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18 janvier 2009

La haine d'Israël: la tragédie de Gaza ne fait que l'exacerber

PAR MAURICE SZAFRAN     (Marianne du 10.01.09)

Après tant de victimes palestiniennes, après ce déluge de feu qui s'est abattu sur Gaza, est-il encore convenable d'écrire, sans une main tremblante, que les Israéliens n'avaient plus le choix, qu'ils étaient contraints de répliquer aux incessantes provocations meurtrières des islamo-fascistes du Hamas, qu'un gouvernement démocratique digne de ce nom doit, quel qu'en soit le prix, pro­téger sa population ?

Les explications des principaux ministres du gouvernement de Jérusalem ne sont absolument pas sans valeur ni fon­dements : en huit ans, la troupe du Hamas a balancé 3 700 (!) roquettes sur le sud d'Israël, détruisant de la sorte toute vie sociale, culturelle et même scolaire. Aussitôt après avoir rompu la trêve, en novembre dernier, elle s'est acharnée à bafouer la fierté nationale des Israéliens : le 24 décembre, 70 engins en moins de vingt-quatre heures. Insupportable, c'est vrai. Et, pourtant, cette cohérence militaro-politique ne tient plus. N'en déplaise à André Glucksmann - qui, une fois encore, dès lors qu'il s'agit de la guerre israélo-palestinienne, raille dans le Monde les esprits angéliques- la disproportion de la réplique israélienne, cette implacable démonstration de force a retourné en quelques heures, en quelques jours, l'ensemble des opinions publiques.


Quand la politique tourne rouge sang

Un lien avec la haine d'Israël ? Pas forcément. Du moins, pas encore. Car, dans un premier réflexe, ces opinions publiques-là allèrent jusqu'à com­prendre, sinon justifier, la réaction israélienne. Un peuple, c'est exact, ne peut pas vivre sous cette menace permanente.

Mais il y eut un renversement, passant de la compréhension à la répro­bation d'Israël. Les esprits les plus perspicaces veilleront même, dans un réflexe de lucidité, à rappeler que c'est bien avant cette guerre de Gaza qu'Israël a perdu contre le Hamas. Comment ? En sabotant depuis des années, avec méthode, avec constance, le processus de paix d'Oslo ; en élaborant une stratégie, que l'on sait aujourd'hui contre-productive et dangereuse, visant à délégitimer les nationalistes palestiniens au profit des islamistes, donc du Hezbollah sur la frontière nord, et du... Hamas sur la frontière sud ; en évacuant Gaza- certes, une décision bien inspirée -, mais dans les pires conditions. Des erreurs à foison.

Or, dans cette région, les errements stratégiques virent la plupart du temps au drame. La mort est au coin de la rue, la politique tourne rouge sang. «L'essence du conflit ici reste immuable, écrit cette semaine, dans le Nouvel Observateur, l'écrivain israélien Avraham B.Yehoshua. L'obstination, la sottise, l'intégrisme, la mauvaise foi, lu haine, le désespoir et les fantasmes règnent dans les deux camps, oui, dans les deux camps. Il faut être capable  d'envisager les choses dans leur complexité, ne pas tomber dans le sim­plisme et la partialité. » Ce qu'implore Yehoshua avec tant de force et tant de lucidité, c'était hier déjà mission difficile. C'est aujourd'hui encore un sens interdit. Jusqu'à quand? Dans ce contexte-là, la diabolisation, voilà la solution, la seule solution. Celle qui conduit de part et d'autre à la haine.

Un seul cri jaillit du fond des cœurs : « Israël assassin ». Assassin de civils, d'enfants, d'innocents désarmés. N'est-il rien de plus méprisable qu'un peuple coupable de ces crimes impardonnables ? Que penser des salauds - les juifs, voilà, c' est dit - qui accordent leur soutien et leur affection à l'auteur de ces forfaitures, Israël ? Voilà ce qu'on peut entendre parmi les musulmans, à Paris et à Karachi, à Londres et à Casablanca.

De l'autre bord monte une autre clameur : « Hamas assassin », parfois aussi «Arabes assassins ». Les fascistes verts palestiniens tirent aveuglément sur les populations civiles des villes israéliennes, et rien que sur elles. Leurs obus ne défient pas Tsahal, la toute-puissante armée de l'Etat juif, ils s'abattent sur des cours d'école, des maisons, parfois des passants. Les Palestiniens de Gaza poussent des cris de joie lorsque les barbus du Hamas parviennent à verser le sang ennemi. Tout cela est vrai, et il faudrait composer avec ceux-là, des fanatiques pleins de haine pour la démocratie autant que pour les juifs ?

Mais le parallèle entre de ces deux intolérances est dénué d'intérêt. Les Israéliens sont peut-être sur le point de terrasser militairement le Hamas. Ils ont toutefois perdu la bataille psychologique : jamais la haine contre l'Etat juif n'a été aussi puissante, violente, radicale et, plus préoccupant, populaire.

 

Le communautarisme dans toute son horreur

Elle est loin, si loin, cette époque où les opinions publiques occidentales vibraient d'affection pour le vaillant petit peuple juif, survivant aux massacres nazis et résistant à la puissance arabe. Les Israéliens édifiaient un État « exem­plaire » de justice et de modernité. Trois décennies de grâce forgèrent la légende du David israélien bravant le Goliath arabe et réchappant de justesse, en 1967, à un deuxième génocide. Il aura suffi de quelques années d'occupation des Territoires palestiniens pour infléchir ce portrait idyllique. L'affirmation du nationalisme de l'OLP et sa répression finirent de renverser la perspective. Trente années plus tard, une autre représentation prévaut, délirante mais prégnante : Israël, incarnation de tous les maux, l'État qui cuisine dans ses marmites démoniaques tous les poisons de notre temps, 11 septembre 2001, guerre d'Irak, guerre d'Afghanistan, crise d'Iran, et peut-être même faillites financières : tout part d'Israël, tout y mène. Toute-puissance d'Israël pareille à celle que les antisémites ont longtemps prêtée aux juifs. Elle nourrit, elle justifie une haine sans merci.

La tragédie de Gaza renforce cette dérive délirante. Elle la renforce avec une puissance sans pareille. Les Israéliens affirment s'en moquer puisqu'ils devaient frapper ; ils ont donc cogné. Mission (presque) accomplie. Mais, en France, par exemple, les conséquences sont redoutables.

L'histoire prend parfois des raccourcis où elle s'emballe sans que l'on sache précisément pourquoi. Cette fois, quelques jours après le déclen­chement de la guerre de Gaza, il suffit d'écouter les auditeurs des radios, il suffit de lire les réactions, les commentaires, les vociférations des inter­nautes, pour être contraint de constater l'amplification, l'accélération de la haine contre Israël. On peut le constater ; on peut le regretter ; on peut s'en émouvoir, s'en scandaliser, s'en dégoûter. C'est ainsi. La détestation est lourde, massive, pesante, autrement plus prégnante qu'après la deuxième guerre du Liban, à l'été 2006. Un tournant dont nous serons contraints de tenir compte, un moment peut-être crucial de notre imaginaire politique et collectif. L'enquête de Frédéric Ploquin et du service France (lire p. 57) est à cet égard éclairante, passionnante, mais effrayante aussi : les manifes­tants anti-israéliens, à Paris, à Nantes, à Lyon, à Marseille étaient bien plus nombreux qu'à l'accoutumée. En masse, la jeunesse musulmane des cités s'est jetée dans les centres-villes. Cette innovation aurait pu comporter un aspect positif : amorcer paradoxalement un processus d'ouverture à l'autre. Mais par qui étaient-ils encadrés, ces nouveaux militants ? Non pas par les communistes, les cégétistes ou les militants trotskistes de la LCR, membres à part entière de l'arc républicain. Les épigones des Frères musulmans les ont pris en main, leur faisant non seulement clamer les slogans les plus haineux envers Israël mais franchissant avec naturel l'interdit de l'antisémitisme. Le communautarisme dans toute son horreur.

L'opération « Plomb durci »... Nous ne savons encore rien de ses redou­tables retombées • M.S.


Mon commentaire:

"Marianne" et Maurice Szafran ne s'offusqueront pas de ce copier-coller : cet article  paru dans le journal Marianne du 10 au 16.01.09  est bien trop synthétique, édifiant, et mesuré,  faisant état d'un passé, et mettant en garde contre réponses prévisibles, qu'il serait dommage de ne pas tenter de le faire connaître à quelques personnes supplémentaires.

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