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2 mai 2011

Immigration : Ségolène Royal trouve le PS et la gauche "mal à l'aise"

LEMONDE.FR | 02.05.11 | 13h59  •  Mis à jour le 02.05.11 | 15h00

 

 

Ségolène Royal arrive au siège du Parti socialiste à Paris, le 11 janvier.

Ségolène Royal arrive au siège du Parti socialiste à Paris, le 11 janvier.AFP/FRED DUFOUR

Ce n'est pas une rupture totale mais une petite musique différente : Ségolène Royal tient un discours plus ferme que celui du PS sur l'immigration. Interrogée sur France 5, dimanche 2 mai, sur la nécessité d'accueillir les migrants tunisiens en France, la candidate à la primaire socialiste répond : "Je ne le pense pas. Parce que c'est de l'immigration clandestine." Tout en se défendant de tenir "le même discours que la droite", elle affirme : "Le PS et la gauche sont souvent mal à l'aise avec un certain nombre de sujets." Elle dit à propos de l'immigration que "cette question doit impérativement être clarifiée et que le travail reste à faire". Et ajoute : "J'ai l'intention de le faire."

 

Ségolène Royal voudrait-elle donc, comme la droite, faire expulser les migrants tunisiens ? Interrogée sur ce point, la présidente de Poitou-Charentes s'en défend mais argumente : "Leur entrée sur le territoire français n'est pas légale. Le principe que l'Etat français doit affirmer, c'est qu'il n'a pas à accepter d'immigration illégale. Ils sont maintenant sur le territoire français et donc la solution ferme mais humaine de régler ce problème, c'est de les raccompagner dans la réinsertion dans ce pays."

Ségolène Royal tente de se montrer ferme, développant l'argument de la pression qu'exercerait la présence d'immigrés illégaux sur les salaires, tout en se défendant de tenir un discours de droite : "Pour les travailleurs populaires, pour les catégories populaires, j'ai un discours très clair : l'immigration clandestine, même si on aurait envie de faire plaisir à tout le monde et d'accueillir tout le monde, n'est pas possible parce que cela pèserait encore sur les conditions de travail et de vie des gens déjà les plus défavorisés de notre société."

"En revanche, contrairement à ce que ne fait pas la droite, on devrait avoir, y compris d'entreprise à entreprise – que fait le Medef, que font les organisations professionnelles, dans le bâtiment, dans la restauration ? – des actions de coopération intelligente et rapide", précise Ségolène Royal. Elle cite l'exemple de l'aide que pourraient apporter la France et l'Europe à une campagne pour favoriser la relance en Tunisie du tourisme, un des secteurs dans lesquels ce pays, comme l'Egypte, "a besoin de sa force de travail et de la compétence des jeunes", poursuit-elle.

DES DÉSACCORDS SUR SCHENGEN

Sur le fond, ce que propose Ségolène Royal est-il très différent de ce que prône le PS ? Dans "C Politique", elle maintient l'idée de régularisation "au cas par cas", défendu en 2007. Aujourd'hui, le PS propose comme critères "la durée de présence sur le territoire, le fait d'avoir un travail, la scolarisation des enfants et un casier judiciaire vierge". Ségolène Royal s'était déjà démarquée, mardi sur France Inter, en estimant envisageable le rétablissement temporaire de contrôles aux frontières, sur la base de l'article 2 des accords de Schengen. Au même moment, le message général au PS était plutôt de fustiger la "suspension" de l'accord sur la libre circulation en Europe, proposée par Nicolas Sarkozy. Motif : la supposée vague d'immigration consécutive aux révolutions arabes ne serait que très limitée.

A propos des migrants tunisiens, la secrétaire nationale à l'immigration au sein du Parti socialiste, Sandrine Mazetier, envisageait même d'améliorer leur accueil : "Il existe une directive européenne de protection temporaire, qui a été créée pendant la guerre des Balkans, et qui prévoit, dans des circonstances exceptionnelles, un accueil solidaire au sein de l'UE de populations fuyant des troubles. Cet accueil est alors mutualisé, et temporaire. On examine ensuite les situations des personnes et on organise leur retour si possible. Nous proposons simplement d'appliquer cette directive."

Sur Schengen, Benoît Hamon, porte-parole, avait nié des divergences entre le parti PS et Ségolène Royal, lors de son point presse hebdomadaire, selon L'Express.fr. Sans s'opposer frontalement au parti, Ségolène Royal semble pourtant clairement tenter de créer un nouveau clivage autour de ses positions, comme elle l'avait fait dans le passé. C'est d'ailleurs elle-même qui raconte ces épisodes à son avantage, dans "C Politique" : "La gauche et le PS étaient mal à l'aise avec la question de l'autorité, mal à l'aise avec la question de la nation. Je me souviens de la première fois où j'ai parlé de nation, je me suis fait dire que j'étais pétainiste." Elle cite également le cas de la "valeur travail".

"Aujourd'hui, le temps fait son chemin puisque ces valeurs se retrouvent dans le projet du parti", se félicite Ségolène Royal. Distancée dans les sondages, la présidente de Poitou-Charentes peut-elle compter sur son discours sur l'immigration pour contribuer à refaire son retard ? La réponse tient en partie à l'attitude des autres socialistes, qui n'ont pour l'instant pas réagi.

Alexandre Piquard

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