KARACHI: Magali Drouet fille de l'une des victimes, raconte
Dans n'importe quelle autre démocratie, vous connaitriez son visage. Magali Drouet est la fille de Claude Drouet, chef d'équipe à la Direction des Chantiers Navals de Cherbourg, une des victimes de l'attentat de Karachi. Elle est cette semaine une des invitées de la Ligne j@une de Guy Birenbaum. Pourquoi est-elle venue ? "Pour que la lumière soit faite" sur les causes de l'attentat. Ce qu'elle nous raconte ? Le quotidien d'une victime collatérale d'affaire d'Etat : témoignages coupés sur TF1, aimables pressions du pouvoir pour qu'elle se tienne tranquille, etc. Dans toute autre démocratie, les médias seraient ses alliés. Et en France ? Eh bien en France, c'est...différent. L'émission est ici (1). Ses meilleurs moment sont là (2), là (3), et là (4).
Source: ARRÊT SUR IMAGES
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Extrait: Pour Mediapart, le gouvernement Balladur est impliqué
En pointe sur ce dossier, Mediapart précise encore les
éléments à charge. Dans un
nouvel article (accès payant), le site d'info indique que l'instruction de
l'affaire se concentre autour d'un "des principaux intermédiaires payés
par la France dans le cadre de plusieurs grands contrats d'armement
internationaux, dont le contrat avec le Pakistan", Abdulrahman
El-Assir. Mediapart a eu accès au procès-verbal de l'audition de l'ancien
directeur financier de la DCN, Gérard-Philippe Menayas, qui affirme que
El-Assir, ainsi qu'un autre intermédiaire, Ziad Takieddine, "a été
imposé" à la DCN "par le ministre de la défense" du
gouvernement Balladur, François Léotard, "ou son cabinet".
Menayas a par ailleurs affirmé que c'est l'ancien ministre de la culture Renaud
Donnedieu de Vabres, alors chargé de mission auprès de François Léotard., qui
avait présenté les deux intermédiaires aux dirigeants de la DCN.
Et c'est désormais Eva Joly, ancienne juge d'instruction récemment élue
au parlement européen sur la liste Europe Ecologie, qui appelle
le pouvoir politique à permettre que la lumière soit faite sur cette
affaire. Dans
une
tribune au Monde, elle estime "qu'il faut que cette enquête
puisse désormais se dérouler dans de bonnes conditions, afin que les
responsabilités, quelles qu'elles soient, soient enfin clairement établies".
Elle proteste donc contre la
suppression prévue, et voulue par Nicolas Sarkozy, des juges d'instruction,
craignant que le Parquet, soumis à l'exécutif, soit moins indépendant qu'un
juge d'instruction, notamment dans cette affaire embarrassante pour Sarkozy,
qui était ministre du budget d'Edouard Balladur.
Elle s'élève ensuite contre le projet de loi visant à étendre
le secret défense, qui compliquerait la tâche des enquêteurs, et dont nous vous parlions en détail
ici. "Quelle étrange différence avec l'abondance de textes sur la
sécurité, la répression des bandes et du port de la cagoule ! Ici, on interdit
ce qui est visible au grand jour, et tombe déjà sous le coup de nombreuses
dispositions pénales, écrit l'ex-magistrate.
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Une bombe explosait à Karachi, le 8 mai 2002, tuant quatorze personnes, dont onze Français. Toutes travaillaient, pour la direction des constructions navales, à l'exécution d'un contrat de près d'un milliard de dollars signé en 1994 avec la France pour la fourniture au Pakistan de trois sous-marins. Dès l'origine, les autorités françaises ont suspecté Al-Qaida d'être responsable de cet acte de terrorisme. Or, les juges d'instruction auraient émis récemment, devant les familles des victimes, une autre hypothèse : cet attentat aurait été un avertissement sanglant de certains éléments de l'armée pakistanaise, après l'interruption du versement de commissions à des intermédiaires.
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Charles Millon, ancien ministre de la défense, a depuis confirmé l'existence de telles commissions, et l'interruption de leur paiement sur ordre de Jacques Chirac. Reste que le motif de cette interruption n'est, lui, pas clairement établi. Souci de lutter contre la corruption, ou volonté d'assécher le financement politique de concurrents ? Selon des renseignements parvenus aux juges, en effet, il aurait pu s'agir d'éviter que de possibles rétrocommissions n'aillent contribuer au financement des campagnes d'Edouard Balladur, premier ministre et candidat à l'élection présidentielle à l'époque de la signature du contrat, soutenu par celui qui était alors ministre du budget - Nicolas Sarkozy. Ce dernier, interrogé à Bruxelles sur cette piste d'enquête, l'a qualifiée de "fable" grotesque.
Nous nous garderons bien de prétendre démêler le vrai du faux dans cette affaire. Nous ne savons pas s'il s'agit bien de la cause de l'attentat, et nous ignorons si ces commissions ont pu donner lieu à des rétrocommissions. Ce qui est absolument certain aujourd'hui, c'est la gravité de l'affaire et de ces accusations, et c'est qu'il faut que cette enquête puisse désormais se dérouler dans de bonnes conditions, afin que les responsabilités, quelles qu'elles soient, soient enfin clairement établies.
C'est pourquoi nous attirons l'attention du chef de l'Etat et de sa majorité sur les conséquences désastreuses que pourraient avoir, dans ce dossier comme dans d'autres, deux des réformes actuellement en cours : la suppression des juges d'instruction et l'extension du domaine du secret-défense. Si ces deux textes étaient définitivement votés, il s'agirait d'une entrave considérable à toute enquête sensible, et à la confiance des Français envers l'institution judiciaire.
ENTRAVES À L'ENQUÊTE
En effet, une fois les juges d'instruction supprimés et leurs tâches
confiées à un parquet soumis au pouvoir exécutif, des questions telles
que celle qui a si fort agacé le chef de l'Etat seront bien plus
difficiles à soulever... De même, comment expliquer les dispositions
iniques nichées dans le projet de loi de programmation militaire
2009-2014, qui visent à supprimer la possibilité des perquisitions
utiles dans des lieux sanctuarisés, et à étendre sans fondement
légitime ni démocratique la notion de secret-défense ?
(......)
Lire ...... (Le Monde )