Hadopi : le bêtisier des excuses des UMP absentéistes
Hadopi : le bêtisier des excuses des UMP absentéistes
Pour expliquer le rejet de la Hadopi, les députés UMP justifient leur absence comme ils peuvent et évoquent un complot des socialistes... Mieux vaut en rire !
Les députés de la majorité votant à main levée pour la loi Hadopi jeudi 9 avril. (capture Dailymotion.fr)
«Et vous, où étiez-vous quand la loi Hadopi a été rejetée ?» Cette question, 300 députés UMP risquent de se l'entendre poser suite au fiasco du vote sur la loi Création et Internet en commission paritaire jeudi 9 avril
: dans l'hémicycle, les élus du groupe présidentielle étaient au nombre
de 15. Le président du groupe lui-même n'en était pas ! «J'étais dans
mon bureau juste à côté, se justifiait Jean-François Copé sur le site du Point. Mais là n'est pas le problème...» Et si, justement : l'absentéisme, voilà le problème !
Les socialistes planqués derrière le rideau...
Honteux de leur pantalonnade, les élus UMP tentent de faire porter le chapeau à l'opposition : pour Copé, c'est un «mauvais coup», consistant à «planquer une dizaine de députés au bon moment derrière une colonne pour faire planter un texte.» Même théorie du complot pour le porte-parole de l'UMP Frédéric Lefebvre, qui y voit également la main du président de séance, issue du groupe socialiste.
L'absence de Frédéric Lefebvre a inspiré plus d'un internaute : capture d'écran Mediacratie2.0 (http://mediacratie2.0.free.fr/?p=804)
Une thèse tellement sérieuse qu'elle fait l'objet d'une mise en scène
théâtrale sur le blog du député Vert François de Rugy, dans un billet intitulé «Comment on a piégé Hadopi». «Plus sérieusement, se reprend l'élu de Loire-Atlantique, le
très faible nombre de députés UMP présents en séance au moment du vote
montre que ce texte était loin de rassembler au sein du goupe
majoritaire.»
Le député PS Christian Paul note ainsi que Lefebvre, qui devait pourtant intervenir au nom du groupe UMP, n'était même pas présent lors du vote, «parti déjeuner», à ce qu'il a cru comprendre. «J'animais depuis 12h30 un atelier du changement à l'UMP sur le partage des richesses», s'est justifié le député des Hauts-de-Seine. Vive l'assiduité dans l'hémicycle !
Parti chercher des œufs de Pâques en circonscriptions
Il
faut dire que le vote tombait particulièrement mal : un beau jour de
début de printemps, en pleine pause déjeuner et, coïncidence fatale, la
veille du début des vacances de Pâques. Défendre Christine Albanel et
la riposte graduée pour se cogner des heures de bouchon sur la route du
soleil, merci bien !
«Les Ninjas socialistes : nous sommes dans l'hémicycle, refusant vos lois.» (http://www.eskuel.net/socialists-ninjas-1-hadopi-0-1416/)
Et les députés UMP d'ïle-de-France alors, ne pouvaient-il pas assurer
la permanence ? En ne comptant que la petite couronne, ils sont tout de
même 29 à pointer à l'Assemblée... Pour ceux-là, on conseillera des
excuses plausibles si les journalistes venaient à leur tendre un micro
: mon assistant parlementaire avait une rage de dent mais n'a pas
encore son permis, mon chien a mangé mon projet de loi, j'ai eu une
panne de réveil, etc.
Négation pure et simple de la démocratie parlementaire
Que
les députés UMP tentent si piteusement de maquiller leur incapacité à
mobiliser leurs troupes sur un projet censé faire l'unanimité est
amusant. Lais le discours devient gênant quand les représentants de la
majorité défendent avec arrogance le texte comme déjà revoté : «le texte sera représenté naturellement à la fin du mois d'avril, le texte sera voté, sera par définition appliqué», récitait sans précaution Roger Karoutchi sur RTL jeudi 9 au soir.
Le vote serait donc «un coup d'épée dans l'eau», selon le secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement. Et nous revoici devant le syndrome du traité de Lisbonne : les Irlandais ont mal voté le texte européen ? Nous leur ferons revoter jusqu'à ce qu'ils réalisent qu'ils ont eu tort !
En voulant s'exonérer de leur responsabilité dans l'échec de l'adoption
de la loi Création et Internet, les défenseurs de la majorité en
viennent à légitimer la négation d'un vote. Sans doute au nom de la
défense des pouvoirs du Parlement, tant vantée par un certain Roger
Karouchi...
Vendredi 10 Avril 2009 - 07:32
Sylvain Lapoix