pour se
substituer à l'Etat qui a transféré des responsabilités aux régions. Mais je
veux dire ce problème est secondaire, puisqu'il y a un débat sur la rigueur,
mais la rigueur elle est là. Qu'est-ce que c'est que la rigueur, la rigueur
c'est l'augmentation des impôts et c'est la baisse du niveau de vie.
Mais là pour l'instant, elle n'est pas
annoncée cette augmentation impôts ?
Mais nous payons déjà plus impôts, regardez quand les prix de l'alimentation
montent, la TVA est en pourcentage, donc nous payons plus impôts Quand le prix
de l'essence monte, vous venez de passer un reportage sur le prix de l'essence,
dans le prix d'un litre d'essence, il y a 60 % d'impots, donc si on veut en
effet que nous payons moins d'impots, il faut baissre la TVA et il faut baisser
la fiscalité sur l'essence pour que le pouvoir d'achat ne bauisse pas. Il y a
donc des solutions. Et puis il y a eu l'impôt nouveau qui a été créé, les
franchises médicales, impôt sur la santé, il y a eu d'autres impôts en neuf
mois, le gouvernement en place, Nicolas SARKOZY et François FILLON ont créé six
taxes nouvelles, donc la rigueur elle est là et le pouvoir d'achat baisse et il
y a d'autres solutions.
Alors on va voir ce qu'a été la réponse
donc de François FILLON aujourd'hui lors de ce séminaire qu'il a organisé.
ANTOINE LEFEBVRE
La mine de Martin HIRSCH ce matin en disait long, le père du revenu de
solidarité active craint de voir son projet faire les frais de la situation.
Perspectives de croissance en baisse, déficit public en hausse, comment dès
lors poursuivre les réformes sociales les plus coûteuses ? Les mots, il y a
ceux qu'on ne prononce pas au gouvernement, ni rigueur, ni austérité, les
ministres sont priés de parler de...
CHRISTINE LAGARDE
De gestion sérieuse et de réforme ambitieuse.
ANTOINE LEFEBVRE
Des dépenses surveillées comme le lait sur le feu pour 2008, des mesures
d'économie pour 2009, l'Etat va devoir se soumettre à un régime minceur qui
sera annoncé vendredi à l'Elysée. En attendant puisque les seuls bons chiffres
du moment concernent la baisse du chômage, François FILLON s'y est attardé.
FRANÇOIS FILLON
Nous pensons que c'est le plein emploi qui est la solution à tous les problèmes
de notre pays.
ANTOINE LEFEBVRE
Et à propos d'emploi ce sont ceux de l'usine ARCELOR MITTAL de Gandrange qui
sont toujours menacés et là le Premier ministre prévient.
FRANÇOIS FILLON
Nous voulons d'abord que tous les emplois soient préservés, c'est-à-dire que
tous les salariés aient à la sortie de cette affaire un emploi mais nous
voulons aussi veiller à ce que les capacités industrielles dans notre pays, et
notamment dans le domaine de la sidérurgie ne se réduisent pas.
ANTOINE LEFEBVRE
Sur place début février Nicolas SARKOZY s'était engagé à maintenir l'activité
de la scierie, les nouvelles propositions de la direction du groupe sont
attendues vendredi.
PATRICK POIVRE-D'ARVOR
Est-ce que vous pensez que le chef de l'Etat quand il s'engage comme il l'a
fait début février à Gandrange parle dans le désert et de toute façon il prêche
dans le désert et que les industriels indiens ou autres n'ont que faire de sa
parole ou de ses demandes ?
SEGOLENE ROYAL
De toute façon il y a déjà tellement de promesses qui n'ont pas été tenues, en
voici une nouvelle et pourtant là aussi il y a des solutions. Moi j'ai rendu
visite aux représentants des salariés il y a quelques semaines, le 19 février,
je les ai eu au téléphone encore cette après-midi ils ont une proposition
industrielle qui consiste à investir sur 70 millions d'euros, c'est pas
grand-chose face aux bénéfices d'ARCELOR MITTAL, dix milliards de bénéfices,
une demande mondiale qui augmente pour l'acier à cause de la croissance
mondiale, donc c'est incompréhensible que cette entreprise ferme. Et là le gouvernement
est au pied du mur, soit il est efficace, on voit bien la mollesse et la façon
de sous estimer les problèmes et là...
Dans un système capitaliste on peut
intervenir justement face à des géants ?
Bien sûr qu'on peut intervenir, les Allemands interviennent bien eux pour
sauver leurs aciéries. Et d'ailleurs ce qui est prévu, c'est une délocalisation
en Allemagne donc ça n'a rien à voir avec des salaires plus bas. Donc
aujourd'hui il y a une solution industrielle qui est proposée par les salariés,
d'investir 70 millions d'euros et je crois que le gouvernement doit taper du
poing sur la table pour diversifier la production de cette entreprise,
c'est-à-dire pour être très concret, passer des aciers longs à l'aciérie
utilisée dans les métiers du bâtiment pour lesquels il y a des débouchés. Donc
là aussi des solutions existent mais je crois que ce gouvernement manque
singulièrement d'énergie, d'imagination et de volonté de faire.
Alors autre débat si je puis dire
puisque c'est un débat sans vote, demain à l'Assemblée sur l'envoi de troupes
nouvelles en Afghanistan, vous êtes pour ou vous êtes contre ?
Je suis très hostile à l'envoi des troupes nouvelles parce que d'abord on ne
connaît pas les raisons de cet envoi, donc manifestement c'est pour faire plaisir
à George BUSH, c'est-à-dire un alignement atlantiste.
Dans la mesure où il va partir dans 6
mois, ça parait bizarre quand même.
Si parce que c'est une option idéologique, la preuve, c'est qu'elle n'a été
expliquée ni aux Français, ni aux parlementaires, et si le gouvernement a des
raisons, si le président de la République a des raisons d'envoyer ces troupes,
à ce moment là pourquoi a-t-il peur du vote à l'Assemblée nationale.
Donc vous réclamez un vote demain...
Oui parce que je crois que c'est le vote qui permettra de faire émerger cette
vérité et de montrer que cet envoi est totalement injustifié.
Merci Ségolène ROYAL d'avoir répondu à nos questions.