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29 octobre 2010

Le préfet a galvanisé la manifestation

Les manifestants étaient moins de 10 000 dans les rues d'Angoulême hier. Le coeur n'y était guère, jusqu'à ce que le préfet fasse enlever des affichettes. Le défilé est reparti en sens inverse.

Les manifestants ont apprécié la petite mise en scène devant la préfecture avec du Bach en fond sonore, allusion à l\'accrochage avec Frédéric Ledroit. Photo Majid Bouzzit

Les manifestants ont apprécié la petite mise en scène devant la préfecture avec du Bach en fond sonore, allusion à l'accrochage avec Frédéric Ledroit. Photo Majid Bouzzit

Ils peuvent dire merci au préfet de la Charente. Ils avaient commencé à se dire «au revoir», «à samedi», quand la nouvelle a galvanisé les manifestants jusque-là un peu endormis. «Le préfet a fait enlever nos banderoles. On fait demi-tour. Tout le monde à la préfecture!»

La septième manif à Angoulême avait commencé sous un ciel gris, aussi plombé que le moral des participants: 15 000 selon les syndicats, 4 000 selon la police. Au lendemain de l'adoption définitive de la réforme des retraites à l'Assemblée nationale, en plein milieu des vacances, avec une petite pluie fine pour doucher l'enthousiasme, on sentait que le mouvement marquait le pas. Il y avait probablement à peine une petite dizaine de milliers de manifestants dans les rues.

Comme si le coeur n'y était plus

L'intersyndicale gardait le sourire, mais un sourire un rien forcé. «En pleines vacances, ça reste une mobilisation exceptionnelle.» Dans le cortège, Annie, 71 ans, lâche: «Si on n'y croyait pas, on ne serait pas là.» Mais on ne croit pas au père Noël. «Ce qu'on veut, ce sont des aménagements de la loi.»

Les jeunes ne sont que quelques dizaines - 60 a précisément compté la police. La sono chante: «J'ai la rate qui se dilate, j'ai le foie qu'est pas droit.» À l'image des manifestants, qui n'ont pas l'air très bien portants. Le «tous ensemble, tous ensemble», franchit à peine les premiers rangs, comme si le coeur n'y était plus.

Devant la préfecture, une petite surprise requinque les marcheurs: une sono réglée à fond diffuse du Bach. Une grande banderole explique: «Pas de requiem pour nos retraites». Une guirlande de petites affichettes intrigue le cortège: une photo de Jacques Millon, le préfet, sous laquelle est relaté son accrochage avec l'organiste de la cathédrale, Frédéric Ledroit, auquel il reprochait de jouer trop fort pendant la messe. Anecdote qui a eu les honneurs du Canard Enchaîné.

Les troupes se marrent et redescendent tranquillement vers la gare. Et, pile au moment où la tête de manif arrive à destination, la nouvelle se répand comme une traînée de poudre: «Le préfet a fait enlever les banderoles!»

Les leaders de l'intersyndicale retrouvent illico un vrai sourire. «M. Millon n'a pas dû apprécier l'interprétation de Bach», plaisante Evelyne Videau, la secrétaire départementale de la CGT.  Le cortège remonte vers le plateau. Arrivés sous les grilles de la préfecture, on se moque: «La musique est loin d'adoucir les moeurs du préfet», lâche un haut-parleur avant de laisser place, une nouvelle fois, à Bach. Avec le son à fond.

Les délégués syndicaux sont reçus quelques minutes. Et ressortent hilares. «Il paraît que c'est un malentendu. La musique, il a trouvé ça drôle. Mais il estime que son image n'avait pas à être diffusée de cette façon. Et il nous a dit qu'il n'avait jamais demandé à ce que la banderole soit retirée.»

En redescendant, le cortège est tout requinqué. Les leaders boivent du petit-lait. «C'est la première fois qu'on voit un préfet faire revenir une manif. Pour peu que Le Canard Enchaîné s'en mêle... Il va bientôt falloir faire une pétition pour le soutenir.»

     

Dans : CHARENTE LIBRE

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