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8 mars 2009

Déjà trois coups d'Etat à froid

Déjà trois, en moins de deux ans. Trois coups d'Etat à froid, réussis sans coup férir: institutionnel, médiatique, financier. Et un quatrième, judiciaire, qui se profile. Oui, des coups d'Etat, c'est-à-dire des ruptures profondes qui vont bien au-delà de la seule persistance des travers auxquels nous a habitués la Cinquième République, plus ou moins tempérés par la culture, la modération ou les précautions de ses présidents successifs.

Coup d'Etat institutionnel, et ce fut, à l'été 2008, la réforme de la Constitution dont chacun peut voir, aujourd'hui, que loin d'augmenter les pouvoirs du Parlement, elle a accru ceux du Président de la République, désormais seul gouvernant, ayant ravalé premier ministre et ministres au rang d'exécutants. Coup d'Etat médiatique, et ce fut ensuite la réforme de l'audiovisuel public dont l'enjeu caché était bien la mainmise directe de l'Elysée sur les dirigeants de radios et de télévisions, dans le but de réduire l'indépendance et l'irrévérence de leurs rédactions et de leurs programmes.

 

Coup d'Etat financier enfin, et ce fut, tout récemment, l'achèvement du feuilleton des Caisses d'épargne, offrant en somme à l'actuelle présidence de la République sa propre banque. Reste à venir, en 2009, le coup d'Etat judiciaire, annoncé dès janvier, à l'heure des vœux présidentiels où la figure indocile du juge d'instruction fut pendue haut et court. Et c'est sans compter le coup d'Etat territorial qui s'annonce avec le rapport Balladur, défaisant depuis Paris et l'Elysée les liens sociaux assurés par des départements et des régions majoritairement contrôlés par la gauche. Alors même que la crise sociale grandissante appellerait, à l'évidence, d'autres urgences.

 

L'institutionnel avait été annoncé dès les premiers jours de la présidence, en mai 2007, quand Nicolas Sarkozy ignora d'emblée, les rendant de fait caduques, les dispositions de la Constitution de 1958 selon lesquelles le président arbitre et le premier ministre gouverne, le gouvernement étant même supposé déterminer et conduire la politique de la nation (articles 20 et 21). Sous couvert de mettre fin à une hypocrisie, la France changeait silencieusement de régime, adoptant les usages de la Constitution du 14 janvier 1852, celle d'après le coup d'Etat militaire du futur Napoléon III: «Le président de la République gouverne au moyen des ministres... Il a seul l'initiative des lois... Les ministres ne dépendent que du chef de l'Etat.» Un an plus tard, le coup de force était confirmé en Congrès à Versailles, avec le soutien du socialiste Jack Lang qui, aujourd'hui, dans un livre, se lamente trop tard du «gâchis» auquel conduit inéluctablement la réforme qu'il a pourtant activement cautionnée, puis soutenue.

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