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30 août 2010

PS : le jugement majoritaire, meilleur système de primaires

   

L'idée des primaires pour élire les candidats socialistes à la présidence de 2012 est désormais acceptée, mais il faut encore préciser leurs modalités. Les primaires ont un but : rassembler les électeurs d'une même famille autour du meilleur candidat possible pour affronter les candidats d'autres partis politiques.

Manifestement, le mode de scrutin majoritaire à un ou deux tours ne répond pas à cette exigence :

  • Il œuvre à créer des factions -des partisans inconditionnels d'un candidat ou d'une tendance (dans la terminologie socialiste, des « courants »)- difficile à réconcilier après la bataille interne (comme le PS en a fait l'expérience pour la désignation de sa première secrétaire ou encore de sa candidate à l'élection présidentielle).
  • Il ne donne pas aux électeurs la possibilité de pleinement s'exprimer. En effet, la voix d'un électeur, contraint de choisir un seul candidat, est comptabilisée contre les autres, alors que, dans une famille politique, les militants peuvent apprécier et différencier les mérites de plusieurs candidats.
  • Il rend le résultat presque aléatoire, comme l'issue de l'élection présidentielle de 2002 le démontre. La présence de candidats purement « stratégiques », n'ayant aucune chance d'être élus, a déterminé le gagnant.

Si Christine Taubira n'avait pas été en lice, le second tour aurait opposé Jacques Chirac à Lionel Jospin ; et si Charles Pasqua s'était présenté à la place de Jean-Pierre Chevènement, le second tour aurait pu voir Jospin affronter Jean-Marie Le Pen.

Cela démontre que la présence de Le Pen au second tour en 2002 résulte davantage du hasard des candidatures mineures que de la seule volonté des électeurs. Des primaires aussi aléatoires sont tout à fait possibles.

Pour éliminer ces anomalies avec le mode de scrutin habituel, il faut réduire à deux le nombre de candidats, mais cela va à l'encontre de la pluralité et de la liberté d'expression. Alors, quelles modalités appliquer ?

« Ce candidat serait excellent, très bien, bien, assez bien… »

Depuis la Révolution française, Condorcet, Borda et d'autres cherchent un mode de scrutin équitable et efficace, capable d'élire le candidat réellement voulu par l'électorat. Le jugement majoritaire, inventé récemment en France, demande à chaque électeur d'évaluer tous les candidats au lieu d'en choisir un seul, comme cela se pratique traditionnellement. Dans le cadre des primaires, le militant répond à la question :

« Pour être le candidat à la présidence de la République de mon parti, ayant pris tous les éléments en compte, je juge en conscience que ce candidat serait… »

En évaluant chaque candidat dans un langage commun de mentions :

« Excellent, très bien, bien, assez bien, acceptable, insuffisant. »

Exemple d'un bulletin de vote de jugement majoritaire pour les primaires socialistes.

Au dépouillement, chaque candidat recevra un certain pourcentage pour chaque mention. L'ensemble des mentions d'un candidat mesure l'opinion collective avec précision. Sa « mention majoritaire » est la mention la plus élevée approuvée par une majorité des électeurs. Le gagnant sera celui ayant la meilleure mention majoritaire.

Pourquoi le jugement majoritaire est-il particulièrement adapté aux primaires ?

  • Tout électeur donne son opinion sur tous les candidats : il n'est plus question d'en choisir un et d'éliminer les autres. L'électeur n'est plus tenté de voter « utile » au détriment de ses convictions (souvent influencées par des sondages).
  • Un vainqueur peut être élu avec la mention majoritaire « très bien », mais des concurrents peuvent le talonner avec une mention majoritaire de « très bien » ou de « bien ». Il n'y a donc plus ou peu de candidats de tendance ou de courants rejetés : le gagnant sera le meilleur parmi plusieurs candidats bien jugés.
  • Il n'est plus possible pour des candidats mineurs ou des stratégiques de fausser le résultat final : les pourcentages des mentions obtenus par un candidat ne dépendent pas de la présence ou de l'absence d'un autre candidat. La pluralité est assurée sans risque de faire perdre son camp.
  • Un tour suffit, les déchirements de deux sont évités.
  • Si l'électeur souhaite qu'un candidat ait la mention majoritaire, disons, « très bien », sa stratégie de vote optimale est de lui octroyer la mention « très bien ».
  • Finalement, utiliser une nouvelle méthode d'élection vraiment démocratique où l'électeur peut s'exprimer pleinement ne peut que susciter enthousiasme et participation.

Le jugement majoritaire a été testé avec succès à plusieurs occasions, notamment, dans trois bureaux de vote d'Orsay au premier tour de l'élection présidentielle française de 2007, et dans des expériences conduites sur le Web en octobre 2008 concernant l'élection présidentielle américaine.

France : l'exemple des primaires de 2007

Rue 89

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Commentaires
V
si le compte des voix pour ou contre, oui ou non est facile, avec ce système comment faire ?
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