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5 mai 2009

Guéant-Dieudonné: qui peut dire à Peillon de la boucler?

                                         Par Bruno Roger-Petit                                sur LE POST
         le 05/05/2009


       

               Vincent Peillon, député PS européen, proche de Ségolène Royal.          

Vincent Peillon, député PS européen, proche de Ségolène Royal.

         

© Horacio Villalobos/Corbis/Horacio Villalobos

                              C'est la grande idée du moment: "voyons voir si Dieudonné et ses listes ne seraient pas un peu hors-la-loi et interdisons les pour les élections européennes".

Pourquoi? Parce que nous vivions dans un "Etat de droit" nous dit Vincent Peillon, et que "Dieudonné comme les autres doit respecter la loi". Et Peillon de conclure que Claude Guéant, le néo-Richelieu du néo-concinisme, a bien raison car ce qu'il énonce "n'est pas un argumentaire d'interdiction" mais "un argumentaire qui consiste à dire : 'nous avons à examiner ce qui rentre dans le cadre du droit', c'est un argumentaire qui est juste".

Bien.

Une fois encore, Vincent Peillon aurait mieux fait de se taire.

Et d'une parce que reconnaître la moindre valeur aux arguments d'un type qui le fait pour vous étouffer, c'est du suicide. Peillon est la victime consentante d'un syndrome de Munchausen électoral, et en plus il est content. Allez Vincent, relis le "Coup d'Etat permanent" (ou le tome 2 "Abus de pouvoir"), tu découvriras comment on fait pour s'opposer INCONDITIONNELLEMENT et qui sait? Peut être parviendras tu à reconquérir cette circonscription de Picardie qui avait toujours voté à gauche et que tu as perdue en 2002...

Et de deux, parce que cette position n'est pas républicaine. L'Etat de droit, que je sache, n'exerce pas "a priori" de contrôle en matière de liberté d'expression, mais toujours "a posteriori", sinon, c'est la dictature, la fin de la République, la fin des libertés, la fin de l'Etat de droit en fait.

Vincent, souviens-toi de la célèbre décision du conseil constitutionnel de 1971 relative à la liberté d'association, celle qui a permis au Conseil de traiter enfin au fond de la constitutionnalité des lois en faisant référence à un texte fondateur. On apprend ça dès l'année préparatoire à Sciences po. Tu vois Vincent, ce texte s'appelle la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789, et il fait partie du "bloc de constitutionnalité" comme on dit. Allez! Je suis sympa, je te mets ici les articles importants que visiblement tu ignores (comme Guéant du reste, mais lui, il a des excuses, il est de droite) :

Article V

La Loi n’a le droit de défendre que les actions nuisibles à la Société. Tout ce qui n’est pas défendu par la Loi ne peut être empêché, et nul ne peut être contraint à faire ce qu’elle n’ordonne pas.

Article X

Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la Loi.

Article XI

La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté, dans les cas déterminés par la Loi.

 

Voilà Vincent. Tu comprends mieux maintenant? On ne peut pas empêcher Dieudonné de se présenter à des élections tant qu'il n'a pas enfreint les limites que pose la loi en matière de liberté d'expression. Et s'il l'a déjà fait par le passé, et qu'il a été condamné sans peine d'inéligibilité et de perte de ses droits civiques, c'est fini. Point. Terminé. Le passeport jaune de Jean Valjean, ça n'existe plus. Quand la dette est payée à la société, on n'en parle plus. C'est comme ça en République. Et c'est tant mieux.

Et tu vois Vincent, ce dispositif n'est pas là uniquement pour protéger Dieudonné. Il est là pour nous protéger tous, oui, nous tous. Pour qu'on puisse dire ce que l'on veut, comme on veut, quand on veut. Et si on dit des choses réprehensibles, là, et là seulement, on peut être puni: amendé, emprisonné, déclaré inéligible et déchu de ses droits civiques. Hormis ce cas, s'attaquer a priori à la liberté d'expression d'une personne, et même émettre l'idée qu'on puisse étudier cette hypothèse, ça n'est plus être républicain, (ni socialiste d'ailleurs), c'est être un censeur, comme Guéant, et comme toi Vincent, quand tu dis qu'il a raison sur le fond. C'est oublier Jaurès, Blum, Mendès,Mitterrand, tous ces gens dont tu te réclames à l'occasion et qui te diraient la même chose que moi sans doute: protéger la liberté d'expression de Dieudonné tant qu'il n'enfreint pas la loi, c'est protéger la tienne, la mienne, la notre.

Voilà Vincent, n'oublie pas ces textes fondateurs qui protégent la liberté et la dignité de chacun d'entre nous. Et puis Vincent, sois gentil, fais encore un effort pour être républicain.

                    

 

     
   A lire aussi :
         - "Dieudonné interdit d'élections... Et pourquoi pas Le Pen alors?"
         - La polémique Dieudonné: "Une tactique politique pour servir les intérêts de Sarkozy"?
         - Dieudonné: "Je le remercie pour toute la publicité qu'il a faite autour de cette liste"
         - "Il n'y a aucun moyen juridique d'empêcher Dieudonné de se présenter aux européennes"
   

 

                 

                                Par Bruno Roger-Petit                     

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