La « croissance verte » de Sarkozy et Merkel à l’épreuve des faits
par Yannick Jadot sur EUROPE ECOLOGIE
Le
jour même de l’ouverture de la conférence de Poznan sur le climat, le
1er décembre, l’Europe a envoyé le pire signal sur son ambition à
lutter efficacement contre les changements climatiques.Le compromis
trouvé entre les Etats membres, le parlement et la commission sur les
émissions de CO2 des voitures répond aux seules exigences des
constructeurs automobiles et laisse de côté les enjeux climatiques, de
sécurité énergétique de l’Europe et de pouvoir d’achat des ménages. Cela fait beaucoup !
Angela Merkel peut claquer la bise à Nicolas Sarkozy, il a fait le job ! Dès le printemps et avant même de prendre la présidence du conseil européen, le Président français avait déjà cédé à toutes les exigences de la chancelière, dont le seul objectif de négociation se résumait à l’absence de contrainte d’émissions sur les constructeurs allemands.
Rappel des épisodes précédents. Dès 1995, l’Europe s’inquiète de la progression rapide des émissions de CO2 des voitures (12% du total des émissions européennes en 2007) et veut fixer un objectif de 50 % de réduction des émissions dans un délai de 10 ans. La pression du lobby automobile est considérable et fait reculer l’Union qui, en 1997, valide un accord volontaire des constructeurs européens qui promettent de réduire les émissions moyennes de leurs véhicules neufs à 140 g de CO2 par kilomètre parcouru d’ici 2008. Au cœur de cette négociation avec l’industrie, Angela Merkel, alors ministre allemande de l’environnement. 10 ans plus tard, l’échec est patent puisqu’en les constructeurs atteignent à peine la moitié de leurs objectifs, avec un peu moins de160 g de CO2/km. Les raisons en sont simples, les constructeurs ont continué de commercialiser des voitures plus puissantes, plus rapides, plus lourdes et plus gourmandes en carburant.(...