Pour Gaby Cohn-Bendit, l'école c'est de la merde!
Vincent Peillon organisait hier un débat sur l'éducation à l'initiative de l'association Zy'Va. Autour de lui, Malek Boutih, Marielle de Sarnez et Gaby Cohn-Bendit. Ce dernier a joué les provocateurs en clamant sa détestation de la France et des profs en exigeant qu'ils commencent pas faire des colonies de vacances
Pas de Ségolène à l'horizon
« Elle est où Ségolène ?! »
crie l’insolent posté juste derrière Vincent Peillon. Les caméras
tournent. Peillon esquisse un sourire et poursuit son chemin. Les
premières rencontres du rassemblemen t «social, écologique et démocrate»,
organisées par l’eurodéputé PS, en novembre dernier à Dijon, avaient
vu le débarquement inopiné de l’ancienne candidate à la présidentielle.
Pris de court, très en colère de voir Ségolène lui voler la vedette
et ce qui devait être un débat sur l’école virer à la farce politique,
Peillon qualifia l’intrusion de « coup médiatique », entre autres amabilités.
Ce
samedi à Nanterre – Etait-ce le froid, la neige, Nanterre ?- Pas de
Ségolène à l’horizon. La visite peut commencer. Quelques centaines de
mètres dans le Petit-Nanterre avec Marielle de Sarnez, Malek Boutih et
Gaby Cohn-Bendit. On regarde les immeubles, on salue les habitants.
L’escorte médiatique suit : «ça va encore être un débat entre amis»
lâche une habitante de la cité, visiblement habituée mais lasse de voir
les pros de la politique débarquer dans son quartier, et s’en servir
comme d’un décor, une scène, un vulgaire outil de promotion. Quelques
gamines qui flairent déjà l’entourloupette se renseignent : « c’est des ministres ? ».
Une dernière photo devant les locaux de l’association Zy’Va, « Gaby, on attend Gaby ! ».
C’est dans la boîte. Direction le centre socio-culturel pour le débat.
Inutile d’attendre Ségolène, elle ne fera pas le coup une seconde fois.
Cette fois-ci l’école, rien que l’école. Ou presque…Même le président
de l’association Zy’Va est surpris par le nombre de chaînes de télés : « je pensais pas qu’il y aurait autant de caméras, je voulais faire un truc entre nous », explique-t-il, résigné. Les caméras tournent. La salle est bondée, le débat peut commencer.
Un débat entre nous...
Comme à l’école, tout le monde se présente et chacun y va de sa petite touche personnelle. Peillon : « j’ai été prof, agrégé de Philo et j’ai enseigné à Nanterre » au lycée Joliot-Curie » précise-t-il. Marielle de Sarnez fait son petit effet aussi : « Moi, pardon Vincent, je n’ai que le bac ». Applaudissements dans la salle.
Gaby
Cohn-Bendit, la boussole idéologique de son député européen de frère,
qui a visiblement un compte sérieux à régler avec l’éducation nationale
se lance dans une diatribe fourre-tout: « je ne suis pas de ceux
qui disent que les enseignants sont des gens formidables. Je n’aime pas
mon pays ! Cette école qui crée les nationalismes ! Je n’aime pas
l’école parce qu’elle n’est pas aimable ! Les enseignants, ils ont des
primes pour venir enseigner en ZEP. Qu’est-ce que ça veut dire ! Il y a
peut-être 15% de profs qui se donnent à leurs élèves… ».
« ça c’est le marketing Cohn-Bendit » résumera d’une pichenette Malek Boutih, avant de développer son propos :
« Moi j’’aime l’école, c’est par ça qu’on réussit, grâce à des
enseignants. Mais aujourd’hui, les citoyens ont une approche
consumériste, utilitariste de leur école. Il n’y a pas que des pauvres
petits parents tout seuls. Mais pour moi, la priorité, c’est qu’Il y
a de graves inégalités géographiques. C’est une politique inégalitaire
qu’il faut mettre en place pour retrouver l’égalité ». La salle, réduite pour le moment, à faire –ou non- la claque, acquiesce.
Gaby avant le débat
Quand le débat s’engage un peu, Vincent Peillon avoue l’échec politique de son parti dans ce domaine :
«avec Allègre, le PS a perdu l’électorat enseignant sans réformer
l’école. L’’argent qu’on met dans les grandes écoles ou les classes
prépas est aujourd’hui supérieur à celui qui va aux universités. Il
faut fondre tout ça. Rompre avec la primauté des maths, nous sommes le
seul pays à sélectionner sur un seul critère, et mettre le paquet sur
les fondamentaux dans le primaire avec de nouveaux investissements.
Tout ça ne se fera pas sans une profonde réforme de la solidarité des
territoires. Un vaste chantier, une priorité ».
Voilà pour
la bonne bouche. Mais de débat, il n'y aura point, juste un exposé des
problèmes de l'éducation et quelques propositions. Mais même les
meilleures intentions se perdent dans l’irrationnel. Marielle de
Sarnez ouvre le feu : « il faut faire la même chose que tout ce qui
se fait en Europe. Des enfants moins stressés, le sport, les arts
plastiques, la promotion des filières courtes, ça marche très bien ».
Et c’est moins cher. Le programme de l'OCDE en plus cool, avec le
sourire en plus. On espère que François Bayrou va la gronder à son
retour au local du Modem.
Gabriel Cohn-Bendit, impayable mais sérieux : « un préalable avant d’avoir été enseignant, c’est d’avoir fait une colonie de vacances et de s’en sortir avec les mômes». Et de poursuivre dans sa démarche marketing : «
il faut faire de la publicité comparative entre les méthodes de l’école
traditionnelle et les nôtres et on verra les résultats ! Moi à l’école,
je veux le petit avec la kippa, la petite avec le voile. J’en ai marre
des républicains, j’aime les monarchies du nord ! C’est ça qui marche !».
Les habitants du quartier n'auront que très peu le micro, même l’animateur se plaindra de ce « débat verrouillé par des professionnels »-décidément- après l’intervention d’une élue Modem qui venait de poser une question sur « les meurtres à l’école »…
Source: MARIANNE2