Le cas OBAMA
Pauvreté, puissance et jalousie : le cas Obama
NIMROD écrivain.
QUOTIDIEN : lundi 21 avril 2008
Extrait
Lorsque Geraldine Ferraro, la conseillère d’Hillary Clinton, déclare : «Si Obama était blanc, il ne serait pas là où il est maintenant […]. Il se trouve qu’il a beaucoup de chance d’être qui il est», elle rappelle à l’électorat blanc des Etats-Unis qu’un Noir ne saurait prétendre à la concurrence la plus noble et la plus légitime qu’est la présidentielle. Or, Obama est le candidat le plus brillant et le plus éloquent que ce grand pays a jamais eu. De plus, on le dit noir, lui qui est métis. Ce détail l’allège de l’opprobre attaché à la condition noire, lequel justifie la forme de discrédit dont le couple Clinton l’accable constamment. Dans l’absolu, pas un seul Noir américain n’est devenu enviable grâce à Obama. Il est le seul à tirer avantage de sa fortune. Les personnes qui peuvent vraiment tirer parti, ce sont encore les Blancs. En France, nous connaissons l’attitude qui consiste à demander au colonisé de dire merci à son colonisateur. Avec Obama, les Blancs américains ne procèdent pas autrement. Ils lui demandent de s’acquitter de l’arriéré de bonté dont l’a gratifié le sang blanc. Et que dire de ses études, de son éloquence, de son éducation, toutes choses on ne peut plus racées ? Il doit tout à la civilisation, répond l’inconscient blanc. Oui, «il a la chance d’être qui il est». Or cette prétendue «chance», il ne la doit qu’à lui-même. Elle résulte de l’effort pour se forger un destin autre que celui du Noir américain «de base». Car Obama représente la misère du monde - sociologie française oblige. Le candidat noir tente seulement de transformer un héritage lourd de conséquences. Le trouver enviable est une erreur de jugement, mais une erreur tellement pourvoyeuse de sens.(...)