Perception de «Femme debout»
PERCEPTION DE « FEMME DEBOUT »
Entretiens avec Ségolène Royal conduits par Françoise Degois.
( chez Denoêl - janvier 2009 )
Ouvrage de 275 pages rendant compte , littéralement, des entretiens entre S. Royal et F. Degois, Grand Reporter au service politique de France Inter. Echanges se situant entre 2004 ( Régionales ) et 2008 ( Congrès de Reims ).
LE LECTEUR SIGNATAIRE :
adhérent de D.A/ Montpellier. 86 ans . Inspecteur Honoraire de
l'Education Nationale.. A quitté le PS en 95 : ce parti ne lui
apparaissait plus qu'un appareil centré sur sa reconduction. A
soutenu ( Comités de soutien ) les candidatures socialistes (
législatives : H.Mandroux et JP Moure), a organisé réunions soutien à
Ségolène aux présidentielles ; Convictions et analyses personnalistes.
Responsable et engagé Associatif et mise en place Loi LOADDT et Loi
pour Développement Durable -(2005 ). Animateur d'un Collectif centré
sur la production urgente d'un « Projet Présidentiel » . Courrier
adressé en ce sens à JP Mignard et aux quatre acteurs de Reims ( dont
S.Royal) , fin décembre. Sans réponse d'eux.
Expérience et réflexion de longue durée sur Education au Développement durable et Démocratie Participative.
L'APPROCHE PREMIERE DU LIVRE :
Ai appris sa parution par D. Huchette, l'ai immédiatement acheté :
- par solidarité : soutenir financièrement le combat
,
- par objectivité : savoir certaines choses de la bouche même de Ségolène,
- par besoin : connaître sa façon d'appréhender l'énorme
problème actuel posé par le dévelpt durable à travers ses
déclarations.... une fois connues ses positions ( Discours d'Athènes ,
Contribution à Reims, billets du Brésil... )...à soutenir Ségolène ,
autant ne pas se tromper sur le fond de son engagement.
LECTURE LITTERALE :
Aucune prétention littéraire , aucune recherche de l'effet même si la
langue est tenue . et s'il y a des traits méritant d'être retenus, au
passage. F. Digois est une vraie « pro » de haut niveau. Sans
concession .. ;même si l'on sent poindre une sympathie, par moments. La
réciproque est vraie : Ségolène ne serait pas entrée dans ce jeu sans
avoir accordé sa confiance. On s'évertue à ne point tricher., des deux
côtés.
Les entretiens sont engagés et entretenus selon une logique historique parfaitement éclairée par de brefs rappels pour une mise en situation. F. Digois est le témoin intraitable d'un vécu très riche ; Ségolène en est l'actrice souvent trop engagée pour s'aviser du sens à donner à certains aspects pourtant très signifiants.
L'écoute réciproque est authentique ...même si elle s'avère critique, plus d'une fois.
F. Degois a le rare mérite de tenir bon face à un « sujet » qui a plus que de la défense.
Dans l'ensemble donc, et pour ce qui est de la forme, il m'a semblé que ce « signifiant « que constituent les échanges dans leur littéralité présentait un certain intérêt en éclairant certaines facettes de la personnalité de Ségolène. Parler, c'est toujours se trahir un peu
Pour résumer, je dirai que ces éclairages recoupent ceux, plus précis, fournis par le contenu, le signifié ; Ségolène m'a paru être ce qu'elle dit et comme elle le dit...
Ce n'est point là un compliment mais un constat personnel qui ne va pas sans susciter certains soucis à mon niveau.
Le fait que , chez elle, les choses sont très souvent exprimées avec force , contrôlées mais sans retenue, renforce le constat .
CE QUI EST DIT ( LE CONTENU DES DECLARATIONS
) :
Nous procéderons par thèmes en fonction de mes intérêts essentiels : réalité de l'engagement de Ségolène au double égard :
- d'un projet présidentiel,
- d'un projet présidentiel centré sur le problème premier : une
nouvelle définition d'un Progrès qui soit « assumable » (
sustainable), qui puisse être supporté par nous d'abord et par les
générations à venir ensuite.
Je dirai donc que ma lecture a été gouvernée par la quête d'éléments du discours susceptibles de préciser , éclairer, ...le profil d'engagement de Ségolène et sa cohérence ( qu'est-ce que la participation , les autres, et la justice et la nature, et la spiritualité pour elle... ? par exemple ).
Je ne ferai donc pas un sort à tous les points pouvant avoir, à ses yeux, de l'importance mais à ceux qui ont trait à notre action et à notre réflexion actuelle sur l'axe présidentiel ...
Et je conclurai par quelques énonciations en forme de demandes comme après toute rencontre constructive.
A- SON
ENRACINEMENT :
Si, comme il m'a semblé, Ségolène pense comme elle est
et si ce qu'elle est résulte, à la fois de la rencontre entre un
donné et un acquis , la place qu'elle accorde à l'évocation de son
père et de sa mère tout autant qu'à son milieu premier me paraît
déterminante. Comme , aussi, tout ce qui transparaît d'une « santé »
évidente . Ségolène est tout le contraire d'une égrotante et elle ne
doit pas beaucoup « s'écouter »...A la voir vivre, à travers ces
entretiens, on pense au mot de De Gaulle à propos de l 'économie : «
L'Intendance suivra », mot très militaire ...Ségolène veut, sans se
préoccuper beaucoup de son « intendance » ...conception militaire bien
française qui nous a valu quelques succès...et quelques déboires...Ceci
étant, bien évidemment, un héritage paternel ...mais pas seulement.
« Je suis la fille de mon père...c'est lui qui m'a structurée » ( p. 191 )...ce père, enfant d'une grande fratrie paysanne à la vie dure, où l'on ne s'écoute pas , ni au sens réfléchi ni au sens réciproque...où « il faut », c'est tout ! Tout simplement parce que la survie du clan familial en dépend. Mais aussi ce père et cette mère qui lui ont donné ces « barrières éducatives » permettant de savoir, à coup sûr, « ce qui se fait et ce qui ne se fait pas ».
Mais cette mère , aussi, étrange et séduisant personnage trouvant dans des rapports immédiats avec la nature un ressourcement puissant bien nécessaire ; cette mère capable , pour sortir un enfant de son mal-être, de l'emmener dans le jardin pour y regarder les plantes , les insectes et les bêtes...
Sans tomber dans un psychologisme facile, on comprend mieux certaines aspects de cette personnalité « ségolienne »( sans prétendre l'appréhender totalement ) :
-un rapport quasi viscéral au monde vivant ou non,...à commencer par l'eau , le soleil, la chaleur, comme une
compensation de froids hivers subis,
-une aspiration profonde à des rapports humains délivrés ,,à une autre relation aux autres, immédiate, sans a priori,
-une autre façon d'aborder les problèmes ( je la cite ) elle aussi
plus globale, plus « une », moins « intellectuelle » mais plus
objective, en fait,plus attentive à ce qui est vécu par « l'Autre «
et « les « Autres ».... ». Importance de la « quête de rapports
interpersonnels »( p. 41 ) ...et donc, de la prise en compte de cet
Autre dans son vécu propre, dans son environnement tel qu'il le vit.
-Ce « goût pour la bagarre, pour la castagne qui ne l'effraie pas , toute violence mise à part ...pour l'affrontement...
-Ce refus du « vieux monde qui est mort », ce vieux monde auquel
appartiennent, selon elle, certains de ces éléphants ayant, en douce,
contribué à son insuccès...
( « Solférino, recroquevillé sur lui-même » )
-La place , déterminante, prise par le regard porté sur elle objectivement ou non...
-Cette place spéciale faite, enfin , à la spiritualité « personne ne
peut vivre sans spiritualité » ( p. 98 ) ...cette Ségolène qui déclare
« je ne crois pas en Dieu » et qui « prie « à Sienne, dont les quatre
enfants sont baptisés ( pour qu'ils soient structurés ) et qui, de
toute évidence , veut, de toutes ses forces, rassembler ceux qui
croient au ciel ou ceux qui n'y croient point...laissant ainsi le champ
ouvert à toutes les spiritualités potentielles...Non point spiritualité
forcée mais spiritualité dépassement, aspiration, quête.
B- L'ARRACHEMENT/ LE
DEPASSEMENT :
Au terme de cette collecte hasardeuse d'impressions et de détails, il
est difficile de ne pas d'abord conclure à la richesse exceptionnelle
du personnage tel qu'une lecture personnelle semble me l'avoir livrée .
Il en ressort cependant quelques dominantes précieuses :
- un attachement définitif aux siens ( coût que coûte
s'agissant du Père) , c'est-à-dire à son père, à sa mère , à sa fratrie
et à ses enfants( là, c'est le sanctuaire ! ) mais aussi à sa terre
première et à cette dure école qu'a été sa jeunesse, Ségolène ne renie
rien ni personne.
- Ceci dit, un besoin vital et une volonté farouche d'échapper
à cet univers froid fait de solitude et d'un volontarisme désespéré,
de donner un sens à sa vie par et pour les autres et l'autre....mais
sans souffrir que soit porté atteinte à un domaine ^privé jalousement
défendu. ( « ce qui ne regarde que moi « ), avec, à la clé un droit
revendiqué au bonheur qui ne doit rien, bien au contraire à son
éducation..( côté père, tout au moins ),.
- Un amour du monde , une propension à l'aimer, plutôt,
plantes, bêtes et gens compris., confirmé par la recherche d'instants
chaudement partagés sur la base de choses simples et dans la
complicité.
- une certaine indifférence pour certains aspects de
l'intendance ( la ponctualité aux rendez-vous, l'organisation de l'action...)
Ségolène , la Ségolène qui nous est échue, a conservé de ses origines la référence indéfectible à des valeurs simples ( « les barrières », « ce qui se fait et ce qui ne se fat pas « ) et elle demeure reconnaissante aux siens de l'avoir ainsi « structurée »
Pour autant, elle apparaît comme un être aspirant, de toutes ses forces, à générer la liberté, sous toutes ses formes ,une liberté assortie, certes, de cette responsabilité personnelle définie par les barrières ...
Elle apparaît assoiffée de sens, de sens pour elle et pour les autres ( leur laissant le soin de le construire librement ), sens constamment renouvelé et « pour » les autres...et « par » les autres.
Elle
s'arrache, par l'engagement politique, à ses origines au prix d'une
insurrection constante ; je dirais qu'elle venge sa mère...sans renier
son père de qui elle a retenu l'impérieuse nécessité du combat. Il y z
du soldat en elle ( et non du militaire).
C- EN CONCLUSION ET POUR REJOINDRE NOTRE PROPOS INITIAL :
...s'il m'était offert de rencontrer cette femme pour qui j'ai voté, que j'ai soutenue , contre qui il m'est
arrivé de pester....je lui dirais ces choses simples :
- à mon humble avis, Ségolène est faite pour agir à ce niveau
de la politique où se redéfinissent et se partagent les grandes
orientations et les valeurs , ces grands repères sans lesquels les
programmes ne sont plus que des catalogues de la Redoute ( pub.
gratuite) et dont le PS nous a fourni de beaux exemplaires...)
- elle a tout en elle pour cela et c'est bien ce qui a été
reconnu par 47 % de français et c'est,très exactement, ce qui commence
à manquer aux autres...elle dispose en outre d'une Constitution
renouvelée à laquelle elle peut s'adosser en bonne Républicaine...(
depuis 2005 ),
- elle n'assumera ce rôle déterminant , en la conjoncture,
que si elle accepte , en toute humilité ( elle aime ce mot d'ailleurs
et elle a bien raison ) de « confier » à une équipe dûment constituée
le soin de structurer l'action urgente qui s'impose .
- Lors d'un récente réunion de DA , les cinquante personnes
présentes ( et ce n'étaient pas des gamins ) ont convenu « qu'elle
était la seule »...la seule à avoir ce charisme sans lequel on n'est
qu'un prétendant de plus...Et le charisme, comme le disait mon
entraîneur, c'est comme la vitesse ou la détente... » tu l'as ou tu
l'as pas ! »..Ségolène a du charisme ...la voilà responsable de son
bon usage.
- Qu'elle permette donc à son excellent entourage d'organiser
très vite la production, l'émergence participative d'un projet pour
l'avenir des français, bien sûr, et pour ces « autres » dont le sort
des français dépendra qu'ils le veuillent ou non.
- Qu'elle tienne, à cet effet, un langage simple bien centré
sur la réalité d'une responsabilité et d'une solidarité qui s'impose à
tous , sur la base de cette liberté qui prendra ainsi son vrai sens,
face à une menace inluctable..
- Et qu'elle vienne nous écouter, elle qui déclare aimer cela,
un peu partout ; en laissant une équipe sans cesse élargie mais
fermement tenue par ses fidèles compagnons aller au détail avec
rigueur. Que la base se sente écoutée et organisée.
Cet Avenir ne nous appartient que si nous l'assumons ensemble , sans a priori .sans gaspillage des forces.
Nous sommes au 21 siècle et le XIX ° est mort.
Merci Ségo , pour avoir rallumé l'espoir ( « l'espoir, l'espoir, c'est là le but ,l'espoir !: » ( p.210 )
Moi, de l'espoir, je n'ai guère que faire, à mon âge, mais je pense à mes sept petits-enfants et à mes sept arrière- petits-enfants.. et je me dis qu'ils sont là à cause de moi, alors...
Responsabilité.
Saint Mathieu de Tréviers , le 12 -02-09 Fernand Pau