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9 avril 2010

L'oeuf ou la poule ?

La gauche doit-elle choisir d'abord son candidat ou son programme  ? Faux problème   !

 

Comment faire  ? Oui, comment doit procéder un Parti socialiste que son écrasante victoire aux régionales a plongé dans le temps des difficultés, voire des tempêtes  ? Lui faut-il désigner, toutes affaires cessantes, un candidat à la présidentielle de 2012 et le doter ensuite d'un programme, ou faire l'inverse  ? Programme d'abord  ! répondent les gens sérieux. Mais les gens sérieux, quand ils sont myopes, sont sérieusement myopes...
Vous connaissez l'histoire  : est-ce la poule qui est sortie de l'oeuf ou l'oeuf qui est sorti de la poule  ? Depuis le commencement du monde, l'humanité se pose la question. Je suis en mesure de vous donner la réponse  : Dieu les a créés en même temps, d'un même coup de baguette magique.

Le Parti socialiste ferait bien d'imiter la sagesse divine. Pourquoi  ? Parce que le principe de l'élection présidentielle nous a définitivement fait sortir de ce que j'appellerai la politique newtonienne, fondée sur un enchaînement de causes et d'effets  : le parti / le programme / le candidat / l'élection / l'application du programme.
En vérité, les choses ne se passent jamais ainsi. Il y a d'abord les aléas de la conjoncture. En 2007, quand il menait une campagne résolument libérale, Sarkozy pouvait-il savoir que, moins de deux ans plus tard, la crise financière et économique allait faire de lui un partisan de l'intervention de l'Etat et d'une forme de protectionnisme écologique  ? Il y a ensuite l'équation propre de l'élu. Quel que soit le régime politique, celui-ci ne vaut qu'autant que les dirigeants sont capables de le traduire. Il y a des dictatures molles. Il y a des démocraties énergiques, voire autoritaires.


L'élection présidentielle est bel et bien un pacte de confiance, intuitu personae, entre une personnalité et la nation. Les électeurs votent conjointement pour un individu et pour la ligne politique qu'il incarne. C'est un tout indissociable
. Comment donc imaginer que cette ligne politique puisse être élaborée en dehors de lui, ès qualités  ? Du reste, François Mitterrand en était convaincu, qui se réservait toujours de sélectionner dans le programme du PS ce qui lui paraissait conforme à sa propre vision.


L'élaboration d'un programme haut-le-pied comporte en outre un danger majeur. C'est d'en faire une addition de mesures catégorielles, marquées par le clientélisme, en dehors de toute cohérence économique et de toute responsabilité financière.
Pour un peu que ce programme soit négocié entre partis, l'escalade n'a plus de limites et aboutit à un monstre non viable, comme feu le Programme commun de 1972.
Certes, il est bon que les experts préparent des projets particuliers. Il est bon qu'un parti politique destiné à participer au gouvernement de la France s'interroge sur ses priorités. Mais le candidat - ou la candidate - présenté par le Parti socialiste, s'il était élu, ne serait pas l'élu du Parti socialiste. Il serait l'élu de toute la nation ; c'est envers elle qu'il serait comptable de ses actes.

Au-delà des mesures particulières, le président élu en 2012 devra conjuguer une demande de justice sociale et d'égalité, qui ne cesse de monter, avec l'exigence de rigueur qu'impose le niveau du déficit et de la dette. La France n'est pas totalement à l'abri d'une mésaventure à la grecque, et DSK pourrait même finir par présider aux destinées de la France sans avoir à passer par l'élection présidentielle   : comme président du FMI  !

Il est probable que Nicolas Sarkozy a laissé passer son tour et que, pendant le temps qui lui reste, il ne prendra pas de grande initiative. Il appartiendra donc au nouvel élu - supposons-le de gauche - d'opérer la rupture si souvent promise tout en venant au secours des plus faibles. Il y faudra beaucoup d'énergie mais surtout un énorme capital de confiance de la part d'une majorité aussi large que possible de la nation. Ne dites donc pas que le choix du candidat est secondaire. Chacun, dans son for intérieur, sait bien que c'est le plus important. Il faut, avant que l'élu et la nation se rencontrent et se reconnaissent, une longue période de fiançailles. Dans le mariage d'aujourd'hui, le partage de l'amour est plus important que le contrat devant notaire.

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