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7 août 2009

Sondages et manipulations : Les embrouilles financières de l'Elysée

Source: Le Canard

 

Il faut remercier Philippe Séguin et les enquêteurs de la Cours des comptes. Sans leur rapport sur les finances de l'Élysée, voulu par Sarkozy, personne en dehors des lecteurs du "Canard"- n'aurait jamais eu la certitude que la publication de certains sondages dans la presse donne lieu à d'édifiants arrangements.
Les remarques de la Cour, rédigées dans le style inimitable de la maison, peuvent se résumer en quatre points.
- PRIMO : les commandes de ces sondages, notamment Opinion way, l'institut favori du "figaro", et de "lci", propriété de la maison Bouygues, n'ont donné lieu à aucun appel d'offres. Et ce contrairement au code des marchés publics.
DEUZIO : ces commandes n'ont pas été passées directement mais par l'intermédiaire d'une société de conseil Publifact. Laquelle est la propriété de Patrick Buisson, un ex-directeur de "Minute" ( proche du Front National ), promu conseiller politique de Sarko. Pour prix de ses conseils, Patrick Buisson touche de la présidence 10 000 euros par moois. A quoi il convient d'ajouter don salaire à la chaine Histoire, propriété du groupe Bouygues, dont il a été bombardé, par un heureux hasard, directeur au lendemain de l'élection de Sarko.
Ce contrat entre la société de Buisson et l'Elysée, signe dés juin 2007, par Emmanuelle Mignon, alors directeur de Sarko, est donc doublement léonin selon la Cour.
A la suite de la visite des magistrats, en mars dernier, la présidence de la République c'est engagée à modifier ces procédures de passation de marché. Il était temps.
TERTIO : "Sur les 35 études facturées en 2008, assure la Cour, au moins 15 d'entre elles avaient également fait l'objet de publications dans la presse (...)" Et les magistrats d'insister : "La comparaison des résultats publiés dans la presse et ceux remis à la présidence ne faisait pas apparaître de différence. On pouvait, dés lors, s'interoger sur l'utilité des dépenses." Pour certain l'utilité est facile à deviner.
QUARTO :"La présidence recevait l'étude accompagnée d'une facture indiquant le titre du sondage et sa date de réalisation, sans aucun autre élément permettant d'attester la réalité du service fait et son coût réel." Et là arrive le coup de grâce : le cabinet conseil de Patrick Buisson "disposait d'une totale liberté d'appréciation, ce qui a contrario, signifiait que la présidence n'avait ni la maîtrise, ni le controle tant de l'engagement que du montant des dépenses correspondant à ce contrat". Bref, une pagaille insondable...

Panique chez Dassault :
A peine connues, les conclusions de la Cour ont semé un joli désordre au "Figaro". Son directeur de la rédaction, Etienne Mougeotte, jure que les sondages d'Opinion Way ont bien été payés par le quotidien de Serge Dassault et que leur prix correspond au tarif habituel de ce type de "baromètre de popularité". La société des journalistes du quotidien s'est, elle émue de ce "type de coproduction qui nuit garvement à la crédibilité des titres du groupe". "Le canard" n'avait pas attendu la Cour des comptes pour s'étonner du "troupisme" entre cet institut et la présidence de la République. Un exemple : le 18 février 2009, "le Figaro" publiait les résultats d'un sondage Opinion Way faisant d'Olivier Besancenot le meilleur opposant à Sarko. Juste au moment où l'Elysée multipliait les manoeuvres pour pousser en avant le patron du NPA afin d'accroître la division à gauche.
En fait l'astuce est vieille comme les sondages et Opinion Way n'est pas le premier institut à pratiquer le curieux mélange des genres. Le sondeur facture au prix fort l'Elysée ou au service d'information du gouvernement, qui dépend de Matignon, la plus grosse part d'un sondage. Puis il émet une autre facture d'un montant plus raisonnable au journal qui va se faire un devoir de publier quelques-uns des résultats qui arrangent le pouvoir en place.

Vérification laborieuse :
Le pédégé d'Opinion Way Hugues Cazenave, l'a d'ailleurs implicitement reconnu, pour qui sait lire, dans une interview à un site internet : "Comme tous les instituts, Opinion Way dispose d'enquêtes hebdomadaires qui permettent à nos différents clients d'acheter des questions en partageant les coûts fixes d'une étude : cela signifie qu'une même enquête va être financée (...) par plusieurs clients.3 Difficile donc de s'y retrouver, comme le reconnaît, en confidence, un enquêteur de la Cour des comptes. Car le prix d'un sondage, paru dans tel ou tel organe de presse, est beaucoup plus ardu à apprécier que celui d'un yaourt.
Il y a quand même un progrès. En raison des contrôles de la Cour, désormais institutionnalisés, les sondeurs doivent a présent émettre des factures qui ne soyons pas naifs, seront plus ou moins précises mais qui laisseront des traces dans la comptabilité publique. C'est une première depuis 1958, où les présidents successifs ont usé et abusé des sondages, et, selon les intérêts du moment, les offraient à leurs journaux, radios et télé favoris. Des enquêtes payées par les fonds secrets ou par l'intermédiaire de conseillers comme Jacques Pilhan, avant hier "conseiller image" de François Mitterand et hier de Jacques Chirac. Quand ce n'était pas directement en billets entassés dans des sacs en plastique de Monoprix oui de Prisunic.
Aujourd'hui, c'est Patrick Buisson qui se régale.

Un sondeur tout-terrain :
OPINIONWAY n'écoule pas seulement ses sondages dans le "Figaro" ou sur LCI. Le "Nouvel Obs" (21/7) a également publié une de ses études curieusement "coréalisée" (sic) pour la fondation Terra Nova, un machin proche de Dominique Strauss-Khan.
Le vice président d'Opinion Way, Denis Pingaud, un ex du cabinet de Fabius et d'Euro RSCG, est depuis des années, le conseiller de José Bové. Il lui a d'ailleurs consacré une biographie-hagiographie. M. le Vice Président a participé "amicalement" (sic) à la campagne de Daniel Cohn Bendit lors des élections européennes. Opinion Way a aussi fourni aux écolos des sondages pour les aider à définir leur stratégie.
L'Élysée, les strausskhaniens, les écolos... manque plus que Bayrou.   

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Commentaires
J
je me suis étonnée. D'abord de voir comment certains camarades traitaient publiquement une candidate potentielle de la gauche. Ensuite de constater que certains grands éléphants partaient en vacances pendant la campagne de la gauche(son ryad au Maroc, puis le Canada pour DSK, tandis que Hollande déclarait le 21 déc 06 , sans consulter quiconque et encore moins la candidate investie par les socialistes qu'on était riche avec 4000 € par mois). Puis d'apprendre, le 17 juin 2007 que le BN refusait d'avancer le congrès (pour désigner un(e) leader et organiser l'opposition...<br /> Que penser de ces dirigeants là sinon ce que vous soulignez. Je me suis questionnée sur cette conduite qui semble suicidaire, mais plus j'en vois (l'élection de nov. 08 entre autres) plus je me demande s'ils n'ont pas peur de quelque chose, dont l'explication pourrait se trouver dans ces mots: http://blogdejocelyne.canalblog.com/archives/2007/03/11/4277042.html#comments: en particulier: "JE N'AI PERSONNE A PLACER".
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H
La connivence entre cette droite dure qui gouverne le pays et les dirigeants actuels du PS m'a paru se vérifier depuis bien longtemps. Ces derniers sont en effet bien indulgents envers les caciques du parti qui roulent pour Sarkozy. Aucune remarque ni condamnation sur les louanges de Lang ou de Rocard envers Sarko . Martine, 1ère secrétaire, qui entend rencontrer souvent le Président pour parler de l'avenir du Pays. Sans parler du silence assourdissant des autres ténors quand un certain Mr Lefebvre estime publiquement qu'une socialiste bien connue, dont les idées sont approuvées par la moitié des militants, a besoin de consulter un psychiatre parce qu'elle ose faire son devoir d'opposante. Tous ces dirigeants du PS préfèrent manifestement avoir Sarkozy à l'Elysée plutôt qu'une des leurs. Voilà ce qu'est devenu le PS : une machine à neutraliser les chances du candidat désigné par ses propres militants. Plutôt la victoire de l'ennemi que le triomphe de quelqu'un d'autre que moi.
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J
Voilà bien longtemps que je ne peux que constater une collusion d'intérêts entre la droite, et une petite frange de dirigeants à gauche. Sinon...<br /> <br /> - Comment expliquer autrement l'absence de campagne lancée par les chefs du PS pour les européennes?<br /> - Comment expliquer que le PS ait voulu attendre la réduction de moitié de ses adhérents pour faire son congrès?<br /> - Comment expliquer que des socialistes puissent participer à ce gouvernement sans réaction de "la tête" du PS les enjoignant au minimum de justifier leur "migration" dans le camp de cette droite dure, intégralement dévouée aux plus offrants.
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M
Ce qui explique les 75 % de la nouvelle "madone" de la Gauche et le peu d'empressement de sa "soubrette" à contester.<br /> <br /> En lisant bien, je me demande si le PS ne voulait pas perdre les Européennes et il en sera sans doute de même pour les Régionales et ainsi tout le monde attendra la venue du "messie" pour 2012 ???.
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