Ségolène Royal redevient plus audible
Mustapha TOSSA dans ATLASINFO
Il faut reconnaître à Ségolène Royal un sens opportun de la renaissance. Elle avait toujours promis qu’elle avait le tempérament et la tendance à pouvoir cheminer en dehors des appareils.
Il y a un fait politique français majeur que nul ne peut ignorer :
Ségolène Royal, l’ex-candidate socialiste à la présidentielle, tombée
il y a quelques mois dans l’oubli médiatique à cause de nombreuses
maladresses qu’elle avait commises avec une irrésistible régularité et
d’une conquête sans succès de l’appareil socialiste, est revenue jouer
les premiers rôles. Sa silhouette, de plus en plus stylée, devient de
plus en plus visible, son débit de parole, nasillard par moments,
reconnaissable entre mille de plus en plus audible.
La faute ? Sans aucun doute à cette grande crise sociale que
traverse la France depuis que Nicolas Sarkozy a inscrit en lettres de
fer sa volonté de réformer le système des retraites et les lourdes
résistances qu’il a réveillées. Ségolène Royal semble profiter de cette
crise pour faire entendre une petite musique originale différente de
l’expression retenue par l’appareil et contrainte par des promesses
d’alternance que s’est imposée la hiérarchie socialiste. Il faut
reconnaître à Ségolène Royal un sens opportun de la renaissance. Elle
avait toujours promis qu’elle avait le tempérament et la tendance à
pouvoir cheminer en dehors des appareils. Cette crise sociale lui offre
l’opportunité d’en donner la démonstration. N’est-ce pas elle qui a
provoqué le grand tournant de cette crise en lançant une invitation aux
jeunes à rejoindre pacifiquement le cortège des manifestants. C’est elle
aussi qui formule les critiques les plus acidulées contre Nicolas
Sarkozy et François Fillon en leur proposant d’organiser un référendum
sur les retraites si les deux estiment que cette réforme est vitale pour
sauver le système français.
A l’exception de l’ex-socialiste devenu front de gauche, Jean-Luc
Mélenchon, Ségolène Royal est l’une des rares personnalités socialistes à
être en phase avec le chant des manifestants. Nicolas Sarkozy et son
entourage pointent leur irresponsabilité en l’accusant de jeter l’huile
sur le feu là où la gravité de la situation dictait de la retenue et de
la sagesse. Ségolène Royal revient de très loin. En temps normal, son
enterrement se faisait à l’étouffée. Elle était sur le chemin de n’être
qu’un mauvais souvenir socialiste, un accident de parcours dû à une
forme d’usurpation politique. Son principal challenger Martine Aubry
avait réussi un double pari là où tout le monde s’attendait à ce qu’elle
trébuche gauchement: Pacifier sans grands dégâts la direction du Parti
socialiste et signer sans grandes concessions un accord tacite avec le
pape des sondages Dominique Strauss-Kahn. Dans cette configuration,
Ségolène Royal n’avait que sa rancune et sa frustration à ruminer. Et
même si récemment elle avait entonné l’air de l’union et du soutien à
l’équipe capable de gagner face à Nicolas Sarkozy,
Ségolène Royal n’avait jamais abandonné son désir de faire
cavalier seul, entraînant derrière elle le parti plutôt que de
s’acclimater à ses desiderata. La voir défiler aux côtés de Martine
Aubry devant le gotha socialiste, hier mardi, en dit long sur le chemin
parcouru par Ségolène Royal. Avec à la prime ce constat : la crise
sociale oblige Nicolas Sarkozy à revoir ses choix en termes de
remaniement et de stratégie, elle oblige aussi les socialistes à revoir
l’architecture interne de leurs ambitions. Et la question qui doit
hanter en silence la Rue de Solferino : les accords passés avant le
déclenchement de cette crise pour d’éventuelles primaires factices
seront-ils toujours valables après le passage de l’ouragan social.
Ségolène Royal répondra certainement par la négative.
(ALM)
Vendredi 22 Octobre 2010 par Mustapha Tossa
Mon commentaire: Pas inintéressante, cette analyse... Une autre analyse sur Ségolène Royal, le PS , et l'électorat de gauche , certes moins précise, et hypothétique, théorique