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28 août 2009

Echos sur les Primaires: P. Quiles et M. N. Lienemann

 Cette tribune, que j'ai co-signée avec Marie-Noëlle     Lienemann, sera publiée demain par     Marianne.   (P Quilès)

           
     Poser aujourd’hui la question des primaires pour la désignation d’un candidat socialiste     à l’élection présidentielle de 2012 peut sembler étrange, alors qu’à l’évidence, l’urgence est ailleurs. Comment ne pas voir en effet que Nicolas Sarkozy, en dépit de ses discours sur «  rien se sera comme avant », poursuit dans la voie du libéralisme et de la mondialisation financière, en laissant les banques reprendre leurs mauvaises habitudes (bonus des traders, faibles crédits aux entreprises), en préparant la privatisation de la Poste, en réduisant le nombre  d’enseignants, en laissant s’accélérer la désindustrialisation de la France ! Proposer une alternative de sortie de crise paraît certainement plus nécessaire à bon nombre de nos concitoyens que d’engager un débat sur l’opportunité de primaires au PS. 

             Pour que cette question des     primaires prenne tout son sens, elle doit procéder d’une réflexion plus large sur la stratégie que la gauche devrait mettre en œuvre pour gagner en 2012. Une telle démarche ne peut alors se concevoir que dans la perspective d’un accord global pour une majorité alternative (présidentielle, législatives, dynamique sociale…) et sur la base d’un projet, puis d’un programme.  

             Pour cela, la première tâche est de     clarifier le cap stratégique, dont on voit mal comment il ne pourrait pas être celui de l’unité de la gauche. Lors de son dernier congrès, le PS a arbitré dans cette direction, mais, pour enclencher une nouvelle étape de son rassemblement, les discours ne suffisent plus ; il faut des actes immédiats, afin de le préparer et d’éviter le retour aux vieilles tentations de l’alliance avec le centre.  

           Il faut aussi éviter à tout prix de céder à la tentation de la présidentialisation de la vie politique française. Aucun candidat de gauche ne sera élu au sommet de l’Etat s’il n’est pas porté par un élan collectif, qui ne pourra se créer sans la constitution d’un nouveau Front populaire. Ce Front devra se constituer en respectant les différences qui subsistent au sein de la gauche française et donc en garantissant à ses différentes composantes une représentation politique, en particulier au Parlement, autour d’une nouvelle synthèse. Au vue de la crise et des besoins de changement, celle-ci ne saurait être à minima ; elle doit aussi concerner le monde syndical, associatif, bref la gauche vivante.  

             Il faut en effet ne pas perdre de     vue que le fond du projet et du programme, la vision d’avenir et les valeurs seront les clés du succès. S’ils ne se résument pas à quelques slogans et s’ils sont préparés collectivement,     ils assureront un vrai rassemblement, mobilisateur pour la campagne électorale et ils engageront tout candidat.  

             La désignation ne peut donc     venir qu’à la fin d’un processus complet. Le candidat portera une dynamique, un message et des engagements, auxquels il ajoutera sa force personnelle. La question de la primaire ne se pose qu’en achèvement d’une stratégie, qui ne saurait se limiter à trouver le « bon » candidat censé sauver la gauche, encore moins à désigner le seul candidat socialiste. Elle ne peut non plus consister à copier des expériences étrangères, au demeurant peu probantes : la méthode italienne n’a pas été suffisante pour empêcher la défaite ; quant à la culture politique américaine, elle est très différente de celle de la France.  

           L’histoire des élections présidentielles françaises nous enseigne que c’est toujours le camp le plus uni qui l’emporte. En 2012, il faudra présenter un projet collectif en phase avec les attentes du peuple de gauche, mais qu’aucune des forces en présence ne peut prétendre porter seule. Sans l’unité, il ne sera pas possible d’élaborer une nouvelle synthèse qui dépasse les vieux antagonismes, les rancœurs accumulées, les procès d’intention plus tournés vers le passé que vers l‘avenir. Sans l’unité, les Français demeureront dubitatifs sur la capacité de la gauche à gouverner et à transformer.  

           C’est dans cet esprit que nous proposons une     démarche, soutenue par 900 militants, élus et responsables issus des diverses sensibilités de la gauche [1]. Cette démarche comporte:

 1)     La constitution d’un     « Comité pour le rassemblement de la gauche », avec le même souci d’associer, au-delà des partis, toutes les forces qui s’engagent à gauche. Ce comité pourrait organiser     immédiatement la « convergence » des gauches et des écologistes. Il préparerait des « Etats généraux de la gauche », dégageant des thèmes fondateurs en vue de la     préparation d’une charte. La proposition de Martine Aubry de « maison commune » peut être un élément  de cette démarche, à condition qu’elle y associe très vite des personnalités syndicales, des clubs, des associations et des mouvements citoyens.  

 2)     Cette « Charte pour     l’élection présidentielle », à achever avant mi 2010, servirait de base à un accord pour les législatives, et pour le programme d’un candidat unique de la gauche à l’élection     présidentielle.  

 3)     L’organisation de     primaires, où les militants des organisations signataires de la Charte seraient consultés, prendrait alors tout son sens. Bien entendu, il s’agit ici des adhérents appartenant aux structures (politiques syndicales, associatives) ayant concouru à la rédaction de la Charte. Nous refusons l’idée de faire appel au concept vague de sympathisant, dont l’engagement se limiterait à procéder à une sorte de zapping occasionnel entre des leaders. Cela contribuerait un peu plus à la dépolitisation ambiante, en rejetant ce qui fait la force de la gauche française : le débat d’idées, l’engagement politique, la fibre militante.  

 

             Si l’on veut sortir de la     confusion et du désordre créés par la façon dont cette question des primaires est actuellement abordée, il faut être précis et dire :  

 - que ces primaires doivent avoir pour objectif de désigner un candidat de toute la gauche et pas du seul PS ;  

 - qu’elles doivent être préparées par un rassemblement de l’ensemble des forces vives de la     gauche ;  

 - que les votants de ces primaires doivent être engagés dès le début du processus et être membres des     partis, associations, clubs, syndicats, constitutifs de ce nouveau Front populaire.

Cette démarche nous paraît     aujourd’hui la seule voie sérieuse pour organiser la victoire de la gauche en 2012.
 

Source: Le blog de P Quilès

Mon commentaire: décidément, l'idée - qui a provoqué tant de remous à l'époque -  lancée par Ségolène Royal de primaires ouvertes, et d'une gauche arc en ciel fait son chemin.Tant mieux! Pourvu que la course aux "ego" ne s'élargisse pas encore plus..  cette course dans laquelle se lancent quelques uns qui se saisissant d'idées lancées et honnies en 2006 et 2007 seraient peut-être tentés de se faire passer volontiers pour des précurseurs?


 

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Commentaires
J
Nous conviendrons alors que cette réforme conduite en 89 , a involontairement entrouvert la porte, à une privatisation et une dérèglementation qu'elle n'avait pas prévues.<br /> <br /> Nous serons aussi d'accord , sans doute, sur l'inanité des procès, stériles si ce ne sont pas des observations permettant d'éviter la reproduction des erreurs. <br /> <br /> En effet, nous en sommes tous, à gauche, à une phase de bilan qui doit nous inciter à tirer parti des expériences passées pour éviter de voir les mêmes erreurs se reproduire, et les mêmes « obstacles », s'interposer pour faire barrage: nous nous garderons d'évoquer ceux intervenus (au sein de notre parti!) pendant la campagne de notre candidate, sans les oublier pour autant, bien sûr... <br /> ceci afin de poser des bases saines et solides d'un PS du XXIè siècle, fort des énergies de TOUS ses membres y compris de ceux qui, ayant quitté par dégoût le vieux PS , reviendront dès que leur parole sera rendue aux socialistes : plus jamais un 17 juin 2007 (n'oublions pas que c'est à cette date que le BN a refusé d'avancer le congrès qui aurait doté la gauche d'un leader indiscutable et démocratiquement élu, et d'une opposition conséquente et active collectivement).<br /> Eh oui, ici là encore, les socialistes (je parle des adhérents) auraient voulu s'opposer à la casse prévisible des services publics... Et puis, il arriva ce que vous savez.<br /> <br /> Mais mieux vaut tard que jamais: il est urgent en effet de rassembler - enfin - les forces qui veulent concourir à cet objectif et à celui de 2012.<br /> <br /> Après avoir vu ces errements, j'espère, Monsieur Quilès, que nous serons nombreux à repartir d'un bon pied en mettant immédiatement à bas toute possibilité de voir se reproduire ce désastre interne trop longtemps entretenu par quelques individualités.
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M
Les faits que vous évoquez sont tout à fait exacts, vous avez réussi avec rocard là où Giscard d'Estaing avait échoué face à la forte mobilisation des syndicats. L'arrivée de la Gauche en 1981 a permis le ralliement de la CFDT avec Nicole Notat et tout est devenu possible.<br /> <br /> Je vois que vous êtes bien "conscient" que la modification des statuts menait obligatoirement à long terme à une privatisation de ce grand service public puisque le recrutement était changé. Vous avez supprimé le mode de recrutement par concours et permit ainsi de faire entrer la précarité à tout va. Il suffit de voir les jeunes distribuer le courrier sans formation pour en être convaincu.<br /> <br /> En supprimant les concours, vous avez aussi anéanti un important facteur d'ascenceur social. Et c'est regrettable à l'heure où les jeunes chômeurs désespèrent d'avoir un Avenir.<br /> <br /> Je suis d'accord avec vous, il faut regarder vers l'avenir mais la grave crise politique est dû à la "confiance". Et comment avoir "confiance" dans des politique qui n'assument même pas leurs actes ?<br /> <br /> Et pour retrouver cette confiance, il faudra que les leaders fassent de la politique "par la preuve".
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P
Je ne sais pas qui vous êtes, mais, étant tombé par hasard sur votre blog, je veux vous remercier de donner l'article que je viens de publier. <br /> Par contre, je ne peux pas laisser passer un commentaire tout à fait déplacé et qui ne fait que colporter de grossiers mensonges. <br /> Je m'explique:<br /> - la réforme que j'ai conduite en 1989-1990 aux PTT n'a évidemment rien à voir avec une privatisation.<br /> - elle a été menée dans une (vraie) concertation avec tous les acteurs (personnel, syndicats, usagers, Parlement...), pendant près d'un an.<br /> - la Poste et France Télécom étaient jusqu'en 1990 des directions d'un ministère. Leur statut est devenu celui d'"établissement autonome de droit public", aussi protecteur que celui d'EDF (établissement public) et beaucoup plus protecteur que celui de la SNCF (société nationale). Je n'ai jamais entendu dire que les statuts d'EDF et de la SNCF, mis en place par des gouvernements de gauche, étaient dangereux! <br /> - j'ai combattu vigoureusement la dérèglementation au niveau européen. Malheureusement, les gouvernements de droite ont tout accepté, tant en matière de Poste que de télécoms. J'ai expliqué dans un article publié par le Monde (voir http://paul.quiles.over-blog.com/article-22976121.html) les conséquences désastreuses de cette dérèglementation pour la Poste.<br /> - je me suis battu comme parlementaire en 1995-96 contre la droite, qui a donné à France Télécom le statut de société anonyme et je l'ai accusée de préparer ainsi la privatisation.....ce qui s'est passé quelques années plus tard (je tiens les documents à votre disposition) <br /> On peut toujours revenir sur le passé et j'accepte tout à fait le débat. Par contre, je déteste les procès stériles, que j'ai souvent eu à affronter et dont je vois bien les finalités politiques. <br /> Je pense que le plus urgent aujourd'hui est de rassembler les forces de ceux qui veulent sincèrement s'opposer à la casse en cours des services publics. Je crois avoir montré que je me sens concerné par ce combat.
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M
Les 2 qui se prennent pour les "sauveurs" de la Gauche sont directement responsables de l'élection de sarkosi si bien que leurs déclarations n'ont aucun impact.<br /> <br /> De plus, quilès est le fossoyeur d'un grand service public : les PTT. Aujourd'hui, il crie "au loup" pour la privatisation de la Poste alors qu'il en a été le précurseur en 1992 avec rocard.<br /> <br /> Tout est dit.
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