Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Vu au MACROSCOPE
Visiteurs
Depuis la création 1 378 973
Newsletter
3 novembre 2010

"Si j'étais président". Un projet d'avenir, une vision politique cohérente, hardie .

Au cas où Ségolène Royal ne se porterait pas candidate aux prochaines présidentielles, Jean Louis bianco, indéfectible soutien de Ségolène, socialiste sincère, progressiste, et particulièrement lucide, lucide, se tient prêt!.... Il met cartes sur table, et fait la synthèse des pistes



bianco_si_GT_president




Le programme présidentiel de Jean-Louis Bianco
                         

31 oct. 2010                                       

Député des Alpes de Haute-Provence depuis 1997, président du Conseil général des Alpes de Haute-Provence depuis 1998, ancien Secrétaire général de la Présidence de la République de 1982 à 1998 sous Mitterrand, Ministre des Affaires sociales et de l’Intégration (1991-92) puis de l’Equipement, des Transports et du Logement (1992-93), Jean-Louis Bianco prend très au sérieux la présidentielle de 2012.
Sa fidélité est bien connue, à Mitterrand d’abord, auprès duquel il fut le plus jeune secrétaire général de l’histoire politique française, alors même qu’il n’avait pas au début la carte du PS, et auprès de Ségolène Royal ensuite, dont il fut le co-directeur de campagne en 2007.

Mettant cartes sur table, il vient de publier en septembre 2010 un livre d’entretiens avec Sylvie Turillon, dont le titre est parfaitement évocateur : Si j’étais président. A la Fondation Jean Jaurès, il en a fourni une sorte de synthèse intitulée « 2012. La démocratie jusqu’au bout » (octobre 2010).
Les deux publications de cet automne 2010 sont à interpréter comme la volonté d’apporter sa pierre au projet socialiste et de se tenir prêt, pour le cas où Ségolène Royal ne se porterait pas candidate à la présidentielle de 2012.

L’homme politique Jean-Louis Bianco est toujours clair, sincère, respectueux de ses concurrents et particulièrement lucide. Ses compétences sont multiples. Il sait qu’il manque toujours au PS en cette fin 2010 un « projet novateur et crédible » et il entend esquisser une « vision d’avenir », un projet politique au sens fort du terme. [Lire la suite] [Télécharger]


 Le cadre de référence proposé


Pour Jean-Louis Bianco, il s’agit de réaliser « un effort d’imagination radical », ce qui suppose de conserver du socialisme démocratique le meilleur du passé, tout en évitant « de déverser des robinets d’eau tiède ou de resservir les recettes du passé ». Il faut donc entreprendre ce que Morin nomme une « métamorphose » et ce que lui ne craint pas de nommer une « révolution », par un projet fort, nouveau, en rupture sur certains points et adapté au 21ème siècle qui s’est ouvert.

Cette vision d’avenir nous est présentée en distinguant les trois dimensions du projet national, de la stratégie de mise en œuvre (ce qu’il appelle la démocratie jusqu’au bout), de l’aire d’extension ou envergure de projet (ce sont les niveaux européen et mondial).

Les fondements du projet national

Rompant avec les habitudes du programme-catalogue, qui ont régné de Mitterrand à Sarkozy et dans lesquelles s’impose la liste interminable de promesses que l’on prétendra avoir réalisées toutes, Jean-Louis Bianco préfère la vison d’avenir qui fixe les priorités et ne s’interdit pas de les illustrer par des propositions concrètes.

Sans se prendre pour Cassandre, il ne cache pas que la tâche exigera en 2012 « du sang et des larmes ». L’essentiel à ses yeux est que le politique retrouve le premier rôle, celui d’éclairer et de dessiner les pistes de l’avenir.

Ces priorités sont alors de

  • donner à l’individu sa place, toute sa place et rien que sa place, ce qu’il nomme la « révolution méthodique »;
  • de retrouver la morale, ce que l’on peut nommer une « révolution éthique et comportementale » chez les gouvernants ;
  • de lutter contre les inégalités à la base ;
  • d’engager la révolution du développement.
La question de l’individu

La gauche s’est longtemps méfiée de l’individualisme. Mais Jean-Louis Bianco a parfaitement compris le développement de l’individualisme au cours du 20ème siècle. Cela ne le porte cependant pas à croire que le collectif serait mort. A ses yeux, l’engagement existe encore (sur le tiers-monde, sur l’environnement) et les valeurs de solidarité restent vivaces.

Pour concilier les deux dimensions de l’individuel et du collectif, il propose d’entreprendre une « révolution méthodique ».

Il faut pour lui que le discours politique s’adresse toujours à des personnes, à des individus qui ont des besoins, des désirs, et que les lois sociales privilégient le sur mesure tout en respectant le principe d’égalité.

Savoir écouter l’individu et tenter de répondre à ses besoins légitimes, c’est ne plus s’abriter dans les administrations derrière les lois, les formules de guichet. C’est imposer un interlocuteur unique pour répondre aux chômeurs, aux créateurs d’entreprise, aux personnes âgées et handicapées. C’est favoriser l’autonomie des agents sur le terrain. C’est pratiquer le dialogue, l’explication, la concertation. Priorité sur l’humain et la relation !

La question de l’éthique

Dénonçant tout ce que le sarkozysme a développé ou laissé se développer - bouclier fiscal, super-rémunérations, privilèges, mensonges - Jean-Louis Bianco en appelle à une révolution comportementale dans l’exercice du pouvoir. Priorité à la morale politique !

La question des inégalités

Constatant l’aggravation des inégalités et des injustices, Jean-Louis Bianco propose de lutter sur tous les fronts : disparités de revenus, inégalités devant la santé, inégalités des chances dans l’éducation et l’emploi. Pour l’école, il avance 5 mesures :

  • améliorer les modes de garde (crèches, haltes-garderies) ;
  • préserver la qualité de l’école maternelle ;
  • organiser un soutien scolaire généralisé et gratuit ;
  • mettre en œuvre des pédagogies différenciées adaptées ;
  • créer des « écoles des parents » au primaire et au collège.

Les jeunes débutant dans la vie active bénéficieraient d’un capital de départ avec allocation d’autonomie sous condition de ressources.

La fiscalité du capital devra être égale à celle du travail et les écarts de revenus seraient plafonnés de 1 à 20

Enfin, il conviendrait d’agir pour réduire les inégalités entre générations au niveau des plus délaissés, les 40-60 ans et les plus de 65 ans.

Les questions du développement

Le développement durable se décline sur les trois piliers de l’économique, de l’écologique et du social..

Sur le plan de l’économie, il est impératif de redresser la compétitivité de la France. Le problème majeur se situe dans la perte de nos parts de marché dans les pays de l’Union européenne et de l’OCDE. La cause en est dans notre manque de grosses PME capables d’être leaders à l’exportation : insuffisance dans la recherche, mauvaise articulation entre recherche publique / recherche privée / innovation. De plus, le système bancaire est trop frileux pour soutenir les PME. Et il y a trop de bureaucratie.

Sur le plan de l’écologie, alors que l’on continue à focaliser sur la croissance verte, Jean-Louis Bianco craint qu’on ne se fasse trop d’illusions en pariant sur les emplois verts. Il nous faut changer totalement de modèle en révolutionnant nos comportements, dans la production, la consommation et le déplacement (développer la voiture électrique et les transports collectifs).

Il faut alors imposer l’éco-conception (chercher la solution la plus économe en énergie), intégrer d’emblée le coût et la méthode de recyclage ou déconstruction, transformer les déchets en matière première. Une économie de la fonctionnalité veut des produits durables et la promotion des services plus que des produits. Enfin, développer des énergies durables, c’est prévoir les tarifs de rachat de l’électricité solaire et organiser une filière industrielle européenne.

Sur le plan social, Jean-Louis Bianco insiste sur la transformation profonde du système éducatif, en tenant compte des origines sociales et du niveau culturel des familles. Pour cela, il énonce bon nombre de mesures :

  • combattre les inégalités d’origine le plus tôt possible, dès la crèche, la maternelle et le primaire ;
  • réduire les programmes scolaires et donner plus de place aux sports et aux arts ;
  • mieux équilibrer le temps scolaire sur la semaine et l’année ;
  • mieux rémunérer les enseignants et leur donner des locaux permettant de recevoir les parents, de réfléchir en équipe ;
  • donner plus d’autonomie aux établissements ;
  • développer l’école des parents ;
  • mieux informer pour mieux orienter ;
  • supprimer les redoublements ;
  • rapprocher le primaire du collège ;
  • généraliser partout le contrôle continu.

 


La dimension de la stratégie

Traditionnellement, la stratégie se résume à la question des alliances. Pour sa part, Jean-Louis Bianco la situe ailleurs, dans ce qu’on pourrait nommer les préconditions.

Cela consiste à aller chercher les voix de ceux qui composent le « premier parti de France », ce parti des abstentionnistes (jeunes, gens des cités, ouvriers, employés, chômeurs).

Pour y parvenir, cela passe fondamentalement par l’action de motivation de tous ces citoyens, par leur implication grâce à « la démocratie jusqu’au bout ».

La démocratie participative

Reprenant les propositions de Ségolène Royal, Jean-Louis Bianco ne craint pas d’affirmer que « sans la démocratie participative, il n’existe pas de politique moderne ».

Pour qu’elle puisse se développer, il faut des dispositifs participatifs : jurys citoyens, conférences de consensus, budgets participatifs. Ces dispositifs sont à déployer au plan local (aménagement de route et quartier, implantation d’équipement) comme au plan national, sur les grands débats de société (OGM, téléphonie mobile, nanotechnologies, bioéthique).

Si cette démocratie participative est difficile, c’est parce qu’il lui faut des règles d’or :

  • règle 1 : poser clairement la question et ne pas prendre la décision d’avance ;
  • règle 2 : ménager une phase d’information et de formation suffisante, sous la responsabilité d’un médiateur indépendant ;
  • règle 3 : le décideur doit expliquer dans quelle mesure il a tenu compte de la consultation et il doit justifier les choix retenus.

De plus, l’évaluation est importante, sous l’autorité du Parlement qui établit la synthèse.

La démocratie sociale

Elle doit proposer l’expression des citoyens, tout spécialement dans l’entreprise.

Il faut alors réactiver les lois Auroux de 1982 sur l’expression des salariés, car l’économie des services va imposer à la base cette expression des salariés sur l’organisation de leur travail.

Il faut ensuite généraliser les conseils de surveillance avec participation de 30% des représentants élus des travailleurs, ainsi que la présence de l’Etat dans les conseils d’administration des entreprises et des banques qu’il soutient, dont il est actionnaire.

Il faut encore s’appuyer sur la responsabilité sociale et environnementale des entreprises.

Il faut enfin renforcer le rôle des syndicats pour aller vers la pratique d’un vrai syndicalisme de négociation.

Tout cela réclame un nouveau modèle d’entreprise et de nouveaux dirigeants des grandes entreprises.

La démocratie parlementaire

Elle est à rénover entièrement. Actuellement, le Parlement fait beaucoup trop de lois, jamais évaluées. Jean-Louis Bianco demande leur division par dix !

Le Parlement ne maîtrise pas assez son ordre du jour, n’évalue pas assez les politiques publiques.

Il conviendrait de rattacher la Cour des comptes au Parlement et faire du vote en commission la règle.

La décentralisation

La démocratie supposant la proximité pour bien fonctionner, et refusant la réforme de Sarkozy sur le conseiller territorial, Jean-Louis Bianco veut donner aux régions pleine compétence pour l’économie, l’emploi, la formation professionnelle.

La démocratie médiatique

Il serait indispensable de trouver de nouvelles formes de régulation d’Internet, d’en revenir à une presse libre et indépendante avec des journalistes pouvant contrôler le fonctionnement de leur journal. Par ailleurs, l’éducation aux médias serait indispensable à l’école.

 


L’envergure du projet

Bâtir un projet pour la France n’a de sens que si on le pense dans sa relation à l’Europe et dans son prolongement mondial.

La dimension européenne

Sur ce point, Jean-Louis Bianco énonce ses priorités :

  • sauver l’euro en fortifiant la solidarité franco-allemande, en modifiant les statuts de la Banque centrale européenne qui ne pratique pas de trésorerie pour les pays membres ;
  • créer un Fonds monétaire européen qui gèrerait la dette des pays membres ;
  • créer une agence de notation européenne indépendante ;
  • mettre en place un gouvernement économique de l’Europe ;
  • établir un budget européen avec fiscalité européenne ;
  • donner à la BCE un objectif de croissance et d’emploi ;
  • établir une coopération permanente entre Etats-Unis et Union européenne ;
  • négocier en permanence avec Chine et Japon.
La dimension mondiale

Les fléaux actuels se nomment le terrorisme, la prolifération nucléaire, la faim, la misère, la guerre de l’eau, le travail au noir (la moitié de la population mondiale).

Il n’y a pas d’autre choix pour un socialiste que de renforcer le capital humain et prioritairement de renforcer l’autosuffisance alimentaire.

Jean-Louis Bianco se méfie de l’édification d’un nouveau système de gouvernance mondiale et préfère plus modestement créer la taxe « Robin des bois » sur les transports financiers internationaux.

La lutte contre les paradis fiscaux est encore une illusion, même si elle est indispensable.

Aux portes de l’Europe, il faut un système d’écluses fiscales pour imposer le respect de normes sociales et environnementales.

Un ensemble réaliste

Cet ensemble de propositions se veut réaliste, faisable à moyen terme et cohérent. La dimension concrète de bon nombre d’entre elles est patente, leur hardiesse aussi.

L’ensemble frappe par l’insistance mise sur la démocratie et sur l’éducation au plan national, et par la nécessité proclamée de changement de l’Europe, de façon à la déshabiller de ses oripeaux libéraux.

Avant que de brandir de grandes constructions, Jean-Louis Bianco se soucie de conduire à un changement immédiat, à portée de mains en quelque sorte.

Les orientations d’une Ségolène Royal s’y retrouvent dans le modèle de développement proposé où l’écologie est à la bonne place et la démocratie participative posée comme base de l’édifice démocratique.

N Noël

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
Vu au MACROSCOPE
Derniers commentaires
Archives
Publicité