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14 janvier 2010

Sarkozy change de thon

      

             

                              Par Frédéric Lewino                         

La semaine prochaine, Nicolas Sarkozy devrait annoncer en grande pompe que la France est partisane d'arrêter la pêche au thon, mais... pas tout de suite. Concrètement, cela signifie que Paris soutiendra le classement en annexe 1 du thon rouge de Méditerranée lors de la réunion en mars prochain de la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction) à Doha (Qatar). Ce classement en annexe 1 condamnerait à mort la pêche industrielle puisqu'il interdirait toute exportation vers le Japon.
   
Seulement, il y aurait une petite condition posée par notre Président : l'interdiction des exportations ne devra pas intervenir avant 18 mois. En espérant secrètement que, d'ici là, les scientifiques confirment que la pêche peut se poursuivre sans mettre en péril l'espèce. Bref, il s'agit là, accuse Greenpeace, de pure stratégie verte sarkozienne qui consiste à prendre, officiellement, une position courageuse, mais vidée de sa substance par un artifice. L'ONG a aussitôt fait connaître dans un communiqué son désaccord.
   
Le sel de l'histoire, c'est que la France n'a pas une voix directe au chapitre de la CITES. En effet, à Doha, les 27 pays de l'Union européenne devront voter comme un seul homme pour la consigne adoptée en Conseil des ministres européen. Pour aider ce dernier dans sa décision, la Commission européenne présidée par José Manuel Barroso aurait dû, voilà un mois déjà, faire connaître sa recommandation. Or, celui-ci est incapable d'arbitrer entre son commissaire à l'Environnement qui plaide - mollement - pour l'annexe 1 et son commissaire aux Affaires maritimes et Pêche qui ne veut pas en entendre parler. Du coup, le Commissaire européen n'a rien trouvé de mieux que de demander son avis à la France avant d'arrêter une position. Ce qui est absolument contraire aux usages de l'Union européenne.
   
    La guerre du thon n'est pas prête de s'achever    
   
Maintenant que la position de la France est connue - même officieusement -, Barroso a réuni, aujourd'hui, ses deux commissaires pour enfin prendre une décision qui devrait être dévoilée dans les heures ou les jours à venir. À moins que les nouveaux commissaires à l'Environnement et aux Affaires maritimes et Pêche qui prendront les commandes le 1er février ne veuillent ajouter leur grain de sel.
   
En attendant, cela fait des mois que la mécanique européenne est enrayée - en ce qui concerne le thon, mais aussi toutes les autres espèces animales et végétales dont le sort sera évoqué au travers de la CITES -, à cause de deux douzaines de propriétaires français de thoniers industriels qui veulent rentabiliser à tout prix des bateaux pourtant largement subventionnés. Quant au millier de pêcheurs dont la vie dépendrait prétendument de la pêche au thon, rappelons tout de même qu'ils n'y consacrent qu'un mois par an pour un salaire à peine plus élevé que le smic. La guerre du thon n'est pas prête de s'achever.
   
 

 
  Le Point
 
      

      

 

   

   
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